Inventaire d'archives : Maison du roi sous l'Ancien Régime (XVIe-XVIIIe siècles)

Contenu :

INTRODUCTION (de l'édition de 1903 pour O/1/1-O/1/3989)
Sous le titre général de Maison du Roi, la série O/1, qui comprend la plus grande partie des papiers du Ministère de la Maison du Roi jusqu'à la Révolution, avec ceux de l'ancienne Direction des Bâtiments, se divise en neuf parties très inégales :
  • 1. — Le secrétariat de la Maison du Roi [O/1/1 à O/1/749].
  • 2. — Les divers départements des grands officiers de la Maison [O/1/750 à O/1/1044].
  • 3. — La direction générale des Bâtiments [O/1/1045 à O/1/2805].
  • 4. — L'intendance générale dite des Menus [O/1/2806 à O/1/3276].
  • 5. — Le Garde-Meuble [O/1/3277 à O/1/3671 et O/1/3990 à O/1/4004].
  • 6. — La Maison militaire [O/1/3672 à O/1/3699/B].
  • 7. — La Prévôté de l'Hôtel [O/1/3700 à O/1/3712].
  • 8. — Les Maisons des Reines et des Enfants de France [O/1/3713 à O/1/3799].
  • 9. — Le Domaine de la Couronne [O/1/3800 à O/1/3989].
I. — On sait que le secrétaire d'État chargé de la Maison du Roi avait sous sa direction beaucoup d'autres départements, tels que le Clergé, les Affaires générales de la religion prétendue réformée, les Bénéfices, les Dons et brevets, l'administration de divers pays et provinces. Aussi trouve-t-on parmi les pièces de cette première partie de nombreux documents concernant les provinces, les cours du royaume, le clergé,... des édits et déclarations, des lettres de naturalité et de légitimation, des relations de campagnes du roi. Mais le fonds même de la division est constitué par les deux collections chronologiques d'Actes royaux et de Lettres ministérielles, dont les registres sont recouverts encore de leurs somptueuses reliures aux armes des secrétaires d'État, depuis Colbert jusqu'au baron de Breteuil. — En dehors de ces deux séries, ces archives comportent : des minutes de lettres patentes, des décisions financières, des brevets et provisions de charges, des « bons » du roi pour tous les départements de la Maison et des Bâtiments ; des pièces administratives relatives à la ville et la police de Paris ; la correspondance du ministre avec les provinces ; des lettres et des placets adressés par les particuliers, ainsi qu'un certain nombre de dossiers de procès ; des pièces relatives aux affaires ecclésiastiques, à la Bibliothèque du roi, à l'Imprimerie et la Librairie ; le fonds des archives de l'Opéra ; celui, plus considérable, des Pensions sur le Trésor ; enfin les brevets, états et comptes des charges et des dépenses de la Maison du Roi.
II. — Les papiers rangés sous les titres des grands officiers de la Maison sont ceux : du Grand-Aumônier ; du Grand-Maître (comprenant la Chambre aux deniers, ou la Bouche. et le gouvernement des Maisons royales) ; du Grand-Chambellan (comprenant les cérémonies qui dépendaient des premiers gentilshommes de la Chambre, la Garde-robe, les Petits-cabinets, la Musique du roi, la Comédie-Française et la Comédie-Italienne) ; du Grand-Écuyer (avec la Grande et la Petite Écurie, les Haras, les Académies et manèges, les Pages, les Hérauts d'armes...) ; du Grand-Veneur (avec les capitaineries et les chasses) ; enfin du Grand-Maître des cérémonies. — Chacune de ces divisions contient, bien entendu, de nombreux dossiers spéciaux au personnel, si varié à cette époque.
III. — La direction des Bâtiments, sorte de ministère des Beaux-Arts, comprenait, avec les châteaux royaux et les monuments publics, les Jardins, les Arts, les Académies et les Manufactures royales. Cette série est plus complète que toute autre ici, bien que, sauf exceptions, elle ne remonte guère plus haut que 1730. Une première partie, intitulée : Administration générale, comporte des ordonnances, brevets, provisions et « bons » du roi ; ensuite les ordres et lettres du surintendant, puis directeur général ; la correspondance par lui reçue, des lettres et des mémoires sur toutes sortes de questions ; enfin divers états ou dossiers de remboursements et d'acquisitions. La seconde partie comprend spécialement les Châteaux et Bâtiments royaux (correspondance, personnel, travaux et entretien, comptes, acquisitions domaniales pour ces édifices et leurs dépendances) : Blois et Chambord, Choisy, Compiègne, Fontainebleau, Marly, Meudon, Bellevue, Paris (travaux généraux, hôtels, promenades, eaux, École militaire, Louvre, Tuileries, Luxembourg, la Muette, ponts, églises,...), Saint-Cloud, Montceaux, Saint-Germain, Versailles (château, parc, ville, environs, Trianons,...), enfin Vincennes, et même divers monuments, un peu dans toute la France. Cette série considérable renferme dans chacune de ses divisions de nombreux plans, coupes et dessins divers. Un certain nombre des plans ou cartes qui se trouvaient dans ce fonds d'archives ont été, à cause de leurs dimensions, distraits de la série O et placés dans celle des Cartes et Plans (N). Les parties qui suivent comprennent : Les Académies et les Beaux-Arts en général : correspondance des arts, procès-verbaux de l'Académie de Peinture et Sculpture et de celle d'Architecture, papiers de l'Académie de France à Rome, inventaires d'œuvres d'art des châteaux et des musées royaux : — les Carrières ; — les Manufactures de Glaces ; — les Magasins de fournitures des Bâtiments ; — les Manufactures de Tapisseries (Beauvais, Gobelins, Savonnerie) et de Porcelaines ; — la Monnaie des Médailles ; — les Marbres ; — les Pépinières et les jardins des plantes ; — enfin la comptabilité générale et toutes les séries de recettes et dépenses dites « Registres des Bâtiments du Roi », qui remontent, comme celles du Secrétariat, jusqu'à l'année 1668.


IV. — La direction intitulée Argenterie, Menus, Plaisirs et Affaires de la Chambre, et communément appelée « les Menus », comprend plusieurs séries précieuses de recettes et dépenses et de pièces justificatives à l'appui mais qui, sauf la première (qui va, non sans lacunes, de 1667 à 1730 environ), ne remontent pas au-delà de l'année 1760, parce que c'est en somme l'ensemble des papiers et documents de la gestion de Papillon de la Ferté, grand travailleur, qui a laissé, outre sa correspondance générale, une foule de notes, de matériaux et de copies, notamment, ici, celles de maintes descriptions de fêtes et de cérémonies. Divers inventaires d'habits de théâtre, d'effets des magasins des Menus, et des albums de décorations scéniques, terminent la série.
V. — Le Garde-Meuble comprend, avec les ordres d'entrées et de sorties, les inventaires des meubles et effets des Maisons royales, châteaux et bâtiments divers ; ceux des Diamants de la Couronne, des étoffes et tapisseries, de l'argenterie, de la Livrée du roi ; enfin les bons et les comptes de fournitures.
VI. — Sous le litre de Maison militaire, cette série, fort courte d'ailleurs, comprend des dossiers concernant les Gardes du Corps, les Gendarmes de la Garde, les Chevau-légers, les Mousquetaires, les Gardes Suisses, etc.
VII. — Plus courte encore, la série de la Prévôté de l'Hôtel complète les documents de police et de voirie que comportait déjà la division du Secrétariat.
VIII. — La huitième partie est consacrée aux Maisons des Reines de France, c'est-à-dire à leurs actes, brevets, provisions d'offices, et à divers comptes personnels. Les plus anciens de ces dossiers sont ceux de Marie-Thérèse (1676-1679). Plus importants sont ceux de Marie Leczinska [Leszczyńska] et de Marie-Antoinette. Les Enfants de France, c'est-à-dire le Dauphin, fils de Louis XV, et la Dauphine, Mesdames, les nombreux enfants et petits-enfants du Dauphin, sont ensuite représentés par des dossiers analogues.
IX. — Enfin un fonds assez considérable, relatif au Domaine de la Couronne, termine toutes les séries. C'est là que sont conservées les pièces les plus anciennes de ces archives de la Maison du Roi : un assez grand nombre de titres de propriété, venus avec les acquisitions faites par le roi, pour le domaine de Meudon notamment, remontent au X11Ie siècle, quelques-uns même au X11e. Outre ce domaine et ses nombreuses dépendances (Bellevue, Chaville, Clamart, Fleury, Viroflay,...), la série comporte encore des dossiers relatifs à Compiègne, Sèvres, Saint-Cloud, Rambouillet, Versailles, Marly (et toutes les dépendances de Bailly, Bougival, Louveciennes, Guyancourt, La Celle, Montreuil, Vaucresson, Villepreux, etc.), avec des relevés de titres, terriers, censiers, comptes,... Jusqu'au présent inventaire, la série O/1 n'avait jamais été l'objet d'un classement définitif. En effet, si les divisions essentielles avaient été tracées, telles qu'on les a respectées ici, les numérotages successifs des registres et des cartons, prévoyant toujours, pour chacune d'elles, quelque nouvelle insertion de documents, avaient laissé partout des lacunes volontaires, des numéros vacants. Par contre, à la fin de chaque série ou fonds spécial, un nombre plus ou moins grand de cartons, numérotés B, C, D, etc., renfermait des liasses de pièces non classées, destinées à être plus tard réparties dans l'ensemble des cartons précédents. Et ce double procédé témoigne bien de l'état de formation continue dans lequel le fonds de la Maison du Roi a été longtemps maintenu. C'est en effet par une longue succession d'apports que ce fonds est arrivé à son état actuel. Sous le titre d'Archives de la Couronne, il avait été institué par une ordonnance royale du 2 août 1824. On y avait réuni la plus grande partie des Archives de l'ancien ministère de la Maison du Roi, en y joignant les papiers de la direction générale des Bâtiments et ceux du Domaine de la Couronne. Sur ce premier noyau, grossi normalement par les papiers de l'actuelle Maison du Roi, se greffèrent successivement les papiers de l'Intendance générale de la Maison ou de la Couronne sous le premier Empire, ceux de l'Intendance générale de la Liste civile sous la Monarchie de Juillet, enfin ceux du ministère de la Maison de l'Empereur sous le second Empire. Une partie notable de ce fonds appartenait aux Archives depuis leur création, mais deux versements surtout l'accrurent et le complétèrent : celui de 1848 (qui ne comprenait pas moins de 14 000 liasses ou registres) et celui de 1870. Aussi cette masse considérable de pièces a-t-elle passé plus d'une fois par de complets remaniements. D'abord plusieurs séries très importantes en furent distraites à différentes époques et placées sous d'autres cotes. L'administration des divers pays et provinces qui dépendaient de la Maison du Roi a passé dans la série H. Les papiers des Apanages des princes (Provence, Artois, Orléans) ont reçu la lettre R. Plus tard, les Affaires du Clergé furent insérées dans la série G/9, et les papiers des Religionnaires fugitifs classés sous la cote TT. En revanche, des documents appartenant à d'autres séries des Archives furent, à diverses reprises, versés dans le fonds nouveau, notamment d'importantes collections de la série F/13 (Travaux publics), et quelques autres dans la série E (Mélanges des Conseils). D'autre part, le fonds même de la Maison du Roi n'a pas toujours été désigné par la même cote. Jusqu'en 1854, il portait la lettre E, comme le Conseil d'État, et ce n'est qu'entre 1855 et 1857 que la lettre O lui fut attribuée. Mais sous cette cote unique, tout l'ensemble des documents portait également une numérotation unique (de 1 à près de 19 000), et avait été réparti, sans distinction de régimes, selon les principaux services : grands officiers, manufactures, garde-meuble, etc. Il y avait ainsi quinze parties (O/1 à O/15) et ce n'est qu'en 1868 que les grandes divisions actuelles ont été fixées, une cote spéciale distinguant chaque régime. Dès lors, O/1 désigna tout le fonds de l'Ancien Régime, O/2 celui de la Maison de l'Empereur, O/3 et O/4 ceux de la Maison du Roi sous la Restauration et sous le Gouvernement de Juillet. Plus tard, O/5 fut naturellement créé pour recevoir les papiers de la nouvelle Maison de l'Empereur, sous le second Empire. Mais les souvenirs de la confusion première ont subsisté longtemps. Longtemps et au cours même du précédent travail, soit dans les autres parties de la série O, soit ailleurs, des dossiers ont été retrouvés, qu'il fallait absolument rapprocher et réintégrer dans la série déjà classée. De là, jusqu'au dernier moment, des remaniements forcés, qu'on a restreints le plus possible, mais qui ont amené d'assez nombreux changements de cotes, au moins dans les cartons. Devant la nécessité du rapprochement de ces pièces retrouvées après coup, de la répartition dans vingt ou cinquante endroits divers de toutes les liasses surajoutées en fin de série depuis trente ans — et celle de ne plus laisser de lacunes et de numéros « pour mémoire » dans un classement définitif —, il a paru qu'il n'était pas moyen de prendre un parti différent. Dans son état actuel, la série O/1 comprend 3989 numéros, mais qui, en tenant compte des lettres doubles et de quelques séries intercalaires, atteignent le chiffre total de 2905 registres et de 1234 cartons, soit 4139 articles. [A noter : depuis 1903, de nombreux articles archivistiques ont été intégrés au sein de O/1, en particulier un supplément formé de 15 registres de copies d'inventaires du Garde-Meuble de la Couronne réalisées au XIXe siècle et cotés O/1/3990 à O/14004]. — Comme pour les autres séries du même fonds, le numérotage mélange ces cartons et ces registres, sans distinction de cote, ce qui a permis un classement plus logique. Dans le répertoire numérique qui suit, l'astérisque placé avant un numéro indique qu'il s'agit d'un registre. [A noter : lors de la dématérialisation de cet instrument de recherche, l'identification des registres par un astérisque n'a pu être maintenue].







On voit assez, par le court exposé qui précède, de quel prix pourra être pour le chercheur le répertoire de ce précieux ensemble de documents qui constitue la série cotée O/1. La Cour et la ville, le mouvement artistique et celui des théâtres, les fêtes publiques et les monuments, les musées et les manufactures, les forêts et les chasses, la police et ce monde d'officiers ou d'ouvriers de tous arts qui, de près ou de loin, touchait à la « Maison » du roi, tout le XVIIIe siècle brillant et somptueux est là ; et bien que ces papiers aient été souvent consultés, que plus d'un beau livre ait publié la substance de quelques-uns d'entre eux, leur intérêt est loin d'être émoussé, et l'attrait de curiosité qui s'en dégage ne s'effacera pas de longtemps.
Henri de Curzon

Cote :

O/1/1-O/1/4051

Publication :

Archives nationales
1903-2023

Informations sur le producteur :

France. Maison du roi (1578-1791)
France. Secrétariat d’État de la Maison du roi (1570-1791)

Localisation physique :

Paris

Identifiant de l'inventaire d'archives :

FRAN_IR_000090

Liens