La sous-série 5 M regroupe d'abord les documents ayant trait à la police sanitaire, aux organismes mis sur pied pour assurer la protection de l'hygiène publique, pour lutter contre les épidémies, au personnel administratif et médical. Les dossiers des établissements insalubres constituent ensuite une part volumineuse de la sous-série 5 M.

Les premières liasses (5 M 10-37) de la sous-série 5 M précèdent les dossiers sur les eaux minérales, thermales et établissements thermaux, nombreux dans le département des Landes . Une documentation non négligeable (5 M 39-62) présente les eaux et établissements non seulement de Dax, cité gallo-romaine - dont les sources chaudes ont été utilisées de tout temps, pour le traitement des rhumatismes et qui est devenue, depuis un siècle (travaux des docteurs Larauza et Delmas-Marsalet) une ville thermale florissante - mais aussi des stations voisines, comme Gamarde, Préchacq, Tercis ou Saubusse ; celle d'Eugénie-les-Bains, commune fondée sous le Second Empire, doit être séparée de ce groupe : on y soigne en effet de préférence les maladies du tube digestif et de la nutrition. On pourra consulter aussi avec profit les liasses sur l'hygiène (5 M 76-124) et surtout les épidémies (5 M 125-138), en particulier l'enquête sur les maladies habituelles du département et l'influence du climat sur ces maladies (5 M 126), et enfin la vaccination (5 M 146-187).

Les écrits du début du XIX° siècle présentent la Grande Lande, comme une région déshéritée où les habitants, rabougris et peu résistants, " cultivent des sables, des déserts arides qui cependant sont couverts d'eaux stagnantes pendant l'hiver " . . . et lui opposent "la riante Chalosse avec ses côteaux couverts de vignes et ses vallées riches de blés et de maïs " . . . (délibérations du Conseil Général). Même s'il se révèle nécessaire de nuancer de telles affirmations, il faut cependant constater avec le premier préfet Méchin la diminution de la population, d'après les statistiques officielles. Et la principale raison évoquée incombe au manque d'hygiène - épidémies de variole - et à l'ineptie des officiers de santé . Pour y remédier, la " vaccine " tend à se développer dans le département sous l'impulsion notamment du docteur Jean Thore (1762-1823), nommé médecin-chef des hôpitaux de Dax, qui a été mêlé au mouvement scientifique du Sud-Ouest au début du XIXe siècle, et de celle de J .-A . Dufau, médecin à Mont-de-Marsan ; des conseils d'hygiène étaient fréquemment donnés dans le Journal des Landes ; des cours d ' accouchement étaient donnés à l'hôpital de Dax.

Enfin, les dossiers des établissements insalubres, devenus dossiers des établissements classés pour la protection de l'environnement, permettent de suivre la progression de l'industrialisation dans le département et sont une source pour l'histoire économique et des techniques.

Au XIXe siècle, le département des Landes avait en outre cette particularité de posséder, surtout dans la lande, un assez grand nombre de petites industries peu communes. Il convient de souligner l'intérêt que présentent les dossiers (5 M 203-350) des établissements insalubres, dangereux et incommodes même s'il faut compléter les données par les liasses de la sous-série 9 M (Industrie) et surtout par celles des sous-séries 7 S (Service hydraulique) et 8 S (Mines et énergie) souvent accompagnées de plans remarquables par leur précision et leur qualité. Certes, les résines et autres dérivés du pin ont toujours été exploités dans cette région qui comptait déjà, bien avant le milieu du XIXe siècle, comme le prouve la carte de Belleyme (fin XVIIIe siècle), des plantations de pins - pignadas - , notamment le long de la côte Atlantique et en bordure de rivières ou ruisseaux. Mais les exploitations forestières (scieries) et produits résineux (distilleries) se sont multipliés après la loi du 19 juin 1857 qui est à l'origine de la mise en valeur des Landes de Gascogne, par la création sur les trois quarts du département d'une dense forêt de pins. Le temps de l'" Arbre d'Or" devait se poursuivre jusqu'à la crise de 1929 et jusqu'à l'apparition des dérivés du pétrole comme le "White Spirit". Le bois de pin est lui-même concurrencé : dès 1924, les propriétaires forestiers, regroupés dans la société des " Papeteries de Gascogne " fondaient la première papeterie, bientôt suivie, en 1928, par les "Papeteries landaises " de Roquefort, usines qui se consacraient surtout à la fabrication du papier "Kraft" et qui fournissaient ainsi un nouveau débouché aux forêts de pins. Au siècle dernier, la conjoncture de minerais de fer et de forêts, pour le charbon de bois, avait été mis à profit par des maîtres de forges. Le département ne comptait que deux forges en 1800 mais pouvait s'enorgueillir de 15 hauts-fourneaux en 1874. Cependant dès 1880, la faible importance des gisements a entraîné progressivement la fermeture de la plupart des hauts-fournaux. Seules n'ont vraiment survécu après la Grande Guerre que les forges de l'Adour, véritable entreprise sidérurgique implantée en 1882 (fermées en 1964), et celles d'Uza (jusqu'en 1881).

On trouvera également dans ces dossiers des précisions non négligeables sur d'autres petites industries :

- les tanneries, nombreuses à Mont-de-Marsan et Dax,

- la faïencerie de Saint-Vincent-de-Xaintes (5 M 208) ; par contre il n'existe guère de documents sur celle de Samadet qui n'a fermé ses portes qu'en 1835,

- les sept verreries, proches les unes des autres et toutes situées entre Mont-de-Marsan et Labouheyre (au nord-ouest),

- les poteries : une statistique en dénombre 65 avant 1850 dont 25 dans la seule petite commune du Marsan, Castandet (5 M 235),

- la fabrication des bouchons, grâce au chêne-liège, à Soustons, Vieux-Boucau et surtout celle "des paillons", l'une des activités les plus originales du département.

En 1910, on comptait, en effet, une soixantaine d'établissements qui employaient du personnel féminin chargé de fabriquer des enveloppes de paille, "paillons ", pour les bouteilles (de Bordeaux ou de Cognac). Après la première Guerre mondiale, on enregistrait une diminution des demandes et cette production devait finalement s'interrompre.

Les autres liasses concernant les établissement insalubres présentent moins d'originalité : tueries, abattoirs, explosifs, tuileries, liquides inflammables, fonderies de suif, etc.