Inventaire d'archives : Union départementale CGT de Saône-et-Loire (74 J)

Contenu :

Les fonds des Archives départementales sont très riches en archives publiques, mais la vision de l'économie et de la société que l'on peut en avoir est très souvent purement administrative. L'intérêt de ce fonds syndical est d'offrir cette fois-ci le point de vue des syndiqués et des ouvriers sur leurs conditions de travail, leur vie, leurs attentes sociales.
L'autre intérêt du fonds est son ampleur chronologique : plus de soixante ans d'activité de l'union départementale CGT sont ainsi retracés, certes avec des lacunes. En particulier, on trouvera de nombreux renseignements sur les congrès depuis 1939. On notera en particulier les documents de l'immédiat après-guerre sur la reconstruction, la reconstitution des syndicats.
Enfin, le fonds éclaire singulièrement la crise industrielle des années 1970-1980 en particulier dans le secteur textile et métallurgique. Les dossiers d'entreprise sont particulièrement nombreux et souvent très riches (DIM et Jacquard pour le textile par exemple, Creusot-Loire pour la métallurgie).
On en regrettera donc que davantage la très faible présence des documents portant spécifiquement sur les événements de mai 1968, excepté sur les élections de délégués du personnel et la constitution de sections syndicales, consécutives aux accords de Grenelle.

Cote :

74 J 1 - 219

Publication :

Conseil général (Archives départementales)
03/10/2011
Place des Carmélites, 71026 Mâcon Cedex

Informations sur le producteur :

producteur: Union départementale de la confédération générale du travail (CGT.FO)
L'union départementale des syndicats des travailleurs confédérés est l'association qui regroupe l'ensemble des syndicats adhérant à une fédération de la CGT. L'union a pour but : la défense des intérêts matériels, moraux et économiques de ses adhérents ; d'établir des relations de solidarité entre tous les travailleurs du département ; de fortifier les syndicats existants, d'en créer de nouveaux ; d'étudier les questions économiques et sociales afin de coordonner les luttes ouvrières ; la suppression de l'exploitation capitaliste, notamment par la socialisation des moyens de production et d'échange.L'organe le plus important de l'Union départementale est le congrès. Chaque syndicat envoie au moins un délégué au congrès. Le congrès réuni tous les deux ou trois ans (mais tous les ans dans le courant des années 30, et au sortir de la seconde guerre mondiale) décide de l'organisation et de l'orientation de l'union départementale. Le congrès élit une commission exécutive, chargée de contrôler l'application des directives votées par le congrès, et de mettre en oeuvre les orientations du Comité confédéral national. La commission exécutive se réunit tous les mois. La commission exécutive élit le bureau, qui se réunit à peu près deux fois par mois. La commission exécutive et le bureau forment la direction de l'Union départementale. Enfin, dernière instance le secrétariat a en charge le fonctionnement quotidien de l'UD. Il compte un nombre restreint de membres, dont le secrétaire général et le secrétaire général adjoint. Il est chargé d'exécuter et d'appliquer sur le terrain les décisions prises par le bureau et la commission exécutive. S'y ajoutent une commission de contrôle financier, dont les membres sont élus par le congrès mais qui n'appartiennent pas à la commission exécutive et des commissions crées pour répondre à des thématiques spécifiques (organisation, jeunesse, emploi, travail féminin...). Leur rôle est de proposer et de suggérer ainsi que d'informer la commission exécutive et le bureau. En Saône et Loire, la première bourse du travail est crée en 1896 à Chalon. La douzaine d'associations ouvrières recensées à ce moment-là ne regroupe même pas 1000 adhérents. Le 25 décembre 1899 est créée la fédération des syndicats ouvriers de Saône-et-Loire, consécutive à la grande grève des mineurs de cette même année à Montceau. Deux ans plus tard, c'est la création d'une bourse du travail à Mâcon. Ce n'est qu'en 1906 que la fédération des syndicats ouvriers demande son adhésion à la CGT, ce qui pose quelques difficultés à la confédération. En effet, les statuts ne prévoient pas l'adhésion de fédérations départementales, mais uniquement celles de bourses du travail ou de fédérations d'industrie. À l'époque la fédération des syndicats ouvriers ne regroupe que 14 syndicats sur 33, et sept ans plus tard 28 sur 36. Ce sont les mineurs qui dominent la fédération des syndicats ouvriers en raison de leur nombre d'adhérents. L'union départementale eut ensuite affaire à la scission de la CGTU en 1921-1922. Une grande figure domine la CGTU, celle de Marie Guillot, du syndicat de l'enseignement. L'histoire de la CGT est ici particulière : si au niveau national, c'est la CGT dite confédérée qui l'emportait, en Saône-et-Loire, c'est la CGTU qui était numériquement la plus importante. Particulièrement active à ses débuts, la CGTU paya au prix fort en Saône-et-Loire son alignement inconditionnel sur les positions de la Section française de l'Internationale communiste, au lieu de défendre les revendications traditionnelles des ouvriers. Son sectarisme causa en bonne partie sa perte. La scission dura avant la réunification décidée au niveau national, sous la pression des événements, et le renforcement des ligues de droite. En Saône-et-Loire, l'union est effective le 12 janvier 1936 au congrès de Chalon, après avoir été votée au congrès de l'union départementale des syndicats confédérés en 1937. L'ensemble des effectifs représente un peu plus de cinq mille syndiqués et quarante-huit syndicats. C'est Marius Mathus (28 février 1896-9 juillet 1943), secrétaire général des mineurs de Montceau, le syndicat le plus important du département qui est désigné comme secrétaire général de l'union départementale des syndicats CGT. On peut aussi noter que c'est un membre de la SFIO, ce qui violait les principes de la charte d'Amiens de 1906, posant comme principe intangible l'indépendance syndicale. Les grandes grèves de 1936 provoquèrent un renforcement très sensible de la CGT dans le département puisque ses effectifs furent multipliés par sept. La période 1939-1944 mit à rude épreuve la CGT. Tout d'abord la signature du pacte germano-soviétique provoqua de fortes tensions, entre les militants de l'ex CGTU et les syndicalistes opposés au communisme et à une alliance avec Hitler. Les instances nationales de la CGT finirent par exclure tous les syndicalistes partisans du pacte germano-soviétique, jugé responsable de la guerre. Après la dissolution des syndicats en août 1940, Marius Mathus fit partie des organisations de la Charte du Travail comme membre de la famille professionnelle du sous-sol. Cette activité lui valut sans doute d'être exécuté en 1943 par des militants communistes. Au même moment, c'étaient les mines qui s'agitaient avec la multiplication des grèves et des attentats. Une union départementale clandestine se reconstituait avec Rey (en clandestinité Lenoir), futur secrétaire général au sortir de la guerre. La période 1946-1950 fut essentiellement marquée par la reconstruction du département, en particulier de la ville de Montceau et par le redémarrage de l'activité économique. Ce fut d'abord la bataille pour la production, puis la lutte contre le plan Marshall. Ce fut aussi la période où eut lieu l'épuration syndicale des militants les plus compromis dans la collaboration ou la participation aux familles professionnelles mises en place par Vichy. C'est une période cruciale aussi pour la mise en place de la Sécurité Sociale, souhaitée par la CGT dès avant la guerre et à laquelle elle participa de tout son poids jusqu' à nos jours. Les années 1947-1948 furent marquées par la scission de la CGT-Force Ouvrière. Les effectifs syndicaux qui atteignirent 35.000 syndiqués en 1946, furent divisés par deux en trois ans. Les grèves de 1947 furent fortement suivies dans le département, en particulier dans les mines et généra, l'arrivée d'une nouvelle génération de militants en raison des condamnations prononcées contre Rey, secrétaire général de l'Union départementale. Ce fut ainsi Roger Bequet, un électricien des houillères de Blanzy qui prit la tête de l'UD et qu'il marqua de son empreinte jusqu'à sa mort en 1996. Il resta secrétaire général de l'UD jusqu'en 1977, c'est-à-dire pendant vingt-sept ans. Au cours de ces vingt-sept ans de secrétariat général, l'UD prit position sur tous les sujets, suivant en cela les instructions confédérales. Contre les guerres d'Indochine et d'Algérie, contre le général de Gaulle, pour le programme commun de la gauche, l'union départementale est de tous les combats. En mai 1968, la Saône-et-Loire se distingua par des débrayages massifs, dans les mines et dans les usines du Creusot. Les décennies suivantes furent essentiellement marquées par la crise industrielle qui toucha le département. En particulier, les mines virent leur activité considérablement réduite, Creusot-Loire fut contraint à la liquidation en 1982, le textile fut très durement touché à cause du développement des importations étrangères et la mécanisation croissante du travail. Des dizaines d'entreprises furent contraintes de procéder à des licenciements économiques massifs à l'exemple de Dim et de Jacquard, toutes les deux très implantées dans le département. C'est aussi l'époque des changements à la tête de l'UD. Michel Coulon remplace Roger Bequet à partir de 1977, et dans un contexte très tendu économiquement n'hésite pas à prendre part à des actions spectaculaires.

Informations sur l'acquisition :

Historique de conservation :
Le fonds a été victime de destructions volontaires au cours de la seconde guerre mondiale (les auteurs de ces destructions étant sans doute les membres de la CGT officielle selon les responsables de l'UD en 1945).
Il a déménagé à plusieurs reprises, suivant en cela les changements de siège de l'UD. Il fut donc successivement entreposé à Montceau, au syndicat des mineurs puis à Chalon, de nouveau à Montceau au syndicat des mineurs, puis dans un bâtiment propre à l'UD à Montceau, enfin au Creusot en 2006. Le fonds, entreposé dans une cave à Montceau subit à plusieurs reprises des infiltrations d'eau.
Une enquête de 1978 menée par un professeur de Paris I sur les archives syndicales immédiatement postérieures à la Libération révèle que leur destruction était alors envisagée sans doute par manque de place. Sans doute une partie du fonds a-t-elle été détruite depuis, soit suite aux infiltrations, soit volontairement pour libérer de l'espace. Par ailleurs, il est possible que quelques documents soient encore en possession de militants (une circulaire de l'UD en 1994 indique que plus aucun document ne doit désormais sortir des locaux de l'UD).
Dès avant 1994, un militant avait commencé un classement. En 1994, l'UD prit la question des archives très à coeur dans la perspective du centenaire de la naissance de la CGT, ainsi que dans l'intention de créer au plan départemental une structure similaire à l'IHS-CGT, organisme chargé de la gestion des archives produites par la confédération. Un étudiant en DEA a commencé le pré-classement du fonds avec la collaboration de militants retraités (Bequet, ancien secrétaire général de l'UD et Georges Labonde, entre autres) afin d'en rendre l'exploitation possible. L'institut départemental ne vit jamais le jour, sans doute en raison de la disparition de Roger Bequet en 1996.

Description :

Critères de sélection :
Peu d'éliminations ont été pratiquées. Seuls les doubles de tracts, de circulaires ont été détruits, ainsi que la documentation mensuelle de la Sécurité sociale, de l'Unedic, la documentation juridique (Journaux officiels). L'ensemble représente 80 centimètres. On doit signaler que l'Union départementale CGT avait, avant le dépôt, procédé à l'élimination de nombreux doubles et des documents qui ne découlaient pas directement de son activité (circulaires confédérales, presse...).
Mise en forme :
Le plan de classement regroupe d'abord les éléments principaux de l'organisation : les organes dirigeants de l'UD (congrès, commission exécutive, bureau et secrétariat). Les liens avec les UD, les syndicats et les fédérations ont ensuite été mis en valeur. Suivent le domaine des luttes sociales, de la participation aux organismes ainsi qu'un important ensemble regroupant la presse de l'UD, la communication et la correspondance reçue ou envoyée.

Conditions d'accès :

Les règles fixées pour les archives publiques, codifiées dans le code du patrimoine s'appliquent à ce fonds, à l'exception des documents concernant la période 1936-1945 (100 ans).

Description physique :

Importance matérielle :
20 ml

Identifiant de l'inventaire d'archives :

FRAD071_74J

Où consulter le document :

Archives départementales de Saône-et-Loire

Liens