L'Institut de Civilisation Indienne, fondé le 13 juin 1927 à l'initiative d'Émile Sénart, appartenait à l'origine à l'Université de Paris. Il a été rattaché au Collège de France, comme les autres Instituts d'Extrême-Orient, le 4 janvier 1973 et rebaptisé Institut d'études indiennes en 2000.

Dès 1929, l'Institut d'études indiennes expose une collection d'objets du Népal dans sa bibliothèque, alors située en Sorbonne. Enrichie au fil des ans, la collection a suivi les pérégrinations de l'Institut, à la Maison de l'Asie de 1969 à 1990, pour rejoindre ensuite le site Cardinal Lemoine au sein de ce qui est aujourd'hui l'Institut des civilisations du Collège de France.

Une partie de la collection fut exposée au Musée Guimet en 1963 dans le cadre des commémorations du centenaire de la naissance de Sylvain Lévi (1863-1935), un des fondateurs de l'Institut. Elle fit à cette occasion l'objet d'une première étude par Marie-Thérèse de Mallmann : « Les bronzes népalais de la collection Sylvain Lévi », Artibus Asiae XXVII, 1964-1965, 134-150. Cet article ancra dès lors la légende de sa provenance, un legs de la famille de Sylvain Lévi, et c'est ainsi qu'elle fut inventoriée et citée dès lors. Le numéro d'inventaire gravé en 1990 sur les socles commence donc par les initiales de Sylvain Lévi, SL.

Pourtant, contrairement à la collection de manuscrits appartenant à la bibliothèque de Sylvain Lévi, achetée en 1935 à sa famille par l'Université de Paris pour l'Institut de civilisation indienne, les objets népalais n'ont jamais appartenu à S. Lévi. (La sculpture en bois laqué d'un bodhisattva provenant du Japon (SL-25), par contre, pourrait lui avoir appartenu). Le noyau historique de la collection, constitué de quelques 48 objets, est en effet une donation faite à l'Institut de civilisation indienne en janvier 1929 par le Mahārāja Chandra Shumsher Bahadur Rana, premier ministre et commandant en chef des armées du Népal, et de facto souverain du pays. En témoigne une lettre de Chandra Shumsher ayant pour objet un don à l'Institut de civilisation indienne, datée du 20 janvier 1929 et adressée au Ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts (Copie au Collège de France, Archives Sylvain Lévi, 41 CDF, boîte de correspondances (enveloppe XXXV, 5.1)) Le Mahārāja y indique son projet de donation, en précisant que celui-ci a été fait en concertation avec Sylvain Lévi (qui à défaut d'être le collectionneur a cependant un rôle d'intercesseur). Il détaille les modalités d'expédition. La lettre est accompagnée de la liste des objets : sculptures figurant des divinités hindoues et bouddhiques du Népal, coffrets et boîtes en bois précieux, en ivoire ou en orfèvrerie incrustés de verre et de pierres semi-précieuses, reproduction en bois d'une (ou plusieurs) fenêtre(s) du palais de Patan, et armes.

La collection fut ensuite complétée de dons et legs ponctuels d'importance variable. En 1935, un coffre à manuscrits ayant appartenu à Louis Finot, conservant plusieurs textes palis sur ôles, a rejoint la bibliothèque. Un cadre portant une image du dieu Ganesh en argent (SL-26), ainsi que quelques objets mineurs, ont été donnés à l'Institut en 1950 par Sardarsinhji Ravaji Rana (1870-1957). Depuis l'IEI a acquis d'Anne Vergati, Directrice de recherches au CNRS, par donation avec réserve d'usufruit une superbe peinture népalaise, plusieurs fois publiée, représentant la pesée rituelle, en 1664, de l'héritier du trône (déjà couronné) par son père le roi Pratapa Malla sur les marches du temple de Taleju à Kathmandu. Un petit bronze provenant de Kurkihar (selon son premier propriétaire Raoul Curiel) est aussi venu s'ajouter à nos collections.

La seule étude imprimée dédiée à la collection népalaise donnée par le Mahārāja était jusqu'à récemment celle de Marie-Thérèse de Mallmann. Elle ne mentionne par les inscriptions que portent certaines sculptures, pourtant fort visibles comme le montrent les clichés pris par Patrick Imbert en vue de mettre en ligne la collection sur Salamandre. Sept objets et un des manuscrits de la bibliothèque de l'Institut d'études indiennes ont été exposés au Musée National des Arts Asiatiques -Guimet dans le cadre de l'exposition Népal : art de la Vallée de Katmandou (20 octobre 2021 – 10 janvier 2021) et font l'objet, dans le catalogue de l'exposition, de nouvelles notices rédigées par Caroline Riberaigua et Ronan Moreau.

Les notices sommaires de Salamandre, à l'origine mises en forme et revues par E. Ollivier et G. Fussman, ont été complétées par C. Riberaigua. La lecture et la traduction des inscriptions newaries gravées sur les bronzes sont dues au Dr. Manik Bajracharyam et au Prof. Axel Michaels (Heidelberg) Nous en donnons seulement une analyse sommaire. On peut demander au Service des archives du Collège de France la couverture photographique complète des inscriptions et au Dr. Manik Bajracharyam ou au Prof. Axel Michaels copie du texte qu'ils nous ont communiqué, ce dont nous tenons à les remercier.

Le caractère hétéroclite de cet ensemble d'objets a conduit G. Fussman et E. Ollivier à choisir une arborescence par catégorie d'objets, avec toutes les ambiguïtés que cela peut entraîner : une statuette dans un cadre doit-elle être classée comme « statuette » ou comme « cadre » ? Le recours à l'index permet de compenser ce défaut. Les provenances, pour autant qu'on les connaisse, sont indiquées dans la légende des photographies. L'IEI peut fournir sur demande des photos qui montrent toutes les faces des objets et donnent des vues rapprochées de certains détails.

Il s'agit d'un travail en cours. Toute contribution de spécialiste souhaitant préciser ou rectifier des éléments d'identification, de date ou de provenance est naturellement bienvenue.