Inventaire d'archives : Haras de Rosières-aux-Salines

Contenu :

Présentation du contenu
Les documents produits par le haras ont été classés en deux catégories : d'un côté ceux qui relèvent de la gestion administrative de l'établissement (domaine immobilier, personnel, comptabilité…) ; de l'autre ceux qui se rapportent à sa mission de sélection et de reproduction de l'effectif équin.
Ils consistent pour l'essentiel en registres dont l'intitulé et la fonction ont été élaborés par la législation au cours du XIXe siècle et que l'on retrouve définis dans le règlement du 1er septembre 1883.
1. Administration générale
1.1. Personnel
L'identité, les diplômes et les antécédents professionnels de tout employé arrivant, puis les notes d'évaluation annuelles du directeur, sont consignés dans des registres de contrôle qui existent pour chaque catégorie de personnel. La distinction se base d'abord sur le mode de rémunération : d'un côté les fonctionnaires payés par appointements, de l'autre les gagistes employés civils ou militaires recevant des gages. Dans la première catégorie, les officiers, qui correspondent normalement aux seuls diplômés de l'école spéciale du Pin, et qui occupent les postes de directeur, sous-directeurs, surveillants et vétérinaires, sont distingués des autres employés (essentiellement régisseurs). Les agents payés sur gages occupent les divers emplois chargés de l'entretien des chevaux, des écuries et du matériel (adjudants, brigadiers, palefreniers).
1.2. Gestion administrative
Il est ouvert dans chaque dépôt deux livres consignant les résolutions prises par le directeur : l'un dit registre de décisions, relatif au fonctionnement du service, dont aucun exemplaire ne nous est parvenu ; l'autre, nommé registre d'observations, qui consigne les décisions prises pour l'ensemble de la politique animalière.
2. Dépôt d'étalons
La gestion journalière du haras s'accompagne de la tenue de livres enregistrant les variations de composition de l'effectif et son activité reproductrice.
2.1. Enregistrement des étalons
L'état le plus ancien qui ait été conservé date de 1807. Il comporte le nom de 87 chevaux dont les plus anciens sont entrés en 1793.
Le premier registre matricule a été ouvert à Rosières le 1er janvier 1826 en application du règlement sur les haras de 1825 : il fait état des chevaux entrés depuis 1816. Le registre matricule des étalons attribue à l'animal un numéro lors de son entrée dans l'établissement et porte également son numéro d'enregistrement national. Le registre indique sur deux pages et pour chaque étalon : son signalement, son origine, sa provenance puis, chaque année, ses résultats de monte.
2.2. Monte : cahiers et registres
La monte suit un processus d'enregistrement particulier qui concerne aussi bien les étalons issus de l'effectif du haras (étalons nationaux) que ceux des propriétaires privés qui sont classés en diverses catégories qualitatives (approuvés, autorisés, acceptés).
Toute saillie est inscrite sur un registre à souche préparé pour chaque étalon dans les stations de monte. Les cartes de saillie détachées du talon sont conservées par les propriétaires de juments tandis que les talons, sur lesquels sont décrits les caractéristiques de la jument, sont classés et reliés. Ils constituent les cahiers de monte pour chaque station, servant de base à l'élaboration du registre de monte pour l'ensemble du dépôt, qui synthétise les résultats annuels de chaque étalon.
D'autre part, la naissance d'un poulain issu d'un étalon national doit s'accompagner dans l'année d'une déclaration du propriétaire au haras, qui en retour délivre un certificat de naissance notifié dans un registre spécifique.

Cote :

6 ETP 1-117

Publication :

Archives départementales de la Meurthe-et-Moselle
2005
Nancy

Informations sur le producteur :

Haras (Rosières-aux-Salines, Meurthe-et-Moselle)
Biographie ou histoire
1. Origine des haras
Moteur de la société rurale ancienne, le cheval fut également au cœur des plaisirs aristocratiques. Le tournoi, le manège, le carrosse, la chasse, comme l'armée d'ailleurs, requéraient de beaux chevaux, sans rapport avec les besoins des paysans qui exigeaient de bons chevaux. C'est à la croisée de ces deux demandes que se situe la création de l'administration des haras, toujours à la recherche d'un type idéal de cheval.
1.1. Premières écoles
Henri II établit les premières écoles d'équitation et charge l'Italien Pignatelli de leur organisation.
Les réformes politiques de Richelieu supprimant les privilèges de l'aristocratie aboutissent à la concentration des seigneurs à la Cour, portent un coup mortel à la production du cheval telle qu'elle était alors organisée.
1.2. Organisation des haras royaux
C'est à Colbert que l'on doit la première organisation sur le plan national à base de haras royaux et de gardes étalons (arrêt du Conseil du Roi en date du 17 octobre 1665). Le Règlement des haras de 1717 impose l'amélioration de chaque race régionale par ses propres reproducteurs.
A la veille de la Révolution, l'administration générale des haras comprend :
- des écoles d'équitation et des écoles vétérinaires, placées sous les attributions du Grand Ecuyer et ressortissant immédiatement de la Maison du Roi ;
- deux établissements situés l'un au Pin, l'autre à Pompadour, appelés "haras du roi" réunissant un certain nombre d'étalons et de juments pour le Service des manèges et des maisons des Princes ;
- des haras et dépôts d'étalons appartenant aux pays et généralités et correspondant à l'élevage local ;
- des étalons achetés par l'Etat et concédés à des gardes étalons offrant garanties et honorabilité.
Des primes, des concessions et des privilèges sont accordés aux particuliers qui présentent les plus beaux étalons consacrés à la reproduction et appelés " étalons approuvés ".
1.3. La Révolution
Le décret du 29 janvier 1790 abolit "le régime prohibitif des haras", supprime les haras et toute la réglementation en vigueur pour l'élevage du cheval au nom de la liberté individuelle. Une loi du 19 novembre ordonne la vente des étalons appartenant à la Nation.
Cependant, dès 1795, la Convention vote une loi portant rétablissement de sept dépôts d'étalons (loi du 2 Germinal an III, 22 mars 1795). Trois d'entre eux seulement (Le Pin, Pompadour et Rosières) vont recueillir quelques chevaux.
1.4. Rétablissement des haras et dépôts d'étalons sous l'Empire
Il faut attendre 1806 (décret du 4 juillet) pour que Napoléon restaure par décret l'administration des haras, confiée au ministère de l'Intérieur.
Six arrondissements d'inspection sont créés : Le Pin, Pompadour, Pau, La Manderie de la Vénerie, Langonnet et Deux-Ponts (Zweibrücken). Chaque arrondissement possède un haras de cent poulinières et quatre à six dépôts d'étalons. Six inspecteurs généraux devront inspecter les haras et dépôts d'étalons au moins une fois par an. Les écoles vétérinaires de Lyon et d'Alfort sont intégrées au système des haras avec le titre d' "école d'expériences" et doivent recevoir dix étalons pour étudier les croisements les plus favorables et les techniques les plus perfectionnées.
L'ordonnance royale du 16 janvier 1825 reprend celle de 1806. Il existe alors deux haras (Le Pin et Rosières), trois dépôts d'étalons et de poulains (Langonnet, Tarbes, Pompadour) et vingt-quatre dépôts d'étalons répartis en huit arrondissements.
Sous le Second Empire, le décret du 4 décembre 1860 remodèle à son tour l'administration des haras. La tendance marquée est de réduire progressivement les étalons de trait. En 1870, les haras sont rattachés au ministère de l'Agriculture.
Enfin, l'importante loi du 29 mai 1876 fixe le nombre des fonctionnaires supérieurs des haras, rétablit l'Ecole du Pin et la jumenterie de Pompadour, détermine les modes d'action de l'Administration.
2. Le haras national de Rosières-aux-Salines
2.1. Des origines à nos jours
2.1.1 Création
Le haras de Rosières-aux-Salines a été créé en 1768 par le marquis de la Galaizière, chancelier de Lorraine, à l'emplacement des anciennes salines royales qui cessèrent leurs activités en 1760 après six cents ans d'exploitation.
2.1.2. Sous la Révolution et l'Empire
En 1790, le haras royal est supprimé, les étalons sont vendus aux enchères et les bâtiments loués à un homme de loi nancéien.
Après l'invasion de la Lorraine par les Autrichiens, en septembre 1792, les troupes françaises s'avancent jusqu'au Rhin et confisquent le haras de Deux-Ponts dont les étalons et les poulains sont amenés dans les écuries de Rosières.
Rétabli par la loi de 1795, Rosières regroupe, à côté des sujets de Deux-Ponts, quelques étalons que des éleveurs des environs ont achetés au moment de la dispersion.
L'Empire, en 1806, fait de Rosières l'un des cinq dépôts du haras de Deux-Ponts avec Tervueren (Dyle), Grandpré (Ardennes), Strasbourg (Bas-Rhin), Wickrath (Roër) et Bruges (Lys). Devant l'invasion ennemie de 1813, l'effectif de Deux-Ponts est de nouveau replié sur Rosières, puis le plus grand nombre des étalons est conduit à Pompadour.
2.1.3. Rosières rétabli haras national
A la Restauration, le Marquis de Vaugiraud placé à la direction du dépôt enrichit considérablement le domaine foncier. L'ordonnance de 1825 rétablit Rosières au rang de haras, Pompadour étant alors tombé au rang de dépôt ! L'influence de Rosières se marque en Lorraine par l'amélioration des méthodes d'élevage et par une élévation sensible de la taille moyenne de la race indigène. Malgré les prélèvements des remontes militaires, la population chevaline décuple dans la circonscription.
2.1.4. Rosières redevient simple dépôt
Par ordonnance du 24 octobre 1840, Rosières redevient simple dépôt et la jumenterie est liquidée. En 1846, 70 étalons y sont hébergés (7 de race pur-sang et 63 demi-sang), mettant Rosières, à égalité avec Pompadour, au 5e rang des vingt-trois établisements.
Le passage de la ligne de chemin de fer Nancy-Strasbourg oblige toutefois le haras à vendre en 1854 la prairie de l'Embanie et la grande propriété de Xarth, renonçant ainsi aux aménagements réalisés trente ans plus tôt. Une enclave de près de deux hectares conservée autour de la fontaine de Xarth sera encore remise aux Domaines en 1898, à l'exception d'un axe autour du réservoir. L'ancienne maison des officiers est démolie et remplacée par deux pavillons en 1899.
2.1.5. De la première guerre mondiale à la seconde guerre mondiale
Durant la première guerre mondiale, les étalons sont évacués à Pau et les bâtiments servent de cantonnement de repos pour les troupes françaises. Le pavillon de la direction abrite fréquemment des généraux. Le front étant stabilisé, le service de monte reprend dès 1916 dans les stations de la circonscription.
Dans les années qui suivent, une ère de prospérité relative s'ouvre pour plusieurs exploitations importantes (dont celle de Dormagen) et pour la multitude des producteurs car le commerce est actif.
Lors de la seconde guerre mondiale, cinq ou six chevaux sont évacués sur Pompadour et les stations se regroupent une fois encore au dépôt. La machine administrative allemande prend bientôt le contrôle du haras mais pouliches et poulains enregistrés au Stud-book (livre généalogique officiel des chevaux) échappent aux réquisitions. A la Libération, le haras sert de résidence à des officiers américains.
2.1.6. 1945 : activité exceptionnelle
Pendant quatre à cinq ans, les stations de Rosières travaillent au maximum : elles sont 25 (8 en Meuse, 8 en Meurthe-et-Moselle, 9 dans les Vosges).
Après la forte poussée de la production qui atteint un maximum exceptionnel entre 1948 et 1950, les besoins en chevaux de trait tombent par suite de l'équipement en tracteurs mécaniques issus d'une agriculture aidée par le crédit. Mais l'élevage des chevaux de selle reprend puisque le goût du sport à cheval se répand. Comme ailleurs, de petites exploitations d'élevage de chevaux de selle renaissent et demandent au haras de fournir des étalons. D'année en année, le petit groupe des reproducteurs de sang va augmenter.
Des concours de chevaux se multiplient de même que les centres hippiques.
En 1971, la zone d'activité du haras s'étend au département de la Moselle.
2.2. L'organisation aujourd'hui
Etablissement public depuis 1999, placé sous la tutelle du ministère de l'Agriculture, le haras est aujourd'hui l'un des vingt-trois haras nationaux basés en France.
2.2.1. Le site
Installé dans un splendide domaine arboré de douze hectares, le site s'inscrit dans l'architecture du XVIIIe siècle avec un corps de bâtiment imposant abritant les écuries dont certaines stalles datent du début du XIXe siècle.
Le site du haras comporte des écuries (plus de 80 boxes), un manège, une forge, une unité de reproduction avec laboratoire, un marcheur, plusieurs carrières et un bâtiment administratif. Il existe, en outre, sur le site, un pôle hippique dont l'équipement, avec deux carrières (une en sable et une en herbe), un grand manège et un manège de travail, permet d'accueillir de nombreuses manifestations organisées par les différents acteurs structurés de la filière équine lorraine. L'ensemble de ce patrimoine immobilier appartient au département de Meurthe-et-Moselle.
2.2.2. Les activités
Il a pour mission de promouvoir et de développer l'élevage des équidés et les activités liées au cheval. Les activités du haras l'amènent à travailler en partenariat avec les syndicats d'élevage, les centres équestres mais aussi les collectivités territoriales afin de donner du dynamisme au cheval en Lorraine.
L'une de ses principales activités consiste à mettre des étalons à la disposition des éleveurs. Une trentaine d'étalons de sang participent aux opérations d'insémination. Parmi les races présentes : Selle français, Arabes, Pur-Sang anglais, race locale du trait Ardennais…
Tout au long de l'année, le haras organise de nombreuses manifestations : concours d'élevage, sauts d'obstacles, présentation des étalons…Un certain nombre d'étalons participent à des concours nationaux et internationaux pour assurer leur promotion et la valorisation de leurs premières productions.

Informations sur l'acquisition :

Informations sur les modalités d'entrée
Versement du 17 octobre 2005.

Description :

Critères de sélection :
Informations sur l'évaluation
Les archives versées par le haras sont assez pauvres. Des séries entières de registres ont disparu : regsitres des décisions, copies-lettres, registres de masse d'habillement (somme versée mensuellement aux palefreniers destinée à l'entretien et au remplacement d'effets d'habillement), registres de comptabilité, d'inventaires ou de magasins. Des collections des talons de monte, il ne reste que deux épaves. Le haras a entretenu des poulinières : aucun registre des poulains et pouliches n'existe plus.
Ces documents peuvent avoir disparu pendant les guerres, notamment à l'occasion des évacuations.
Mise en forme :
Mode de classement
Classement chronologique.
Les ouvrages ont été classés par année d'édition, les recueils factices (une reliure pour plusieurs titres) ont été placés en tête.

Conditions d'accès :

Statut juridique
Archives publiques

Langues :

Français

Description physique :

Importance matérielle :
1boîte, 39 registres, 75 volumes impr., 25 photographies.
4,10
Information matérielles :
Papier

Ressources complémentaires :

Autre instrument de recherche
Répertoire numérique dactylogr., 22 p.
Sources complémentaires
Sources internes
1. Séries anciennes et modernes :
1.1. Administrations provinciales avant 1790 : Intendance de Lorraine et de Barrois
C 316 - Lettres et rapports touchant le haras de Rosières. Etat des juments du haras royal de Lorraine. Nomination du marquis de Polignac comme directeur général des haras (1724-1788).
C 317 - Etat des étalons du haras royal de Rosières (1775-1789).
1.2. Administration générale et économie du département, 1800-1940
Agriculture
7 M 95 - Instructions au sujet des haras (1806-1874).
7 M 96 - Haras de Rosières : réponse du directeur du haras à la circulaire du 9 mars 1818 (1820-1821).
7 M 97 - Rapports sur la situation générale du dépôt et sur l'élevage du cheval dans le département (1807-1883).
7 M 98 - Renseignements sur le personnel (1811-1897).
7 M 99 - Renseignemnts sur les bâtiments (1805-1894).
7 M 100 - Chevaux de l'armée, placements chez les agriculteurs des arrondissements de Château-Salins et de Lunéville (1831).
7 M 101 - Société lorraine d'encouragement pour l'amélioration de la race chevaline (1802-1869). Ecole de dressage de l'Est (1865-1875). Concours de dressage (1865-1875).
7 M 102 - Dépôt d'étalons de Rosières : étalons approuvés, stations de monte, acquisitions d'étalons, commissions hippiques (1807-1906).
7 M 103-104 - Surveillance des étalons (1885-1930).
7 M 105 - Diverses stations de monte (1824-1835,1880-1925).
1.3. Administration et comptabilité départementales, 1800-1940
4 N 86 - Prairies de Rosières (1868-1926).
1.4. Administration des Domaines, 1800-1940
2 Q 176 - Haras puis dépôt d'étalons de Rosières-aux-Salines, vente de chevaux et autres meubles en 1791, travaux d'aménagement en 1881 : procès-verbaux de vente, correspondance, affiches, coupures de presse, cahier des charges (1791, 1868-1881).
2. Série W : archives contemporaines
14 W 533 - Dommages de guerre des haras départementaux : dossier d'indemnisation (1941-1961).
3. Série J : entrées par voie extraordinaire
120 J Fonds de l'architecte Jean Bourgon -Travaux aux haras de Rosières (1954-1969).
Sources externes
Archives nationales, Centre historique, Paris
voir notamment Archives postérieures à 1789 : Série F 10 Agriculture

Références bibliographiques :

Bibliographie
Gendry (Jacques), Deux siècles d'histoire de France au haras de Rosières-aux-Salines, Mamers, impr. Auffret, 1981, 69 p.

Organisme responsable de l'accès intellectuel :

Archives départementales de Meurthe-et-Moselle

Identifiant de l'inventaire d'archives :

FRAD054_0000000144

Où consulter le document :

Archives départementales de la Meurthe-et-Moselle

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Liens