Les archives du poste de Fort-Rousset retracent la vie de la circonscription de 1909 à 1960, c'est-à-dire de la consolidation de la présence française à l'indépendance du Congo. A côté des journaux du poste riches de notations anodines, drôles ou sérieuses, plus ou moins détaillées, le fonds renferme également les registres de tournées. Les administrateurs, grâce aux tournées en brousse, se rapprochaient de leurs administrés en assistant aux marchés et en vérifiant le cours des matières premières, en procédant aux recensements ou au paiement des cantonniers. Ces tournées donnaient également l'occasion de s'informer sur des questions comme le commerce des oléagineux, ou bien de visiter des contrées peu connues des Européens. Ainsi, les rapports de tournées contiennent des renseignements d'une extrême richesse sur la géographie, la faune, la flore, les habitants, les coutumes et l'économie des contrées traversées. On y trouve également des anecdotes comme celle du tournage d'une scène de chasse du film Mogambo : « Sur la route de Palapaka à Ewo, on va construire une petite ville pour les 20 personnes qui doivent vivre avec beaucoup de confort. Tous ces gens là ont une peur bleue des maladies, de la fièvre, des mille-pattes, de la lèpre. Détail amusant. Dans la case où on a logé Geddes [le producteur], on a trouvé un serpent sous le traversin en arrangeant le lit. » « La chasse se déroulera de la façon suivante : encercler une famille de gorilles. A côté du cercle de filets, édifier une grande cage en métal qui sera confectionnée je suppose à Brazzaville. Pousser dans cette cage les gorilles. Et c'est là que Jack le Cow boy tuera le grand mâle. Il paraît que le thème se précise. Le gorille en question serait un bon et brave gorille, qui tout en vivant sauvage dans la brousse manifesterait des signes d'attachement pour une des héroïnes du film. Et quand cette héroïne se trouverait menacée par un des protagonistes [sic] masculin du film, le gorille entrerait en fureur etc... C'est plus fort que Quasimodo. »L'importance des journaux de postes et de tournées est immense pour l'histoire des populations, de l'économie, du climat. En dehors de ces registres, la correspondance et les dossiers d'affaires, malgré leur intérêt, souffrent de nombreuses lacunes et solutions de continuité. Toutefois, on peut y trouver nombre de renseignements sur les deux éléments majeurs de la vie de la Likouala-Mossaka : les relations avec la zone allemande jusqu'à la Première guerre mondiale, et les relations entre l'administration et la compagnie concessionnaire des frères Tréchot, la Compagnie française du Haut-Congo (C.F.H.C).Ce fonds a été donné aux Archives nationales d'outre-mer par Georges , chef du district de Makoua de 1956 à 1958, puis chef de région de la Likouala-Mossaka de 1960 à 1963 dans le Congo indépendant.Voir à ce sujet la carte de Georges Mazenot dans Mazenot (Georges), La Likouala-Mossaka. Histoire de la pénétration du Haut Congo. 1878-1920, Paris, Mouton, 1971, 1996, p. 280.FR ANOM AEF 5 YAE 9. Registre de tournées dactylographié, 10-15 décembre 1952, f° 18.FR ANOM AEF 5 Y 9. Registre de tournées dactylographié, 19-21 décembre 1952, f° 18 v°.Mazenot