Inventaire d'archives : Fonds Vincent Auriol

Contenu :

INTRODUCTION
Je n'ai enregistré que ce que j'ai vu, entendu, ou lu.
Je n'ai rien ajouté, je n'ai rien retranché,
sauf les répétitions ou les détails superflus ou d'inutiles longueurs.
Mais les originaux complets seront déposés aux Archives.
Vincent Auriol
tome I, Paris, Colin, 1970, extraits de l'Avertissement au lecteur, p. 3-4. Journal du Septennat,
Cet inventaire des papiers Vincent Auriol présente à l'historien des sources de nature très différente, fruit d'une carrière particulièrement longue, riche et active.
Parcourant le siècle de 1905 au milieu des années soixante, elle en suit les bouleversements, les crises, les guerres et leurs conséquences. Elle révèle aussi la difficile mise en place d'un monde nouveau auquel Vincent Auriol - envers et contre tout - ne cessa de participer, aussi bien en France qu'à l'étranger, de manière officielle, personnelle ou privée.
Mais l'une des grandes originalités de cet homme politique, de son propre aveu pourtant " très encombré " , est sans doute d'avoir eu le goût et pris le temps parallèlement à son action de constituer au fil des jours, ce qui devait devenir cet important corpus d'archives présenté ici. En effet, pratiquement dès ses débuts d'avocat et jusqu'à la veille de sa mort, Vincent Auriol réunit scrupuleusement ces documents afin " d'éclairer l'attitude des hommes et les événements qui ont marqué l'histoire " .
Voir 552 AP 59 : lettre de Vincent Auriol au professeur Henri Laugier. 26 mai 1947.
Voir 552 AP 187 : lettre de Vincent Auriol à son ancien directeur de cabinet Jacques Koscziusko-Morizet. [1965].
Remis à la Fondation nationale des Sciences politiques en 1971 par la famille du Président, ce fonds est aujourd'hui conservé au Centre historique des Archives nationales.
Avant leur versement, les archives avaient déjà dans leurs grandes lignes été ordonnées par Vincent Auriol lui-même et par ses collaborateurs. En particulier, dès le lendemain de l'élection présidentielle, alors qu'il a déjà fondé le projet d'écrire le journal de son septennat, nombre de documents portent à l'intention de sa secrétaire Madeleine Genesty les mentions : " Classer Documentation personnelle ", " Classer Archives personnelles "," Classer Journal ", et ensuite souvent seulement " Archives du Président " ou " Journal ".
À la Fondation nationale des Sciences politiques, les archives connurent leur classement définitif selon un plan chronologique très clair calqué sur le déroulement de la carrière de Vincent Auriol. Il en fut établi un inventaire détaillé, document par document, avec index nominatif. Cet important travail de onze volumes réalisé par Marie-Geneviève Chevignard-Séguret demeure aujourd'hui accessible au lecteur. Il est notamment consultable à la Salle des inventaires du Centre d'accueil et de recherches des Archives nationales.
Toutefois par sa forme, il ne pouvait faire l'objet d'une publication. Dans le cadre de la politique d'édition des inventaires des papiers présidentiels lancée par les Archives de France, il est donc apparu indispensable de rédiger - également à partir des documents eux-mêmes - un autre inventaire plus synthétique mais qui respecterait le plan et les titres du premier afin de ne pas le rendre obsolète.
Non sans finesse, l'on a pu définir Vincent Auriol comme " le plus jovial des enfants de Jaurès ". De formation chrétienne et de culture classique, très combatif, travailleur acharné, il se consacre dès ses vingt ans avec rigueur et passion à l'idéal socialiste. Humain, sensible, curieux de tout, aimant rire et être entouré, il réserve cependant très peu de place à sa vie personnelle dans l'ensemble de son existence. " Ardent, dynamique et passionné " , loin de se soustraire à son action, il y entraîne famille et amis. Son parcours illustre fidèlement l'adage qu'il aimait : " Faites ce que vous faites ".
Voir 552 AP 174 : autoportrait rétrospectif de Vincent Auriol dans une lettre à son ami Robert Bonnet, instituteur en Haute-Garonne. 12 février 1965.
Ses archives sont le reflet de ce choix, de cette conception des choses. Si la sensibilité, l'émotion, la colère et même l'humour affleurent souvent, les éléments d'ordre privé en sont pratiquement absents, ne laissant place qu'à la documentation et aux papiers de l'homme politique.
Les tout premiers documents de ce fonds de deux-cent soixante-neuf cartons sont parmi les seuls à donner des renseignements directement personnels sur Vincent Auriol, ses origines, son enfance, ses études et ses débuts d'avocat. Il faut compléter notamment par les récits et par les autobiographies qu'il rédigea passé le milieu de sa vie.
Au fil du temps bien sûr, avec l'évolution de la carrière se modifie peu à peu la nature-même des archives où, après la jeunesse, quatre grandes périodes apparaissent : de l'élection à la députation en mai 1914 à l'internement administratif de 1940, puis de la guerre à l'élection à la présidence de la République en janvier 1947, pendant, et enfin après la Présidence. Un très beau fonds photographique clôt l'ensemble.
Jusqu'à 1940, l'activité de Vincent Auriol au sein du parti socialiste et son activité à la Chambre des députés constituent les deux thèmes essentiels des papiers. Ces quarante cartons représentent une source précieuse à l'historien car, pour cette époque, très peu de documents de ces deux instances nous sont parvenus.
Élu député à trente ans et animé d'une haute idée de sa fonction parlementaire, Vincent Auriol commence alors réellement à constituer et à conserver ses archives, dont certains documents, malheureusement, ont disparu lors d'une perquisition allemande.
Celles du militant socialiste laissent une grande place aux conférences et aux congrès nationaux et internationaux du parti socialiste de 1922 à 1938 : textes de discours et d'exposés théoriques, déclarations, résolutions et comptes rendus des travaux révèlent l'élaboration de la doctrine, les prises de positions, les luttes, et aussi dès 1934, les efforts pour réaliser le rêve de " l'unité organique des partis de gauches ".
S'adjoignent aux archives des congrès et conférences, lettres et notes, documentation et articles, traduisant la vie habituelle du parti socialiste, notamment en Haute-Garonne, et à Muret en particulier, où Vincent Auriol a laissé jusqu'à aujourd'hui le souvenir d'un maire actif, moderne, à l'oeuvre sociale considérable.
Les archives du député, devenu ministre du Front populaire, sont également à plus d'un titre très intéressantes, et là encore, elles suppléent les lacunes des ressources archivistiques officielles.
En premier lieu bien sûr, elles révèlent l'important travail parlementaire d'un homme qui, à la Chambre des députés - comme plus tard - demeure un militant, un défenseur de la cause socialiste.
" Personnage-observatoire ", il nous découvre le climat, la vie du parlement avec, par-delà amitiés et querelles humaines, une oeuvre législative immense. De cette époque date d'ailleurs pour Vincent Auriol l'habitude de fixer par écrit les événement marquants de ses journées d'homme politique, d'abord de manière épisodique et brève sous le titre d' " impressions de la Chambre " ou d'" impressions de l'Assemblée " , ensuite de manière de plus en plus longue et régulière jusqu'à l'ambitieux .
On ne peut s'empêcher d'imaginer qu'il s'agit chez cet homme de culture, d'une allusion non dépourvue d'esprit, aux " impressions de la Convention nationale ", ces documents imprimés distribués aux députés avant le vote des lois.
Journal du Septennat
Spécialisé dès son premier mandat dans les questions économiques et financières puis, comme par conséquence à cette époque de l'histoire, dans les questions internationales, Vincent Auriol acquiert très vite en ces domaines la renommée d'expert socialiste.
À travers ses papiers, apparaissent donc aussi plus largement la situation de la France et l'essentiel des grands problèmes de politique internationale, économique et financière de l'entre-deux guerres : achèvement du premier conflit mondial, traités de paix, réparations, règlement des dettes interalliées, tentatives de redressement économique international, crise de 1928-1929, Front populaire, montée des puissances de l'Axe et enfin, à peine achevée la guerre d'Espagne, nouveau conflit mondial.
Les archives de Vincent Auriol ministre tiennent dans ce fonds une place à part. Par leur contenu bien sûr et aussi parce qu'il s'agit à l'évidence en grande partie de papiers publics. Mais s'étonner de les trouver ici serait commettre ce que Lucien Febvre appelait " le péché d'anachronisme ". Jusqu'à une date récente, il était en effet naturel et habituel aux hommes politiques de disposer à leur gré de toutes leurs archives. Au moins celles-ci ont-elles été ainsi conservées.
En recevant le 4 juin 1936 de son ami Léon Blum le portefeuille de ministre des Finances, Vincent Auriol estimait avoir accepté le poste le plus difficile du premier gouvernement de Front populaire. Sept cartons de documents extrêmement riches, fruit de trente ans d'expérience, illustrent d'abondance et sans concession projets, réformes accomplies, écueils et ... échecs.
Les dossiers du garde des Sceaux ministre de la Justice sont nettement moins étoffés. Le monde judiciaire est encore à ce moment-là relativement nouveau pour lui. Toutefois, ses notes, sa correspondance et sa documentation, parmi lesquelles demeurent d'ailleurs nombre de pièces d'ordre économique et financier, sont loin d'être inintéressantes, notamment dans le domaine de l'organisation et de l'indépendance de la justice, du statut et de la liberté de la presse.
Le ministre sans portefeuille et le ministre de la Coordination des services ministériels à la présidence du Conseil, laissent également assez peu de documents pour une expérience d'à peine trois mois. Les questions économiques et financières y sont toujours présentes, renouvelées du thème de la coordination dans les conflits sociaux.
À partir de cette époque sont désormais fixés les grands pôles d'intérêt, les domaines privilégiés, et plus tard - en dernier lieu - presque réservés de Vincent Auriol président de la République : politique étrangère et internationale, économie et finances, justice, réformes.
Et lorsqu'aux heures les plus difficiles de la IVe République, faisant fi des injonctions de la Constitution de 1946, il se penchera lui-même sur certains dossiers de ses ministres, il ne manquera pas de leur rappeler avec bienveillance qu'il connaît la difficulté de leur fonction pour l'avoir exercée lui-même.
Au printemps 1938 Vincent Auriol reprend ses activités plus habituelles d'élu et de militant socialiste. Ses archives jusqu'en septembre 1940, retrouvent donc, plus nourries, les accents du début de sa carrière, mais avec la guerre en arrière-plan : congrès socialistes, comptes rendus des débats et travaux parlementaires, notes et correspondance sur les problèmes économiques et financiers, vie quotidienne à Muret et en Haute-Garonne.
Puis le 25 septembre 1940, est notifié à Vincent Auriol, ancien ministre du Front populaire, son internement administratif, à Pellevoisin, dans l'Indre.
Ce sera pour lui une sorte de rite de passage. À partir de là en effet, dans les circonstances exceptionnelles de la guerre, grâce à ses rencontres et à sa détermination, le député socialiste de Haute-Garonne acquiert véritablement une stature internationale.
Les archives relatives à son internement, très vivantes et souvent assez pathétiques, sont parmi les seules du fonds à révéler le caractère, les difficultés et les goûts personnels de Vincent Auriol. En effet, privé de liberté, il ne peut faire autrement que d'énumérer ses desiderata à ses geôliers qui de leur côté rédigent sur lui de quotidiens rapports. Cependant le prisonnier, par ailleurs " toujours volontaire pour la promenade ", entretient là encore des relations épistolaires, prend des notes, tient son journal, auprès des autres internés qui ont nom Marcel Bloch-Dassault, Marx Dormoy, Georges Mandel, Jules Moch, Paul Reynaud ...
Libéré mi-mars 1941, il est placé en résidence surveillée dans sa ville de Muret puis, entre en clandestinité en octobre 1942, y écrivant son livre qu'il publiera à la Libération, ajoutant ainsi à sa qualité déjà ancienne de journaliste celle d'auteur. Hier...Demain
En octobre 1943, il rejoint la Résistance extérieure à Londres, en novembre suivant il part pour Alger.
Ses papiers, par la force des choses inexistants ou très lacunaires pour l'année que dura sa vie clandestine, permettent tout de même de suivre le périple de l'homme de 1940 à 1945. Reflet de l'époque elle-même, les documents en ont la complexité, l'illustrent et constituent une source variée et originale pour l'histoire de la Résistance extérieure et des hommes qui l'animèrent, pour l'histoire du Comité français de la Libération nationale, des assemblées, des partis politiques et de leurs projets à la Libération, notamment la réforme de l'État et des institutions.
Peu à peu pendant cette période, Vincent Auriol reprend à Alger sa vie et ses habitudes d'avant-guerre : militant socialiste et parlementaire actif, il fonde l'hebdomadaire dont une quarantaine de numéros sont présents dans ce fonds, tient son journal, archive lettres, notes et documents de travail tels que textes de base, procès-verbaux de séances des assemblées, programmes d'action et études sur les grandes questions législatives, politiques et sociales du moment. Fraternité,
Les archives extrêmement riches qu'a laissées Vincent Auriol pour la période généralement mieux connue de la Libération, phase initiale de la IVe République, appellent peu de commentaires.
Là encore par delà l'itinéraire et l'action d'un homme, les dossiers très complets et très bien structurés traduisent les luttes, le climat passionné des années 1944-1946, notamment en Haute-Garonne et au sein des partis politiques issus de la Résistance-même. Ils font aussi connaître les bouleversements sociaux, politiques et institutionnels, et permettent de suivre " les travaux et les jours " des assemblées jusqu'à la difficile adoption d'une nouvelle constitution française.
Alors que, découragé, Vincent Auriol envisagea un moment à la fin de la guerre d'abandonner la vie politique, il en sortira - presque contre toute attente - grand vainqueur : ministre d'État dans le gouvernement De Gaulle en novembre 1945, puis par intérim chef du Gouvernement provisoire après la démission du Général, président de la première Assemblée constituante, président de l'Assemblée nationale le 3 décembre 1946 donc provisoirement détenteur des pouvoirs de chef de l'État, et enfin élu président de la République le 16 janvier 1947. Ses papiers dès lors, éclairant l'histoire d'une époque, illustrent aussi plus simplement l'histoire d'une réussite.
Les archives de Vincent Auriol président de la République posent quelques problèmes particuliers et originaux mais qui n'ont finalement rien de très complexe.
Pour l'essentiel, nous l'avons dit, elles prennent leur origine dans la volonté du Président d'écrire le ce qu'il considérait un devoir de sa charge. Il le voulait transcription, chronique fidèle de son action et de la période, donc source sûre, irréprochable et irremplaçable pour les historiens futurs , précisant lui-même : " Ce à quoi je tiens le plus c'est qu'on connaisse comment je concevais le rôle de la Présidence, la complexité des problèmes (...), pour se rendre compte du travail énorme qui m'a été imposé " . Journal du Septennat,
À propos du de sa genèse, de son intérêt et de ses imperfections, voir l'introduction générale de Pierre Nora Paris, Librairie Armand Colin, 1970, pages XIII à LXIX. Journal,Journal du Septennat. Tome I. Année 1947,
Voir 552 AP 186 : lettre de Vincent Auriol à Jacques Kosciusko-Morizet. [1965].
Outre la dactylographie définitive de ce texte après différentes versions manuscrites, inlassablement travaillées, raturées jusqu'à devenir illisibles, apparaît donc ici la documentation personnelle du Président, avec lettres, notes de travail et " notes cursives ", comptes rendus d'entretiens, doubles de documents officiels, études et articles de presse. Réunie dans la perspective de cet ouvrage, elle est née aussi d'une conception nouvelle de la fonction présidentielle, et de l'action, de l'influence personnelles qu'il s'acharna à avoir, refusant de se laisser enfermer dans les limites étroites du cadre constitutionnel de 1946 qui accordait aux présidents de la République encore moins de pouvoirs qu'à leurs prédécesseurs de la IIIe République.
Les mentions de Vincent Auriol sur les archives qu'il destinait à son fonds privé traduisent bien d'ailleurs leur nature-même et si " Classer Journal ", " Journal " ou " Documentation personnelle " sont les plus fréquentes, " Action personnelle " est également très habituelle sous sa plume. Vouloir opérer une stricte distinction entre ces documents serait d'ailleurs assez factice et de peu d'intérêt finalement pour l'historien, tant les documents sont présentés ici en un ensemble unique, de même origine : la volonté du Président de réellement " tenir son rôle ".
Sur cent quarante-trois cartons consacrés ici à la période présidentielle, le manuscrit du en représente vingt-quatre. L'année 1950, qui n'a pas encore été publiée à ce jour, en couvre trois. Journal
De 1947 à 1953, apparaissent ici nombre de doubles du fonds 4 AG des archives publiques de la Présidence sous de la IVe République. Le recours à celui-ci demeure de ce fait indispensable pour le sujet, avec ses séries originales et complètes de documents . L'on pense notamment aux séances du Conseil des ministres, du Conseil supérieur de la magistrature ou du Comité de la Défense nationale, aux discours, réceptions ou voyages officiels qui en 552 AP n'apparaissent que sous la forme de pièces éparses à l'appui, en illustration d'une question précise ou comme " souvenirs " d'un événement précis.
Voir l'introduction au fonds 4 AG.
À ces doubles réalisés par les services de la présidence de la République à l'intention du Président, il convient d'ajouter la dizaine de cartons formés de documents élaborés par le ministère des Affaires étrangères, doubles de télégrammes et rapports diplomatiques ou politiques intéressant les pays du monde entier, en particulier l'Allemagne et l'Indochine.
Mais l'une des grandes richesses, l'une des grandes originalités de ce fonds privé Vincent Auriol réside sans nul doute dans cette correspondance personnelle du Président, jointe à ses notes et à sa documentation sur les questions auxquelles il s'attacha particulièrement au cours de sa présidence.
Soucieux d'échapper à la règle du contre-seing ministériel, pour convaincre et parce qu'il croyait beaucoup aux relations interpersonnelles et aimait " les échanges de vues sur la situation politique ", il entretint pendant tout son septennat des relations épistolaires importantes avec différentes personnalités de France, d'Union française ou de l'étranger, cherchant ainsi - et réussissant souvent - , à n'être pas seulement " un président qui préside " mais aussi, dans toute la mesure de l'humainement possible " un président qui gouverne ".
Les thèmes de ces dossiers, thèmes privilégiés de son action-même intéressent d'ailleurs les domaines de première importance sous la IVe République. L'on peut citer en particulier les difficultés économiques et sociales lors du relèvement du pays au lendemain de la guerre, la reconstruction, la discorde des partis, l'instabilité politique et les crises ministérielles, la justice, les relations internationales et la défense de l'Union française, notamment à travers l'Indochine.
Après le septennat bien sûr, les papiers de Vincent Auriol - président de la République émérite s'il en fut - se modifient assez largement tout en demeurant à d'autres titres riches, intéressants et souvent émouvants. La correspondance y tient une grande place traduisant les convictions et sentiments des uns et des autres avec une liberté qui souvent étonne.
Toutefois, après quelques jours de repos en Sicile en février 1954, soucieux de connaître un Vincent Auriol continue de s'intéresser aux mêmes dossiers qui, présents ici, reflètent, non sans tristesse, les dernières années de la IVe République, la mise en place puis les difficultés de la Ve jusqu'au milieu des années soixante. " otium cum dignitate ",
Retrouvant son premier métier, le journalisme, il collabore à plusieurs périodiques où il publie de 1954 à 1958 de longs articles de caractère juridique, politique et social.
Parmi les nombreux postes, honorifiques ou non, qui lui sont proposés il accepte notamment la lourde charge de président de la Fédération mondiale des Anciens Combattants. Là encore, fidèle à l'idéal socialiste de ses débuts, il dénonce les guerres, œuvre pour le rapprochement franco-allemand et milite pour la paix, parcourant le monde pour prendre la parole à tous les congrès de la Fédération.
Archiviste chevronné - et comme imperturbable en toutes circonstances -, le Président s'inquiétera de ses archives jusqu'à la fin de sa vie.
À tous ces documents s'ajoute, pour illustrer et parachever l'ensemble, un très beau fonds photographique de cent trente-cinq albums.
Par la publication de cet inventaire, voici présentées à l'historien ces sources que Vincent Auriol rassembla et composa avec tant de rigueur, de soin et de constance voulant, projet toujours quelque peu utopique, offrir rétablir la vérité,un témoignage direct instantané, (...) une impartiale contribution à l'Histoire.
Cependant, les papiers dits privés, ceux des hommes politiques notamment, posent par nature certains problèmes de méthode et d'analyse. Tout en gardant leur valeur intrinsèque originale, ceux-ci n'y échappent pas. Il faut seulement les compléter, les collationner à d'autres fonds d'archives privés ou publics, français ou étrangers et bien sûr aux très nombreux récits et mémoires des autres acteurs et témoins de l'époque.
Vincent Auriol, lui-même conscient des écueils du chemin qu'il avait choisi, sans pour autant s'en détourner, ne concluait-il pas - et c'est chose faite aujourd'hui : les originaux complets seront déposés aux Archives.

Cote :

552AP/1-552AP/269

Publication :

Archives Nationales
2001

Localisation physique :

Pierrefitte

Identifiant de l'inventaire d'archives :

FRAN_IR_028109

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