Inventaire d'archives : Fonds Henri Rol-Tanguy (1908-2002)

Contenu :

Structure et contenu du fonds
Les archives de Henri Rol-Tanguy ont été structurées en huit grandes parties qui suivent le déroulement de sa vie et forment trois entités. La première prend sa source dans la période de l'avant-guerre, avec d'abord les papiers à caractère personnel, qui, au-delà de toute périodisation, font l'objet d'un regroupement typologique (672AP/1-17), puis les archives du temps de l'usine, où il fut apprenti puis ouvrier métallurgiste de 1922 à 1936 (672AP/18), enfin les documents en relation avec son engagement au service de la République espagnole, déterminant pour ses fonctions militaires ultérieures (672AP/19-26). La deuxième prend forme autour de Henri Rol-Tanguy résistant, d'abord en tant que résistant FTP puis comme chef régional FFI pour la région parisienne (672AP/27-41), pour évoquer ensuite la mémoire de la Seconde Guerre mondiale (672AP/42-71). La troisième enfin est consacrée à la vie de Henri Rol-Tanguy après 1945, articulée d'abord autour de sa vie professionnelle dans l'armée de métier (672AP/72-77), puis de son engagement communiste (672AP/78-89), accompagné d'une intense activité de lectures et de documentation, où la dimension mémorielle garde toute sa place (672AP/90-115).
Tous ces documents, se répondant d'un chapitre à l'autre, dessinent le riche parcours d'un combattant et d'un militant. Ils éclairent ses engagements, les batailles qu'il eut à mener, les relations entretenues avec ses compagnons de lutte, ses rapports à la mémoire et à l'histoire. Ils fournissent enfin des pistes prometteuses sur des événements déterminants de l'histoire du XXe siècle, qu'il s'agisse de la guerre civile espagnole, de la Seconde Guerre mondiale ou du contexte troublé de la guerre froide.

Cote :

672 AP/1-672 AP/115

Publication :

Archives nationales
2011

Informations sur le producteur :

Rol-Tanguy, Henri
Rol-Tanguy, Henri (1908-2002)
1908-1929
Henri Tanguy, fils de Mathilde Bizien, blanchisseuse, est né à Morlaix le 12 juin 1908. Son enfance se passe d’abord à Brest puis à Toulon où son père adoptif, Anatole Tanguy, officier de marine, est affecté de 1913 à 1918. La famille revient à Brest en 1919. C’est là que Henri Tanguy passe son certificat d’études, occupe ses premiers emplois et développe une sensibilité aux questions sociales. Fin 1923, il suit sa mère qui s’installe à Paris. D’abord apprenti, puis ouvrier métallurgiste, il travaille successivement dans plusieurs entreprises. Lors de son emploi aux usines Renault (avril 1925-mai 1926), il adhère aux Jeunesses communistes et à la CGTU. Sans militer très activement, il est cependant licencié pour fait de grève. De 1923 à 1929, il consacre tous ses loisirs au club de vélo dont il est membre. En 1929-1930, il fait son service militaire à la compagnie de mitrailleuses du 8e régiment de zouaves, près d’Oran, d’où il revient avec la qualification de « combattant d’élite ».
1930-1939
De septembre 1930 à décembre 1935, Henri Tanguy est ouvrier métallurgiste qualifié aux usines Berliet. Les événements de février 1934 font de lui un militant très actif, à la CGTU puis à la CGT réunifiée, au comité Amsterdam Pleyel, au Parti communiste auquel il adhère en cette même année. Licencié en décembre 1935 suite à une grève, puis d’un autre emploi en octobre 1936, il est coopté permanent de la commission exécutive du Syndicat des métaux CGT de la Seine en novembre 1936. Volontaire pour rejoindre les Brigades internationales, il part effectivement en Espagne en février 1937 et est nommé commissaire politique à l’arsenal d’Albacete. Il revient en France en octobre 1937 pour la brève période militaire alors obligatoire pour les soldats du contingent. De retour en Espagne en février 1938, il se retrouve commissaire politique du bataillon d’instruction des Brigades, puis est envoyé au front en mai comme commissaire politique de la 14e Brigade, qui participe en juillet à la bataille de l’Ebre. Expérience décisive pour Henri Tanguy, qui y confirme ses aptitudes militaires. C’est en hommage au commandant de l’un des bataillons de la Brigade, Théo Rol, tué au combat le 8 septembre 1938, que Henri Tanguy prend en 1944 le pseudonyme de Rol. Après le retrait des Brigades décidé par le gouvernement espagnol en septembre 1938, il revient au Syndicat des Métaux. En novembre 1936, Henri Tanguy a fait la connaissance de Cécile Le Bihan, née le 10 avril 1919, dont le père est un militant syndicaliste et communiste très actif, et qui vient d’être embauchée comme dactylo au Syndicat des métaux. Elle-même, membre de l’Union des jeunes filles de France (UJFF), adhère au Parti communiste en janvier 1938. Henri Tanguy et Cécile Le Bihan se marient le 15 avril 1939.
1939-1945
Mobilisé en septembre 1939, Henri Tanguy est affecté dans l’infanterie comme armurier, à Brest, puis en Lorraine (fin novembre), enfin à Rivesaltes (mai 1940), d’où son régiment rejoint la zone des armées dans le Cher. Il est démobilisé dans la Creuse le 16 août. Il ne sait alors rien des fluctuations de la politique du Parti communiste depuis sa dissolution en septembre 1939. Il reprend contact avec ses camarades des Métaux dès son retour à Paris grâce à Cécile et participe à la mise en place des premiers comités populaires dans les usines de la région parisienne. Il passe dans la clandestinité le 5 octobre 1940, suite à la vague d’arrestations de militants dans la région parisienne. En mars 1941, il est désigné par le Parti communiste responsable politique du triangle de direction, dans Paris, de l’une des régions qui composent l’interrégion parisienne du PC (Seine, Seine-et-Oise, Seine-et-Marne). En juillet 1941, Henri Tanguy est appelé, comme ancien brigadiste, à participer à la lutte armée, dont l’organisation se met peu à peu en place et devient les Francs-tireurs et partisans (FTP) en février 1942. Jusqu’à la Libération, Cécile Tanguy est à la fois sa secrétaire et son principal agent de liaison. Lui-même est d’abord responsable militaire des deux premiers triangles de direction de l’interrégion parisienne (été 1941-septembre 1942), responsable politique de l’interrégion Anjou-Poitou (septembre 1942-avril 1943), puis de la région parisienne (avril-août 1943). En août 1943, il est affecté au Comité d’action contre la déportation (CAD). La résistance n’empêche pas le maintien de la vie familiale : deux enfants naissent pendant la clandestinité – deux autres verront le jour après la guerre. Fin 1943, Henri Tanguy est désigné pour représenter les FTP dans les Forces françaises de l’intérieur (FFI) en cours de constitution : il est à l’état-major d’une vaste région comprenant entre autres la région parisienne. Début juin 1944 , Henri Tanguy devient chef régional de la région P1 (Seine, Seine-et-Oise, Seine-et-Marne, Oise) avec le grade de colonel. Suivant de très près le mouvement des troupes alliées et notamment celui de la 2e DB du général Leclerc, secondé par un état-major qualifié, il prépare la libération de la région et dirige l’insurrection de Paris. Il cosigne le 25 août avec le général Leclerc un exemplaire de l’acte de reddition du général von Choltitz. Le 3 septembre 1944, Henri Tanguy, désormais Henri Rol-Tanguy, entre à l’état-major du général Kœnig, gouverneur militaire de Paris. Il y est chargé de préparer l’intégration des FFI dans l’armée. Il s’engage dans l’armée le 26 octobre, suit en janvier 1945 un stage de perfectionnement des officiers supérieurs à Provins, est mis en mars à la disposition de la 1e Armée du général de Lattre de Tassigny et rejoint le 6 avril en Alsace le 151e régiment d’infanterie, produit de l’amalgame FFI/1re Armée. Officier supérieur stagiaire adjoint du commandant du régiment, il fait la campagne d’Allemagne à ce poste, qu’il occupe jusqu’à la fin de la guerre. En juin 1945, le général de Gaulle le fait Compagnon de la Libération.
1945-1962
Régularisé comme officier d’active en décembre 1945, son grade de lieutenant-colonel officialisé le 15 mars 1946, Henri Rol-Tanguy est successivement affecté dans plusieurs unités de juillet 1945 à janvier 1952. De cette période ressortent surtout sa fonction d’adjoint au gouverneur militaire de Coblence (juillet-octobre 1945), sa nomination comme chef de corps au 27e Régiment d’infanterie à Villefranche-sur-Mer puis à Dijon (18 février 1946-15 mars 1947), son affectation à l’État-major comme chef du 3e bureau et officier de garnison à la subdivision du Mans de la région militaire de Rennes. Avec la guerre froide, la volonté des gouvernants d’éliminer les officiers issus du Parti communiste le frappe alors, bien qu’il n’ait eu aucune activité politique depuis son engagement dans l’armée. En janvier 1952, il est relégué au Dépôt central des isolés de Versailles et reste dix ans sans aucune affectation. Il consacre alors en partie son temps au perfectionnement, hors de l’armée, de la formation militaire d’officiers communistes relégués comme lui à Versailles. En juin 1962, Henri Rol-Tanguy est mis à la retraite.
1962-2002
Dès sa mise à la retraite, Henri Rol-Tanguy milite à nouveau immédiatement au Parti communiste. Il est élu membre du Comité central en mai 1964 lors du 17e Congrès du PCF et sera responsable à ce titre de quelques fédérations départementales jusqu’en 1979. Il participe également aux réunions de la commission militaire du parti. Il quitte le Comité central à sa demande en 1987. Dans l’Amicale des anciens volontaires en Espagne républicaine (AVER), dans l’Association nationale des anciens combattants de la Résistance (ANACR), comme dans les rangs du Parti communiste, l’activité militante de Henri Rol-Tanguy est très largement consacrée à faire connaître les hommes, la mémoire et l’histoire de ses deux engagements majeurs, d’ailleurs associés dans le patronyme de Rol-Tanguy, officiellement accordé à la famille en 1970 : le combat pour la République espagnole et la Résistance. En août 1994, à l’occasion du 50e anniversaire de la Libération de Paris, l’attribution de la Grand Croix de la Légion d’honneur par le Président de la République souligne l’importance de son engagement résistant. Le titre d’ancien combattant reconnu aux brigadistes en 1996 par l’Assemblée nationale à l’occasion du 60e anniversaire de la guerre d’Espagne marque par ailleurs la reconnaissance officielle du volontariat en Espagne. En juillet 2002, à quelques semaines de sa disparition, les remises de croix d’officier de la Légion d’honneur à deux de ses camarades résistants sont les tout derniers gestes militants d’Henri Rol-Tanguy. Il décède le 8 septembre 2002.

Informations sur l'acquisition :

Don (entrée dans les collections le 14 décembre 2006, cérémonie de remise officielle le 8 février 2007)

Description :

Mise en forme :
Principes de classement du fonds
Les archives de Henri Rol-Tanguy, confiées aux Archives nationales par Mme Cécile Rol-Tanguy, sont tout naturellement le reflet fidèle des lignes de force qui jalonnèrent sa vie : le combat politique et syndical, inséparable de ses premières expériences professionnelles et poursuivi sa vie durant, l'engagement fondateur au sein des Brigades internationales pendant la guerre d'Espagne, la participation active à la Résistance et la conduite de l'insurrection parisienne, l'implication dans la carrière et la formation militaires. Toutes ces composantes sont présentes dans le fonds, même si la Seconde Guerre mondiale y occupe en volume une place primordiale, qu'il s'agisse de l'action clandestine et de la lutte armée pour la Libération ou de la mémoire des événements, au travers des commémorations, des activités associatives ou de l'implication de Henri Rol-Tanguy dans l'historiographie des années 1939-1945.
Une spécificité importante des dossiers constitués par Henri Rol-Tanguy est que s'y trouvent régulièrement mêlés des documents originaux, contemporains des événements, et des documents postérieurs, tels que des articles de presse, des dossiers documentaires, des notes de lecture et des observations manuscrites. Cette logique personnelle de classement a été respectée, chaque sujet étant abordé à la fois par ses sources originelles et par les documents de tous ordres s'y rattachant. Elle établit aussi un lien entre les périodes successives d'activité de Henri Rol-Tanguy, restituées dans leur foisonnement, et le second temps de sa vie, une retraite active et studieuse, toujours en prise avec l'actualité et l'analyse du passé. Ce choix induit évidemment pour l'utilisateur de ces archives la nécessité d'opérer une distinction intellectuelle rigoureuse au sein des dossiers entre pièces originales et enrichissements ultérieurs, sous peine d'en dénaturer l'exploitation.
Au-delà de ces dossiers « de fonction » organisés de façon chrono-thématique, l'incessant travail documentaire de Henri Rol-Tanguy, grand lecteur, abonné des grands quotidiens nationaux et amateur d'encyclopédies, a eu un autre effet. Cette pratique quotidienne a en effet déterminé l'élaboration de collections documentaires spécifiques, regroupées en fin de classement mais en résonance étroite avec les documents qui les précèdent : dossiers biographiques organisés alphabétiquement, de Machiavel à Clausewitz, Mitterrand ou De Gaulle, coupures de presse classées thématiquement (documents historiques, pays, thématiques propre à la Seconde Guerre mondiale comme la déportation ou le rôle des femmes dans la Résistance), fichiers enfin alimentés par Henri Rol-Tanguy lui-même et composés aussi bien de notices biographiques que de fiches de synthèse, de notes de lecture ou de renvois à des articles.
Seules les coupures de presse non classées ont été éliminées, eu égard à l'importance volumétrique de la partie déjà intégrée aux dossiers et au travail annexe qu'un classement pièce à pièce aurait exigé sans apporter de valeur supplémentaire à la dimension historique du fonds. Les doubles ont également été éliminés, y compris dans le cas de pièces originales, à l'exception de celles dont l'état de conservation rendait l'existence de doublons préférable.
Enfin, plusieurs séries de dossiers individuels, le plus souvent conservés sous enveloppe à en-tête de l'Assemblée nationale ou du Sénat, étaient présentes dans le fonds : homologation FFI, correspondance et dossiers biographiques. Le classement n'en était pas homogène, les différents objets se mêlant parfois. Pour cette raison et afin de faire apparaître les différents titres au nom desquels Henri Rol-Tanguy pouvait être saisi, les séries ont été rationalisées, ce qui signifie qu'une même personne peut avoir généré plusieurs dossiers nominatifs. Les dépouillements qui figurent en annexe permettent de les repérer sans difficulté.

Conditions d'accès :

Communication libre

Conditions d'utilisation :

Reproduction soumise à autorisation pour certains dossiers

Description physique :

19 mètres linéaires (115 cartons)

Ressources complémentaires :

Pour des raisons évidentes de pertinence mais aussi de volume, il n'est pas question ici d'indiquer l'ensemble des fonds en relation avec les événements historiques auxquels Henri Rol-Tanguy fut mêlé. Les éléments signalés sont donc ceux témoignant directement, à titre nominatif, des fonctions exercées par lui.
(SHD, Château de Vincennes, avenur de Paris, 94300 Vincennes) : dossier de carrière du lieutenant-colonel Georges Tanguy conservé sous la cote SHD/DAT 8 YE 69-12163 ; dossier du « bureau Résistance » relatif aux activités de Henri Rol-Tanguy au sein de la Résistance.Service historique de la Défense
(18, avenue du président Salvador Allende, 93000 Bobigny) : Archives départementales de Seine-Saint-Denis
Archives du comité central du PCF
261/J/2 44 à 6. Feuilles de présence des participants aux réunions (1968-1987).
4/AV/3586, 4/AV/14/525, 4/AV/2662. Enregistrements sonores des réunions du comité central du PCF comprenant de courtes interventions de Henri Rol-Tanguy (1954-1979).
1/AV/16372. Interview de Georges Marchais et de Henri Rol-Tanguy (20 mai 1989).
Archives de l'Institut CGT d'histoire sociale (IHS-CGT)
1/AV/24168-24169. Interview de Henri Rol-Tanguy en tant que militant politique par Jean Breteau (18 avril 1984).
1/AV/24401. Témoignages de Henri Rol-Tanguy et d'André Tollet relatif à la Libération de Paris, s. d.
Archives du Comité 89 en 93
1/AV/1648-1652. Interview de Henri Rol-Tanguy en tant que résistant.
Fonds Sylvie Zaidman et Joël Clesse
40/J/8/4. Documents remis par Henri Rol-Tanguy (1944-1990).
(1, rue de Solférino, 75007 Paris) : dossier au nom de Henri Rol-Tanguy (1947-1994).Grande chancellerie de la Légion d'honneur
(51bis, boulevard de La Tour Maubourg, 75007 Paris) : documents relatifs à Henri Rol-Tanguy, Compagnon de la Libération.Musée de l'Ordre de la Libération
(Parc Vercors, 88, avenue Marx Dormoy, 94500 Champigny-sur-Marne) : archives de l'Association des volontaires en Espagne républicaine (AVER).Musée de la Résistance nationale à Champigny-sur-Marne
(Jardin Atlantique, 23, allée de la 2e DB, 75015 Paris) : interviews audiovisuelles de Henri et Cécile Rol-Tanguy.Musée du général Leclerc de Hauteclocque et de la libération de Paris/Musée Jean Moulin de la Ville de Paris
(ANACR, 79, rue Saint-Blaise, 75020 Paris) : archives de l'association.Association nationale des anciens combattants de la Résistance

Localisation physique :

Pierrefitte-sur-Seine

Identifiant de l'inventaire d'archives :

FRAN_IR_027979

Liens