Inventaire d'archives : Fonds André Danjon (1910-1967)

Contenu :

Le fonds est composé de quatre grands lots, à savoir :
- Les archives relatives à sa vie privée comprenant des documents relatifs à sa généalogie et à la restitution de biens après la Deuxième Guerre mondiale,
- Les archives relatives au déroulement administratif de sa carrière, depuis sa formation à la direction des observatoires de Strasbourg puis de Paris, en passant par son doyenné à l’Université de Strasbourg et les prix et distinctions qu’il a obtenus,
- Les archives relatives à ses travaux de recherche scientifique à travers ses relations avec ses pairs, ses activités d’enseignement et les recherches qu’il a effectuées ou sur lesquelles il a été consulté comme expert,
- Enfin une dernière partie est consacrée à ses activités institutionnelles et associatives dans le milieu de la recherche, notamment auprès de l’Académie des sciences, son investissement dans l’Année géophysique internationale et dans le Bureau International des Poids et Mesures ou encore à l’Union Astronomique Internationale pour ne citer que ces organismes.

Cote :

08 AO 001-238

Publication :

Agence Bibliographique de l’Enseignement supérieur
2020

Informations sur le producteur :

Enfance et formation
André DANJON est né à Caen le 6 avril 1890. Il est le fils de Louis DANJON, négociant, et Marie Binet.
Après des études secondaires au lycée Malherbe de Caen, il est reçu à l’École normale supérieure en 1910. Il y prépare l’agrégation des sciences physiques, notamment sous la direction d’Aimé COTTON. Agrégé de physique en 1914, il est déjà très attiré par l'astronomie et est encouragé en ce sens par Camille FLAMMARION qu'il admire.
Direction par intérim de l’Observatoire de Paris par André COUDER
Première Guerre mondiale
A peine agrégé, la guerre de 14-18 éclate. Mobilisé dans l’Infanterie il est grièvement blessé dès le début des hostilités et perd un œil. Néanmoins il reprend une participation active à la guerre dans le service de repérage par le son, alors dirigé par Pierre WEISS et Aimé COTTON, et il fait campane en Italie.
Début de carrière dans l’astronomie et travaux de recherche à Strasbourg
En 1919, André DANJON devient à professeur au centre militaire de préparation aux grandes écoles à Strasbourg et il est chargé d'enseignement à la Faculté des sciences de Strasbourg. Le 1er septembre 1919, recommandé par Emil BOREL à Ernest ESCLANGON, il est nommé aide-astronome à l’Observatoire de Strasbourg. Il s’exerce à exécuter des observations de tout genre à l’aide du grand réfracteur de Strasbourg de 49 cm d’ouverture. Il va donner par ailleurs la mesure de ses talents d’organisateur en établissant rapidement un projet de reconstruction et d’équipement de l’observatoire, projet qui est adopté par le ministère. C’est à cette époque qu’il fait la connaissance du général FERRIE. En 1923, à la demande de ce dernier, DANJON établit en cinq semaines un avant-projet d’organisation d’un observatoire d’astronomie physique qui va être à l’origine de la création de l’Observatoire de Haute Provence.
A partir de 1928, la carrière d’André DANJON prend un rapide essor. Il soutint sa thèse à Paris en 1928 (recherches de photométrie astronomique) et il est nommé astronome adjoint le 1er janvier 1929. Puis il est nommé Directeur de l’Observatoire de Strasbourg en 1930 et l’année suivante Professeur de la Faculté des Sciences de Strasbourg. En 1935, il est élu Doyen de la Faculté des Sciences.
Malgré les charges administratives croissantes, André DANJON continue à poursuivre ses travaux astronomiques et guide une nombreuse équipe de jeunes chercheurs. Une partie importante de ses travaux porte sur les observations photométriques et en partie sur la photométrie stellaire. Il construit notamment plusieurs photomètres, le plus simple étant celui qu’il a appelé « photomètre à œil de chat ».
André DANJON étudie par ailleurs les observations méridiennes, la précision des résultats obtenus étant alors souvent incertaine. A l’aide de dispositifs, DANJON parvient à augmenter la précision avec laquelle on peut déterminer le passage d’une étoile dans le plan méridien.
Dans un autre domaine, il s’intéresse à la détermination des orbites des étoiles doubles et introduit de nouvelles méthodes. Il réalise notamment lui-même un interféromètre à double image par interférences.
En dehors de ces travaux, Danjon fait de nombreuses observations telles que celles des surfaces planétaires de Vénus et de Mars et des anneaux de Saturne. En 1929, accompagné de ROUGIER, LALLEMAND, il dirige une mission envoyée à l’île de Poulo Condor (Indochine) pour observer l’éclipse totale de soleil du 9 mai 1929.
Il ne cesse par ailleurs de se préoccuper de former autour de lui une équipe de jeunes chercheurs auxquels il prodigue ses conseils et encouragements (COUDER, LALLEMAND, FEHRENBACH, DENISSE, MULLER etc.).
Seconde Guerre mondiale
En 1940, l’Université de Strasbourg est contrainte de se replier en zone libre Clermont-Ferrand. Le Recteur ne pouvant s’y rendre, c’est André DANJON, alors vice-président du Conseil de l’Université de Strasbourg, qui est amené à prendre la direction de l’université. A l’occupation de la zone libre en novembre 1942, les allemands n’admettent pas la reconstitution de Clermont-Ferrand de l’Université de Strasbourg. Un grand nombre de professeurs et d’étudiants sont arrêtés et DANJON, révoqué à la demande des autorités d’occupation, est emprisonné.
A la Libération, revenu à Strasbourg, DANJON est réélu à l’unanimité par ses collèges Doyen de la Faculté des Sciences. Mais peu après, Ernest ESCLANGON étant parti à la retraite, il part à Paris pour le remplacer à la fois comme Directeur de l’Observatoire de Paris et comme professeur d’Astronomie à la Faculté des sciences de Paris. Il amène avec lui la plupart de ses collaborateurs dont André LALLEMAND et Paul MULLER.
Direction de l’Observatoire de Paris et activités institutionnelles et associatives
En 1948, André DANJON entre au Bureau des Longitudes et la même année il est élu membre à la section d’astronomie de l’Académie des Sciences. Il fait partie de tous les Conseils qui siègent au Ministère de l’Education nationale, il préside l’Union Astronomique Internationale, le Comité international des Poids et Mesures, l’Association française de calcul numérique, la Société française de Chronométrie, la Commission d’Astronomie du Centre national de la Recherche scientifique, le Bureau International de l’Heure. Il joue un rôle actif au Bureau des Longitudes où il contribue à la publication de l’Annuaire, à la réorganisation du Service des Calculs et à l‘emploi dans ce service d’une machine électronique. Au Comité des Poids et Mesures il s’occupe de la mesure du temps, de la définition de la seconde, de la définition du mètre à l’aide d’une certaine longueur d’ondes émise par un atome.
A Paris, à Meudon et dans les observatoires de province, André DANJON encourage les travaux intéressants et contribue à leur faire accorder les crédits nécessaires. Il facilite la tâche de ceux qui travaillent près de lui, notamment COUDER dans ses travaux d’optique astronomique et LALLEMAND dans la réalisation et les applications de sa caméra électronique. Il contribue en France au développement de la radioastronomie, encourageant DENISSE et ses collaborateurs à s’engager dans cette voie nouvelle et favorisant la création du grand observatoire radio astronomique à Nançay.
Travaux de recherches et transmission des savoirs
En parallèle, il poursuit de nombreux travaux personnels dans les domaines de la photométrie stellaire, des observations d’éclipses et d’un problème de mécanique céleste. Mais les plus importants ont trait aux variations de la vitesse de rotation de la Terre et à la réalisation de son astrolabe impersonnel dont le prototype est achevé en 1946.Cet instrument permet d’augmenter de façon conséquente la précision des mesures effectuées avec un instrument utilisé depuis longtemps par les astronomes.
André DANJON est également l’auteur de nombreux ouvrages et articles publiés dans diverses revues. Il écrit ainsi « Lunettes et Télescopes » en collaboration avec André COUDER et encore un traité d’« Astronomie générale ». Il contribue par ailleurs à l’Encyclopédie française et à la réédition de l’Astronomie populaire de FLAMMARION et écrit des ouvrages sur « La découverte de Neptune » et sur « Tycho Brahé, sa vie, son œuvre ». Très cultivé il aimait la littérature et il appréciait en connaisseur les œuvres notamment de Stendhal et Chateaubriand.
Fin de carrière
En 1960, DANJON est au sommet de sa carrière. Docteur honoris causa de l’Université de Copenhague, membre associé de la Royal Astronomical Society, correspondant de l’Institut de Bologne, membre honoraire de l’American Astronomical Society, conseiller scientifique à l'OTAN, lauréat de la médaille d’or de la Royal Astronomical Society, commandeur dans l‘ordre des Palmes académiques, titulaire de la médaille d’or du Centre national de la Recherche scientifique, Grand officier de la Légion d’honneur, il était reconnu comme un des plus grands astronomes de son temps.
Mais en 1963, une attaque le paralyse et lui enlève l’usage de la parole et de l’écriture. COUDER assume alors les fonctions de directeur de l’Observatoire jusqu’à l’élection de DENISSE. DANJON parvient par ses efforts à retrouver en partie la possibilité de parler et d’écrire. L’Académie des Sciences voulant lui rendre hommage lui fait attribuer par l’Institut de France l’important prix Jaffé. Mais une rechute se produit et DANJON succombe le 27 avril 1967 à Suresnes (Hauts-de-Seine).
Vie privée
André DANJON se marie alors qu’il est astronome-adjoint à l’Observatoire de Strasbourg. Il aura 4 enfants, 1 fille et trois fils, les deux derniers Paul et André étant des jumeaux nés en décembre 1924. Mais André meurt prématurément d’une méningite le 25 septembre 1942.
Prix et distinctions honorifiques
1929 : Prix BECQUEREL (Académie des Sciences)
1935 : Prix GUZMAN (Académie des Sciences)
1938 : Prix de PARVILLE (Académie des Sciences)
1950 : Prix JULES-JANSSEN
1959 : Médaille d'or du CNRS
1963 : Médaille de l’ADION pour son œuvre scientifique et sa contribution à la coopération internationale en astronomie
1963 : Prix JAFFE pour son œuvre originale et les grands services rendus à l’astronomie.
Grand-officier de la Légion d'honneur
Croix de guerre avec palmes
Commandeur dans l'Ordre des palmes académiques

Informations sur l'acquisition :

Il semble qu’une partie du fonds provienne d’un don d’André DANJON à la bibliothèque de l’Observatoire de Paris, mais aucun document l’attestant n’a été retrouvé.
Les archives déjà classées dans d’autres fonds et portant sur les activités de recherche d’André DANJON sont indiquées en sources complémentaires.
Historique de conservation :
Les archives proviennent de lots conservés dans les magasins de la bibliothèque mais n’ayant jamais fait l’objet de classement (12 cartons et 14 boites archives). Un tri a été réalisé afin de distinguer les archives relatives à la direction de l’Observatoire de Paris (archives publiques) des archives propres à son travail de chercheur (archives publiques et archives privées).

Description :

Évolutions :
Les possibilités d’accroissement sont faibles.
Critères de sélection :
Les doubles ont été extraits et détruits.
Mise en forme :
Le plan de classement a été organisé de façon thématique puis chronologique au sein des parties. Seules les archives relatives aux activités institutionnelles et associatives dans le milieu de la recherche sont classées dans l’ordre alphabétique des organismes puis par ordre chronologique.
Certaines pièces n’étant pas identifiées (ni titre ni date), le réseau des correspondants archives a été sollicité. Ainsi la photographie du petit équatorial avec chambre photographique de MAILHAT (08 AO 059) a été identifiée par Dominique PROUST en mars 2020, des objets célestes (08 AO 087 et 08 AO 090) ont été identifiés par Jean SOUCHAY, Noël ROBICHON et Dominique PROUST en décembre 2018, et les calculs (08 AO 032 et 08 AO 033) ont été identifiés par Philippe LAPORTE en mars 2020.
Par ailleurs, avec l’accord de Lucile SCHIRR, responsable des archives de l’Université de Strasbourg, dont dépend l’Observatoire de Strasbourg, les quelques pièces d’archives relatives à la direction d’André DANJON de l’Observatoire de Strasbourg ont été conservées dans le présent fonds.

Conditions d'accès :

L’ensemble du fonds est librement communicable

Description physique :

Le fonds fait 3 ml, soit 29 boites archives A4 (largeur 0,1 ml) et une boîte archives A3 (largeur 0,1 ml).

Ressources complémentaires :

Observatoire de Paris :
Fonds d'archives
- 07 AO : Fonds de la direction de l’Observatoire de Paris sous André DANJON et intérim d’André COUDER de 1944 à 1963.
- Ms 1060 : Archives de l'Observatoire de Paris (1945-1971).
- Ms 1062 : Fonds du Bureau International de l'Heure (B.I.H.) (1918-1988).
- Ms 1069 : Correspondance Danjon - Papier Couder - Correspondance Fehrenbach (1920-1977).
Fonds iconographiques :
Des photographies de l’Observatoire durant la direction de DANJON et des clichés d’André DANJON sont disponibles sur la bibliothèque numérique.
Archives nationales :
- F/17/21895-F/17/29294 : Fonctionnaires de l’Instruction publique et des Beaux-Arts. Dossiers personnels (1880 à 1968).

Références bibliographiques :

Afin de ne pas alourdir la bibliographie avec des ouvrages généraux sur l’histoire de l’astronomie, ou encore l’histoire de l’Observatoire de Paris-Meudon, nous avons fait le choix de n’indiquer que les livres et articles traitant des activités d’André DANJON. Pour obtenir la bibliographie d’André DANJON en astronomie, le lecteur est invité à effectuer une recherche sur le site internet d’ADS (Astrophysics Data System) et à consulter les notices de titres et travaux d’André DANJON
de BROGLIE Louis, « Notice sur la vie et l'œuvre de André Danjon », dans Publications de l'Institut de France, 1971, n° 34.
CAPITAINE Nicole et DEBARBAT Suzanne, "Colloque André Danjon-Systèmes de référence", 28-30 mai 1990, 1991.
COUDERC Paul, "Danjon (André)", dans Association amicale des anciens élèves de l’École Normale Supérieure, 1969, p. 32-35.
DEBARBAT, « André DANJON. Un astronome visionnaire », dans L'Astronomie, n° 113, février 2018, p. 38-43.
LALLEMAND André, "Notice nécrologique sur André Danjon", dans Comptes rendus de l'Académie des sciences, n° 264, 1967.
LEQUEUX James, « André DANJON, un grand astronome », dans L'Astronomie, n° 104, avril 2017, p. 40-47.
Webographie :

Organisme responsable de l'accès intellectuel :

Observatoire de Paris
61, avenue de l'Observatoire
75014 PARIS
Tel : 01.40.51.21.41
mission.archives@obspm.fr
la.bibliotheque@obspm.fr
Site web :
www.bibli.obspm.fr/ 

Identifiant de l'inventaire d'archives :

FR-920489801_maao_scient_danjon

Où consulter le document :

Observatoire de Paris - Bibliothèque et Archives

Liens