Inventaire d'archives : Cabinet du ministre de l'Instruction publique (1940-1944, 1950)

Contenu :

Introduction
Bien que déjà analysés dans l'Etat sommaire des versements, supplément aux T.I, II et III, Paris, 1962, pp. 395 à 398, ces dossiers, en raison de leur importance historique et, partant, de l'intérêt qu'ils suscitent auprès des chercheurs, ont fait l'objet d'un nouveau travail d'inventaire. Le parti a été pris de rédiger des analyses détaillées de chaque article, sans toutefois modifier l'ordre de classement initial des cartons et des dossiers ; aussi les références données dans les ouvrages parus antérieurement à cette publication demeurent-elles valables. Cependant, le souci de faire apparaître la structure originelle du fonds en rapprochant les dossiers de même nature a conduit à multiplier les notes infrapaginales.
L'ensemble des dossiers inventoriés ici provient de cabinets ministériels ; de plus, tous les articles, à l'exception de F17 13334 , portent sur la Seconde Guerre mondiale. Ils ont été produits par l'Etat français (F17 13336 à 13395), le Comité français de Libération nationale (F17 13335) et le Gouvernement provisoire de la République française (F17 13333).
Proposition de la commission nationale des économies de réduire le budget de l'Education nationale, 1950.
1- F17 13333. Gouvernement provisoire de la République française, recherche des crimes de guerre. 1944-1945.
Un "Livre noir" prévu à la Libération devait recenser les crimes commis par les Allemands sous l'Occupation grâce aux témoignages des instituteurs, professeurs et élèves. Il serait intéressant de comparer ces textes, rédigés après la libération du territoire, avec les rapports transmis pendant l'Occupation au cabinet du ministre par les proviseurs et les recteurs (F17 13379, 13384 à 13386).
2- F17 13335. Comité français de la Libération nationale, papiers Louis Sabatié. 1943-1945.
Louis Sabatié, né en 1896, membre du mouvement de Résistance "Combat" et enseignant, obtient en 1943 sa mutation pour Alger. Inspecteur d'académie en novembre, il se met dès le 1 décembre à la disposition du commissaire à l'Education nationale du Comité français de la Libération nationale et est nommé chef de cabinet, puis directeur de l'enseignement du premier degré. A la Libération, il devient chef de cabinet du ministre de l'Education nationale René Capitant. er
Des archives de Louis Sabatié - plusieurs malles d'osier en août 1944, selon l'un des documents conservés ici - ne subsistent que ces quelques dossiers, témoins des projets scolaires élaborés par le gouvernement d'Alger et mis en oeuvre à la Libération.
3- F17 13336 à 13395. Etat français, cabinet Abel Bonnard et papiers Maurice Roy. 1941-1944.
Les archives du cabinet d'Abel Bonnard, dernier ministre de l'Education nationale de l'Etat français, ont été prises en juin-juillet 1945 au ministère par Charles Braibant, inspecteur général des Archives de France, et versées aux Archives nationales.
Elles sont composées, pour une part (F17 13336 à 13372), des archives du ministre ainsi que du reliquat des dossiers de ses conseillers et, pour une autre part (F17 13373 à 13395), de la quasi totalité des papiers de Maurice Roy, chargé de mission auprès des ministres Carcopino et Bonnard (1941-1944).
entre en fonctions le 18 avril 1942, dans le gouvernement de Pierre Laval. C'est un curieux personnage : la soixantaine, notoirement homosexuel, il vit avenue Mozart près de sa vieille mère et de son frère Eugène, auxquels ses responsabilités lui permettent d'accorder des rations supplémentaires de charbon et de nourriture. Poète et essayiste, académicien depuis 1932, il s'est signalé avant la guerre par des prises de position fascisantes (cf. Le drame du présent : les modérés ... Grasset, 1936). Abel Bonnard
Sur Abel Bonnard (1883-1968), voir le très bon portrait qu'en a tracé W.-D. Halls, in Les jeunes et la politique de Vichy, Paris, 1989, pp. 49-55. ; Céline dans D'un château l'autre relate leur vie à Siegmaringen en 1945 : il y soignait Mme Bonnard.
Il apprécie et pratique un style littéraire riche, imagé, aux longues périodes bien balancées. La lecture de ses innombrables notes manuscrites montre qu'il travaille sa prose en griffonnant sans relâche mots d'esprit, formules frappantes et images pittoresques. Sans qu'il soit question de faire ici oeuvre de critique littéraire, force est de constater que le style du ministre, remarquable quand il s'applique à des discours d'inauguration, se révèle totalement inadapté en matière de textes réglementaires. Abel Bonnard a en effet le mérite de rédiger lui-même la plupart des circulaires de portée générale qui émanent de son département.
Politiquement, il apparaît très proche des collaborationnistes, mais n'est en aucune façon un théoricien. De même, les buts qu'il poursuit en matière d'éducation s'appuient sur quelques idées simples : la primauté donnée à l'enseignement non confessionnel, la nécessité d'une jeunesse saine à tous égards et solidement encadrée, la valeur des métiers traditionnels...
Abel Bonnard soutient sans ambages la politique de l'occupant allemand : il prône le travail obligatoire en Allemagne y compris pour les étudiants, encourage les organisations de jeunesse de type fasciste comme les "Jeunes de l'Europe nouvelle", du groupe Collaboration, ou les "Jeunes du Maréchal", fondé par Jacques Bousquet, son premier directeur de cabinet). Ministre chargé des Arts et Lettres, il contribue à resserrer les liens culturels entre la France et l'Allemagne en organisant des conférences pseudo-historiques, en recevant le sculpteur Arno Breker, ou en encourageant le don du retable de l'Agneau mystique de Peter Van Eyck au maréchal Goering.
Le ministre choisit pour constituer son cabinet des hommes neufs, sans expérience de l'activité ministérielle, et dont l'idéologie est souvent fortement teintée de collaborationnisme. Des modifications sont intervenues dans la composition du cabinet en mai et septembre 1942, ainsi qu'à l'automne 1943, qui n'affectent pas la politique générale du département. Chacun des membres du cabinet et chargés de mission se voyait confier un domaine spécifique d'intervention : ainsi l'enseignement agricole au chef-adjoint Marcel Giraudet, la formation professionnelle au chef puis directeur-adjoint Maurice Gaït, les relations avec l'occupant à Maurice Roy, chargé de mission. La lecture des dossiers permet de tracer le portrait des membres de l'entourage d'Abel Bonnard :
. Inspecteur de l'enseignement primaire, chargé de mission au cabinet du ministre pour les problèmes de librairie et d'édition ; s'occupe également de l'édition du Bulletin national de l'enseignement primaire. Jean-Jacques Beaucomont
. Professeur au lycée Voltaire, il lance le mouvement "Les Jeunes du Maréchal". A partir d'octobre 1941, directeur de l'école des cadres de la Chapelle-en-Serval. Directeur de cabinet de Bonnard jusqu'en mai 1942 et responsable des problèmes relatifs à la jeunesse, puis inspecteur général de l'Education nationale en juin. Proche des collaborationnistes parisiens. Jacques Bousquet
Couissin. Membre du conseil supérieur de l'Education nationale jusqu'en mai 1942, il est alors nommé directeur de l'école normale supérieure de Saint-Cloud et inspecteur général. Directeur-adjoint du cabinet jusqu'au 19 mai 1942.
. Né le 13 juin 1909 à Marseille, normalien, agrégé de philosophie. De 1940 à avril 1942, directeur de l'école nationale des cadres civiques. Chef du cabinet jusqu'au 20 septembre 1942, puis directeur-adjoint et attaché de presse jusqu'au 31 décembre 1943. Commissaire général à la Jeunesse en 1944. Spécialiste de la formation professionnelle et de l'éducation générale. Maurice Gaït
. Né en 1915, d'origine corse. Rédacteur au ministère de l'Intérieur pendant un an, puis recruté sur titres comme commissaire de police. Devient secrétaire du sous-directeur des renseignements généraux à Vichy. Rencontre Bonnard ou Mouraille pendant l'été 1943, qui lui propose la fonction de chef du secrétariat particulier (arrêté du 15 octobre 1943). Il reste à ce poste jusqu'à la Libération. Jean Georges était en réalité un agent de la Résistance, chargé de surveiller Bonnard. Il est en effet présent à la Libération lors de la prise du ministère et est cité comme membre du réseau de la police nationale "Ajax" . Jean Georges
Cf. 72 AJ 35 et 57, F1b1 1076.
. Né en 1888, agrégé de grammaire, professeur au lycée Buffon jusqu'en mai 1942, puis directeur du cabinet du 19 mai 1942 à janvier (ou août) 1944. A partir du 1er décembre 1942, inspecteur général de l'Education nationale et directeur de l'école normale supérieure de Saint-Cloud. René Georgin
. Professeur de lettres et de grammaire. Chargé de mission, puis, de début juin 1942 à la Libération, chef-adjoint du cabinet (arrêté du 3 août Marcel Giraudet
1942). Chargé des oeuvres scolaires, de l'enseignement agricole, des évacuations et de l'enseignement primaire.
. Instituteur, membre du Cercle Fustel de Coulanges, chef-adjoint du cabinet jusqu'à sa démission au début du mois de juin 1942. Serge Jeanneret
. Instituteur attaché au cabinet de 1942 à 1944. Peut-être chef de cabinet en 1944. André Lavenir
. Agrégé. Chef du cabinet à partir du 20 septembre 1942. Peut-être remplacé par Lavenir en janvier 1944. Jean Mouraille
. Né en 1913, homme de lettres. Chef du secrétariat particulier d'A. Bonnard jusqu'en septembre 1943, il s'occupe particulièrement des problèmes d'édition. Ses fonctions lui permettent de rédiger ses ouvrages (ainsi un Claude de France) ; elles l'aident aussi à trouver du papier pour les faire imprimer et du cuir pour la reliure ! A la Libération il poursuit ses travaux sur les débouchés professionnels : il est le fondateur du Guide Néret des carrières, annuel, et des éditions du même nom. Il est décédé en 1986. Jean-Alexis Néret
Les articles F17 13373 à 13395 rassemblent les dossiers de . Né en 1888, ce professeur d'allemand au lycée Saint-Louis devient inspecteur d'académie (1940), puis inspecteur général de l'Education nationale (1941). Chargé de mission auprès des ministres Carcopino et Bonnard pour traiter avec l'administration allemande, il transmet à celle-ci les textes législatifs et réglementaires, dont la parution au Journal Officiel nécessite un visa allemand préalable, et communique à la Délégation générale du gouvernement dans les territoires occupés les rapports d'activité du ministère. Maurice Roy
Il joue un rôle d'intermédiaire dans le règlement de toutes les affaires délicates : situation de l'Université de Strasbourg repliée à Clermont-Ferrand, censure des livres scolaires, service du travail obligatoire, convois de vacances interzones... Il gère, pour transmission à la Délégation française auprès de la commission allemande d'armistice, les dossiers relatifs aux mesures arbitraires prises par les Allemands (réquisitions, pillages, arrestations et condamnations), et tient à jour un fichier des personnes arrêtées, emprisonnées ou condamnées. A la Libération il a communiqué ce fichier au ministère des Prisonniers de guerre, Déportés et Réfugiés.
Il faut enfin signaler que Maurice Roy est intervenu auprès des autorités allemandes en faveur de chacun des professeurs ou élèves arrêtés ou condamnés arbitrairement.
Les vingt trois cartons d'archives de l'inspecteur Roy sont donc particulièrement utiles pour apprécier l'ampleur des exactions allemandes, l'état d'esprit des recteurs, des enseignants et des étudiants, mais aussi l'attitude ambiguë du ministère de l'Education nationale envers les occupants sous Carcopino mais plus encore, sous Bonnard.
SOMMAIRE
F 13333 à 18059 17
F 13333 à 13395. Cabinet du ministre. 1940-1944, 1950. 17
F 13396 à 14775. Voir Etat général des fonds, t. II, p. 330-335. 17
F 14776 à 15000. Haut commissariat à la Jeunesse et aux Sports. 1945-1960. 17
F 15001 à 15268. Cotes vacantes. 17
F 15269 à 15723. Statistiques. 1948-1964. 17
F 15724 à 15725. Cotes vacantes. 17
F 15726 à 16053. Cabinet du ministre. 1921-1965. 17
F 16054 à 16493. Distinctions honorifiques. 1892-1963. 17
F 16494 à 16543. Cotes vacantes. 17
F 16544 à 16992. Direction de l'administration générale. 1892-1964. 17
F 16993 à 17129. Cotes vacantes. 17
F 17130 à 17498. Sciences et Lettres, XIXè-XXè siècles : voir Etat général des fonds, t. II, p. 335. 17
F 17499 à 17514. Réformes et projets de réformes. 1922-1961. 17
F 17515 à 17538. Cabinet du ministre. 1941-1956. 17
F 17539 à 17544. Commissions Philip et Boncour. 1944-1951. 17
F 17545 à 17547. Service universitaire des relations avec l'étranger et l'Outre-mer. 1873-1971. 17
F 17548 à 17578. Direction de l'administration générale. 1891-1959. 17
F 17579 à 17775. Direction de l'enseignement supérieur. 1846-1969. 17
F 17776 à 17837. Direction de l'enseignement du second degré. 1864-1969. 17
F 17838 à 17842. Direction de l'enseignement primaire. 1936-1959. 17
F 17843 à 17955. Direction de l'enseignement technique. 1872-1964. 17
F 17956 à 17958. Direction de l'hygiène scolaire et universitaire. 1943-1961. 17
F 17959. Enfance inadaptée. 1945-1964. 17
F 17960 à 18016. Bibliothèques. 1920-1970. 17
F 18017 à 18055. Direction de l'enseignement supérieur. Supplément. An XII-1957. 17
F 18056 à 18059. Direction de l'enseignement technique. Supplément. 1937-1958. 17
F 18060 et 18061. Y. Delbos, ministre 1948-1950 17
Annexe : Table de concordance entre le cotes F bis/F ter et les cotes F ou cotes C.A.C. 171717

Cote :

F/17/13333-F/17/133395

Publication :

Archives nationales
XXe siècle

Localisation physique :

Pierrefitte

Identifiant de l'inventaire d'archives :

FRAN_IR_005513

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