Inventaire d'archives : Agriculture ; Institut national de la recherche agronomique (INRA) (1966-1994)

Contenu :

Présentation du versement
Ce versement 20060193 regroupe les archives de Jean-Pierre Bourgin, produites durant les années 1966 à 1994, dans le cadre de sa formation de chercheur, puis de son activité de directeur du laboratoire de biologie cellulaire, au centre de l'INRA de Versailles.
Le fonds représente, après reconditionnement, 17 cartons de type dimab.
Notice biographique
Cette notice biographique est essentiellement inspirée de l'article que Yves Chupeau a consacré à la carrière de Jean-Pierre Bourgin dans le numéro 91 de (janv.-fev. 1997, pp. 45-46), complété ponctuellement par des informations contenues dans le dossier de candidature au concours de chargé de recherche présenté par Jean-Pierre Bourgin en 1972 (article n°1 du versement). Inra mensuel
Jean-Pierre Bourgin est né le 2 août 1944 à Carcassonne. Après avoir passé un baccalauréat littéraire (série A' en 1960), puis deux baccalauréats scientifiques (série Sciences Expérimentales en 1961 et Mathématiques Elémentaires en 1962), il est admis à l'Institut national agronomique en 1964. En troisième année, Jean-Paul Nitsch y enseigne alors la physiologie végétale. Sous l'influence de ce dernier, Jean-Pierre Bourgin se spécialise dans cette matière et pour son stage de diplôme d'études approfondies de physiologie végétale appliquée en 1966, Jean-Paul Nitsch l'accueille à Gif-sur-Yvette, au sein du laboratoire de physiologie pluricellulaire qu'il dirige au CNRS .
Le curriculum vitae de Jean-Pierre Bourgin, contenu dans son dossier de candidature au concours de chargé de recherche de 1972, apporte certaines précisions à propos de ce stage : il dura de septembre 1966 à septembre 1967 et aurait également été effectué à la Station centrale de physiologie végétale de l'INRA (sous la direction de MM. Coïc et Morel). Par ailleurs, durant cette même période, le document mentionne encore le fait que Jean-Pierre Bourgin aurait été agent contractuel scientifique à l'INRA. Quoi qu'il en soit, des deux laboratoires, Jean-Pierre Bourgin était bien rattaché à celui de M. Nitsch dans le cadre de son DEA, comme il l'indique dans son dossier de candidature au concours, en introduction à la présentation de ses travaux scientifiques.
Jean-Paul Nitsch, qui travaille sur les possibilités de régénération des plantes, lui propose un sujet de recherche portant sur l'embryogenèse somatique et il apprend dès lors à obtenir par ce processus des embryons de carotte dans des tissus cultivés. Il se livre ensuite à des travaux constituant une avancée en biologie végétale, qui lui confèreront une reconnaissance scientifique internationale : il obtient, pour la première fois, des plantes haploïdes de tabac en cultivant des anthères in vitro .
Voir, à ce propos, un article qu'il publie en 1967 et qui fut par la suite un des articles les plus cités en biologie végétale pendant 25 ans : Bourgin JP et Nitsch JP, 1967. Obtention de Nicotiana haploïdes à partir d'étamines cultivées Nicotiana . Ann. Physio. Veg. 9 : 377-382. Un tiré à part de cet article se trouve dans le fonds (art. 16). in vitro (Production of haploidfrom excised stamen)
Plusieurs laboratoires à travers le monde utiliseront la méthode ainsi mise au point et l'approche de Jean-Pierre Bourgin sera largement exploitée afin de produire, chez de nombreuses espèces végétales, des plantes haploïdes, particulièrement utiles dans certains programmes d'amélioration des plantes.
En juillet 1967, Jean-Pierre Bourgin participe au colloque national du CNRS sur les cultures de tissus de plantes. Il obtient son diplôme d'études approfondies de physiologie végétale appliquée en novembre de la même année alors qu'il vient d'être recruté, un mois plus tôt, en tant qu'assistant de recherches, à la station centrale de physiologie végétale de l'INRA de Versailles, dans le service de biochimie cellulaire et végétale dirigé par Georges Morel.
Ce laboratoire, que Georges Morel avait créé dans les années 50, était à l'origine de développements majeurs tels que la culture de méristèmes et ses applications, ainsi que de travaux décisifs sur les relations / tumeurs végétales. Ainsi, dès son entrée dans le laboratoire, Jean-Pierre Bourgin participe à l'élaboration de culture de méristèmes d'asperges. Agrobacterium
Puis à son retour de service militaire, effectué de septembre 1969 à décembre 1970 en coopération à Alger, il travaille à partir de protoplastes-des cellules végétales libérées de leur paroi et définit les conditions nécessaires à la sélection, in vitro, de mutants biochimiques. Cette démarche, qui a contribué, comme ses travaux sur les plantes haploïdes de tabac, à la reconnaissance scientifique de Jean-Pierre Bourgin, est un des tout premiers exemples de transposition des concepts de la génétique microbienne à un eucaryote supérieur. Elle a été reprise et étendue à d'autres projets, tels que la sélection de mutants en nitrate réductase , et était encore largement employée à la fin des années 1990.
Le nitrate réductase est une substance enzymatique essentielle à la production végétale. Dans sa documentation de travail, Jean-Pierre Bourgin avait classé un certain nombre de tirés à part sous cette rubrique de « nitrate réductase » (voir l'annexe du répertoire).
Par ailleurs, ces travaux de Jean-Pierre Bourgin sur les protoplastes sont une fois encore à replacer dans le contexte des recherches entreprises dans le laboratoire de Georges Morel qui, peu avant sa disparition, avait justement initié la constitution d'une équipe de biologie cellulaire en charge de la mise au point de la culture de protoplastes. Son décès, en 1973, va déstabiliser le laboratoire.
Trois ans plus tard, en 1976, la direction de l'INRA propose à Jean-Pierre Bourgin d'assurer la direction de l'unité, rebaptisée laboratoire de biologie cellulaire, dont il assumait de fait la charge depuis 1973. Il occupera cette fonction jusqu'à sa mort en octobre 1994.
Durant cette période des années 1976 à 1994, que le fonds décrit dans le présent répertoire couvre globalement, et déborde même exceptionnellement, Jean-Pierre Bourgin va faire de l'unité un pôle mondialement reconnu dans le domaine de la génétique cellulaire et moléculaire végétale.
Tandis qu'Yves Chupeau, présent dès le départ aux côtés de Jean-Pierre Bourgin, dans l'équipe « protoplastes » initiée par Georges Morel, devient dès 1982 directeur-adjoint du laboratoire, de nombreux scientifiques d'horizons et de formations diverses (Michel Caboche, Georges Pelletier, Francine Casse Delbart, Alain Deshayes, Pierre Rouze puis Michel Laloue, Marc Julien...) vont demander leur rattachement à l'unité. On retrouve d'ailleurs leurs noms à plusieurs reprises dans le fonds, notamment dans les notes de service de Jean-Pierre Bourgin et dans ses comptes rendus de réunions du bureau scientifique du laboratoire.
Le laboratoire, exploitant les compétences de chacun et les complémentarités entre génétique cellulaire et biologie moléculaire, va se consacrer à l'étude de problèmes fondamentaux ou agronomiques. Sous la direction de Jean-Pierre Bourgin, il est à l'origine d'avancées scientifiques dans différents domaines, tels que la culture de protoplastes d'espèces d'intérêt agronomique (colza, tournesol, endive, laitue...), la production de stérilité mâle cytoplasmique chez le colza par hybridation somatique, la mise au point de méthodes de transgénèse, la découverte et l'exploitation d'un rétrotransposon, l'analyse des mécanismes d'assimilation du nitrate, du mode d'action des phytohormones, des interactions plantes-pathogènes, les recherches sur le génome d' et les recherches en biotechnologie végétale. Arabidopsis Thaliana
A la fin des années 80, le laboratoire comptera plus d'une centaine de personnes, parmi lesquelles une quarantaine de chercheurs de l'INRA ou du CNRS, ainsi qu'une quarantaine d'étudiants chercheurs.
Cependant, tandis que le laboratoire se développe, Jean-Pierre Bourgin se livre, parallèlement à sa mission de directeur de l'unité, à d'autres types d'activités. Il obtient, entre autres, le doctorat d'Etat ès sciences naturelles après avoir soutenu sa thèse en février 1982 à l'université Pierre et Marie Curie (Paris VI). Il participe également à de nombreux congrès et part parfois en mission à l'extérieur du laboratoire. Il exerce encore ponctuellement des activités d'enseignement, encadre des stagiaires et participe à des jurys dans le cadre de soutenances de thèses ou d'octroi de bourses .
Il serait trop long d'énumérer dans la présente introduction toutes les activités de Jean-Pierre Bourgin durant sa carrière, parallèlement à son activité de Directeur du laboratoire de Biologie Moléculaire. On trouvera en annexes son curriculum vitae jusqu'en 1982, présenté dans son dossier de candidature au concours de maître de recherche.
Enfin, en hommage aux actions menées par Jean-Pierre Bourgin dans le laboratoire de biologie cellulaire, un institut à son nom a été créé au sein de l'INRA, regroupant l'unité qu'il dirigeait et qui existe toujours, avec trois autres services de l'INRA (le Laboratoire de nutrition azotée des plantes, le Laboratoire de biologie des semences et la station de génétique et d'amélioration des plantes).
Contenu du fonds, historique de sa conservation et mode de traitement
Après le décès de Jean-Pierre Bourgin, en 1994, la quasi totalité de ses archives a été conservée sur place, dans le bâtiment abritant le laboratoire qu'il dirigeait au sein du centre de l'INRA implanté à Versailles.
Un premier ensemble de documents a donc pu être collecté au secrétariat du laboratoire de biologie cellulaire et dans le laboratoire n°160 (il s'agissait d'un ensemble de dossiers répartis par ordre chronologique dans des classeurs), ainsi qu'au sous-sol du bâtiment, dans une armoire métallique (les documents y étaient classés dans des dossiers suspendus occupant un rayonnage). Il s'agissait de documents concernant l'intendance et l'organisation de l'activité du laboratoire, ainsi que la correspondance scientifique et administrative de Jean-Pierre Bourgin en tant que chercheur et directeur de l'unité de biologie cellulaire.
Présentés sous forme de classeurs et dossiers suspendus classés par ordre chronologique, ces documents étaient dans un bon état de conservation et occupaient environ 3,80 m.l.
Un deuxième ensemble d'archives se trouvait dispersé entre le sous-sol du laboratoire, dans l'armoire métallique précédemment évoquée (elles occupaient les trois rayonnages restant de dossiers suspendus), et un hangar du centre (sous forme de classeurs conditionnés dans des cartons). Il s'agissait de la documentation de travail de Jean-Pierre Bourgin, constituée essentiellement d'articles de revues scientifiques ainsi que de tirés à part.
Certains documents avaient été salis par la poussière mais l'ensemble de ces archives étaient dans un bon état de conservation. Elles occupaient environ 9,30 m.l.
Lors du traitement du fonds, aucune élimination n'a été pratiquée, à l'exception de celle concernant habituellement les doublons. Au sein de chaque série organique (correspondance administrative, compte rendus de réunions, etc...), la logique du classement initial de Jean-Pierre Bourgin a été autant que possible respectée, non seulement comme témoignage de l'organisation du chercheur mais aussi parce que les logiques thématiques, alphabétiques et chronologiques qu'il y a mises en œuvre rendent le fonds plus facile d'accès. Par ailleurs, en excluant les cas particuliers des documents concernant la carrière du chercheur et sa documentation de travail, le plan de classement adopté se présente sous la forme d'un regroupement de séries et de dossiers par grandes fonctions ou activités de direction de Jean-Pierre Bourgin (gestion administrative et coordination de recherches, correspondance avec d'autres chercheurs et avec sa hiérarchie, par exemple).
La documentation qu'il avait rassemblée, représentant 25 cartons de type dimab, sera confiée à l'Unité de documentation du centre INRA de Versailles. On en trouvera le plan de classement en annexe de ce répertoire.
Seuls les articles rédigés par Jean-Pierre Bourgin et par les chercheurs du Laboratoire de biologie cellulaire ont été joints au présent versement, dans les articles 16 et 17.
Intérêt du fonds
Le fonds d'archives de Jean-Pierre Bourgin pourrait être exploité, entre autres, dans le cadre d'une interrogation sur un moment clé de l'histoire des sciences : en effet, Jean-Pierre Bourgin était un pionnier en génétique cellulaire dans les années 1970-1980, alors que cette discipline était en plein essor. Ses travaux, ainsi que ceux des chercheurs du laboratoire de biologie cellulaire, ont pu ouvrir à l'époque de nouvelles perspectives en biologie végétale. Il serait intéressant de voir dans quelle mesure les enjeux moraux du clonage et de l'élaboration d'organismes génétiquement modifiés ont préoccupé d'abord les scientifiques eux-mêmes avant que les médias ne les présentent au grand public.
On peut également signaler la présence dans l'article 1 de dossiers constitués avant que Jean-Pierre Bourgin ne dirige le laboratoire de l'INRA et qui éclairent très précisément sa carrière et ses principaux travaux scientifiques. On y trouve en particulier les candidatures de Jean-Pierre Bourgin aux concours d'assistant, de chargé de recherche et de maître de recherche, ainsi que le manuscrit de sa thèse et ses notes de soutenance. Ce type de document peut être particulièrement utile à une approche de type biographique, soucieuse par exemple de reconstituer le parcours d'un éminent chercheur au sein d'une institution publique.
Par ailleurs, c'est naturellement la direction d'un laboratoire scientifique au sein d'un établissement public tel que l'INRA qui peut être étudié à partir du fonds.
A ce propos, s'il n'a pas été possible de trouver un document qui retrace clairement chacune des attributions du poste de directeur occupé par Jean-Pierre Bourgin de 1976 à 1994, on peut du moins s'appuyer sur le bref exposé qu'il donne de ses responsabilités dans le rapport biennal d'activité du laboratoire pour la période 1986 à 1987 :
. « Je suis responsable du Laboratoire depuis 1976, responsabilité partagée dans les faits avec Yves Chupeau (nommé officiellement directeur-adjoint en 1982), qui assume en particulier l'essentiel des tâches de définition et de mise en place des installations expérimentales indispensables à l'activité du groupe (chambres climatisées, serres). Du fait du développement des équipes animées par les chercheurs qui se sont regroupés autour du noyau initial au début des années 80, notre laboratoire constitue aujourd'hui un petit institut de biologie cellulaire et moléculaire végétale (...). Du fait de l'autonomie intellectuelle des principaux chercheurs, ma charge n'est pas celle d'un directeur scientifique pour l'ensemble du groupe, fonction dont le besoin ne nous est d'ailleurs pas apparu. Le plus prenant de mes activités de chef de service est probablement le rôle de responsable du personnel qu'il implique. Pour assurer la coordination tant dans l'activité quotidienne que dans le choix des thématiques à développer par le Laboratoire, nous sommes assistés, Yves Chupeau et moi, par un bureau constitué d'une dizaine de chercheurs, que je réunis régulièrement »
Extrait du rapport biennal d'activité du laboratoire (1986-1987), présent dans le fonds (voir « rapports d'activité scientifiques », art. 1).
Signalons également que les documents administratifs et la correspondance scientifique produits par Jean-Pierre Bourgin couvrent toute la période de sa présence à la direction du laboratoire et reflètent les principaux aspects de cette activité : relations avec ses supérieurs hiérarchiques au sein de l'INRA et avec des chercheurs du monde entier, suivi du financement des recherches, gestion des équipements et animation des principaux projets du laboratoire , organisation de conférences, expertise d'articles scientifiques, etc...
Tous les documents ont été classés par ordre chronologique. Jean-Pierre Bourgin a tenu également plusieurs répertoires de ses correspondants qui devraient faciliter les recherches sur le fonds.
Pour cela, on dispose notamment dans le fonds des comptes rendus de réunions scientifiques et d'intendance (art. 3).
A travers la correspondance du directeur avec certains responsables de départements scientifiques de l'INRA et de services ministériels, on peut probablement étudier la mise en place de certaines politiques en matière de recherche. Les dossiers de candidature du laboratoire déposés auprès de ministères ou d'organismes tels que le CNRS afin d'obtenir des subventions dans le cadre de programme de recherches communs à plusieurs laboratoires sont des illustrations de l'organisation de la coopération scientifique.
Le fonds témoigne encore de l'accueil des étudiants étrangers, de l'organisation de colloques par le laboratoire ou de sa participation à ce type de manifestations à l'extérieur ; cela constitue entre autres un exemple des réseaux intervenant dans les activités de formation et de diffusion des résultats de la recherche.
De plus, le fonds permet probablement d'approcher « l'activité quotidienne » d'un laboratoire de recherche  : à travers notamment les comptes rendus des réunions d'équipement et du bureau scientifique du laboratoire, on entrevoit les problèmes logistiques qui ont pu se poser aux chercheurs, et on peut suivre plus en détail l'avancée de leurs recherches (lesquelles sont par ailleurs détaillées de manière synthétique dans les rapports d'activités scientifiques et descriptions d'opérations de recherches).
Voir la note précédemment citée.
Sommaire
Dossiers de jean-pierre bourgin, directeur du laBoratoire de Biologie cellulaire de l’institut national de la recherche agronomique (centre de versailles), 1966-1994-Art 1 : carriere de jean-pierre Bourgin, 1966-1982-Art 1 (suite)-17 : fonctionnement du laBoratoire : rapports d’activite ; gestion du personnel ; gestion administrative et coordination des recherches ; reunions ; recherches ; financement ; relations exterieures ; puBlications, 1967-1994

Cote :

20060193/1-20060193/17

Publication :

Archives Nationales
2006

Informations sur le producteur :

Institut national de la recherche agronomique

Localisation physique :

Pierrefitte

Identifiant de l'inventaire d'archives :

FRAN_IR_023831

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