Inventaire d'archives : Santé ; Centre national d'ophtalmologie de l'hôpital des Quinze-Vingts (1779-1974)

Contenu :

1. Historique de l'établissement
La Communauté des Pauvres Aveugles de Paris fut fondée par saint Louis vers 1260. Le premier acte conservé dans les archives de l'établissement remonte au 22 juin 1269, où il est fait état d'une donation royale en faveur des Quinze-Vingts. Dès lors, on eut coutume de les appeler ainsi puisqu'il s'agissait de 300 chevaliers aveugles auxquels saint Louis aurait donné asile, soit quinze fois vingt selon l'ancienne manière de compter par vingtaines.
A l'origine, l'enclos des premiers Quinze-Vingts occupait un espace entre la rue Saint-Honoré et l'actuel Arc de triomphe du Carrousel. En 1779, le cardinal de Rohan, grand aumônier de France et connétable supérieur de l'établissement, fit transférer les Quinze-Vingts dans la caserne désaffectée des mousquetaires noirs, rue de Charenton.
Jusqu'à la Révolution, l'établissement n'a cessé de bénéficier de la protection royale et pontificale : un grand nombre de donations venant des rois, mais aussi de particuliers, formèrent un ensemble de revenus propres à l'établissement. C'est ainsi qu'en 1579, un Chanoine de la Sainte chapelle de Vincennes, Quentin Courtois, légua aux Quinze-Vingts un demi arpent au lieu-dit Le Val Laronneux, sur lequel on construisit en 1877 le théâtre des Folies-Bergère. Parallèlement, les Quinze-Vingts bénéficiaient de nombreuses exemptions fiscales et de privilèges judiciaires. Ils eurent notamment le droit de quêter au nom de la communauté.
La communauté des Quinze-Vingts était administrée par le Maître, nommé par le roi, et le Ministre, élu par les aveugles. Au XVIe siècle, des gouverneurs administrateurs supportaient la responsabilité de l'administration, assistés d'un chapitre restreint de quelques aveugles élus.
La Révolution décréta les Quinze-Vingts bien national. Après diverses péripéties, s'étant retrouvé sans direction, les administrateurs ayant été tour à tour guillotinés, l'Hospice national fut rangé au nombre des établissements publics sous la tutelle du ministre de l'Intérieur par la loi du 11 frimaire de l'an VII. L'Hospice perdait ainsi son autonomie financière, le trésor public pourvoyant aux besoins de la maison selon ses nécessités. Lorsque est créée une administration ministérielle traitant de la Santé publique, les Quinze-Vingts y sont naturellement rattachés.
Jusqu'en 1783, les Quinze-Vingts ne remplissaient qu'une fonction d'assistance. Par une décision de Louis XVI est posé le principe de la Clinique nationale d'ophtalmologie, où sont dispensés des soins gratuits aux malades et où est donné un prix annuel récompensant un mémoire sur les maladies des yeux.
Il faudra attendre l'année 1880 et l'initiative du docteur Fieuzal pour voir effectivement ce projet mené à bien.
En 1880, Bonaparte, alors premier Consul, réunit en un même établissement la Maison des Quinze-Vingts et l'Institution des Jeunes-Aveugles fondée par Valentin Haüy. Le XIXème siècle fut ponctué d'événements divers dont les plus importants furent sans doute l'ouverture de l'infirmerie aux victimes de la guerre de 1870-1871 et l'organisation, la même année, d'un service d'ambulance.
Dès 1914, les Quinze-Vingts durent faire face à de nouvelles épreuves. Les bombardements de 1914 ayant détruit en grande partie les bâtiments de l'Hospice, il fallut mettre en place un système d'assistance à domicile pour les aveugles indigents. Ce régime d'assistance, mis en place en 1919, ne cessa qu'en 1930, au moment où l'Hospice, reconstruit, put à nouveau accueillir ses pensionnaires.
Ce nouvel équilibre ne dura que peu de temps. Devant le danger menaçant de 1939, l'établissement dut cette fois être évacué et transféré dans les communes de Parçay-sur-Vienne et Rilly-sur-Vienne, dans le département d'Indre-et-Loire. Ne restèrent à Paris qu'un nombre restreint d'employés chargés d'accueillir à l'Infirmerie des pensionnaires, qui ne pouvaient être transportés. Les autres malades furent installés jusqu'en 1940 dans des campements de fortune installés avec soin par les employés des Quinze-Vingts. Après cette date, les malades furent à nouveau rapatriés dans les anciens locaux.
En 1956 enfin, la direction des Quinze-Vingts et le ministère chargé de la Santé publique décidèrent de la construction de nouveaux bâtiments, rue de Charenton, là où s'élevait toujours le bâtiment des Mousquetaires noirs quasiment non transformé jusqu'à cette date. La pose de la première pierre de ce qui allait devenir la Clinique nationale d'ophtalmologie eut lieu le 15 février 1957. C'est en 1973 que s'achevait la construction des nouveaux bâtiments pour accueillir pensionnaires et malades dont le nombre ne cessait de grandir.
2. Organisation et fonctionnement
Jusqu'au XIXe siècle, les Quinze-Vingts n'avaient été destinés qu'à l'hébergement des aveugles valides et de leurs familles. Ils ne disposaient que d'une infirmerie pour les pensionnaires malades, et ne proposaient pas de soins aux malades externes.
L'ophtalmologie ayant connu de grands progrès dans les dernières années de l'Ancien Régime, le cardinal de Rohan décida d'annexer à l'Institution des Quinze-Vingts un centre de soins pour les maladies oculaires, idée poursuivie en 1880.
Dès lors, le fonctionnement de l'établissement fut organisé autour de 3 centres d'activités :
- l'Hospice, qui accueille les pensionnaires nommés internes toujours au nombre de 300, avec leurs familles, en leur offrant des logements adéquats. Ils bénéficiaient jusqu'au 1er janvier 1955 d'indemnités journalières de subsistance, payées sur le budget de l'établissement. Depuis cette date, ils perçoivent des indemnités de diverses collectivités, chargées du paiement des allocations d'aide sociale.
- l'infirmerie, chargée d'accueillir les aveugles internes et de leur apporter des soins et fonctionnant, si les aveugles ne peuvent plus vivre seuls, comme un hospice de vieillards aveugles. S'y trouvent en permanence deux médecins chargés du suivi médical des pensionnaires.
- la Clinique, qui reçoit les malades atteints d'affections oculaires curables. Y sont soignés un nombre croissant de malades, grâce à des structures d'accueil exceptionnelles. Dès 1893, un pavillon d'isolement avait été créé pour traiter les maladies oculaires contagieuses. Sur l'initiative du corps médical, un service de piqûres pour le traitement antisyphylique fut également ouvert au public dans les années 1920. La Clinique bénéficiait pour ce faire de nombreuses subventions et crédits.
L'Hospice accueille, depuis sa fondation, le nombre constant de 300 aveugles, nommés par arrêté ministériel. Jusqu'en 1841, le directeur proposait au ministre de choisir les nouveaux membres, le ministre ayant seul le droit de décider.
Dès la création en 1841 de commissions consultatives, chargées d'assister les directeurs des Etablissements nationaux de Bienfaisance, un certain nombre d'attributions leur sont conférées. Elles sont composées de quatre membres et délibèrent sur les questions budgétaires, les acquisitions, aliénations et échanges de propriétés, les baux ou loyers, les projets de constructions, les placements, les actions judiciaires, les comptes et enfin sur toutes les mesures relatives au régime intérieur et aux services économiques.
Jusqu'en 1912, le nombre des membres des commissions consultatives ne cesse d'augmenter. En 1912 ils sont quatorze à statuer sur les questions qui touchent l'Hospice, la Clinique et l'Infirmerie. Ils ont notamment, à partir de 1913, à choisir parmi les dossiers de candidature les futurs pensionnaires de l'Hospice, d'émettre un avis qui sera soumis au Ministre pour signature.
L'Hospice des Quinze-Vingts, grâce à divers legs ou dons dont il a bénéficié est propriétaire de 12 immeubles à usage d'habitation dans Paris, d'un pavillon en banlieue, du théâtre des Folies-Bergères, de deux grandes fermes situées à Louvres (Seine-et-Oise) et à Vinantes (Seine-et-Marne) et de terres cultivables, sans bâtiments d'exploitation, à la Croix-en-Brie (Seine-et-Marne). Le directeur et la commission consultative sont donc chargés, outre l'organisation et la gestion du Centre national d'ophtalmologie, de gérer un patrimoine immobilier important.
3. Présentation du versement
Ce versement est constitué essentiellement que complètent les collections de registres versés au Centre des archives contemporaines de Fontainebleau sous le numéro 20020126.
Ces documents ont été classés selon cinq pôles importants de la vie des Quinze-Vingts : son activité d'administration (archives du directeur et de la commission consultative), sa mission d'accueil des pensionnaires et des malades, sa gestion immobilière, l'accueil et la direction du personnel et enfin le domaine comptable ;
Etendus sur une période de presque deux siècles, ces documents présentent de nombreuses lacunes : ils ne constituent qu'une partie complémentaire de deux fonds plus importants inventoriés par Jean-Baptiste Marot et Marthe Robinet et encore conservés dans l'établissement.
Marot (Jean-Baptiste), inventaire sommaire des archives hospitalières antérieures à 1790, Quinze-Vingts, Paris, 1867, 394 pages.
Robinet (Marthe), inventaire méthodique des archives des Quinze-Vingts, Paris, 1962. On en trouvera le sommaire en annexe 1.
Il convient de signaler également qu'un certain nombre de documents ont été éliminés au cours du classement :
- pièce comptables justificatives : registres des recettes et dépenses journalières, registres des frais d'hospitalisation, registres à souche des recettes ou de dépenses, bons factures diverses, bordereaux de titres de recette journalières, bons de caisse ou de perception, etc.
- pièces relatives aux travaux de maçonnerie, de peinture, de menuiserie, de plomberie, mémoires de travaux, etc.
- gestion immobilière ; registres de loyers perçus, registres à souche de quittances de loyers, engagements de locataires, etc.
- accueil des malades : fiches d'admission, admission des accidentés du travail, admissions par consultation ou urgence, rapports de surveillance, de service social, de laboratoire, etc.)
Sommaire
administration de l’hopital des quinze-vingts-Art 1-11 : administration generale, 1841-1969-Art 12-24 : accueil des pensionnaires et des malades, 1859-1967-Art 25-32 : immobilier : entretien, travaux, 1779-1974-Art 33-40 : personnel, 1871-1973-Art 41-54 : comptaBilite, 1860-1959

Cote :

20050140/1-20050140/54

Publication :

Archives Nationales
2005

Informations sur le producteur :

Centre hospitalier national d'ophtalmologie des Quinze-Vingts

Références bibliographiques :

4. Eléments bibliographiques
Le GRAND (Léon), , Paris, 1887, 368 pages (extrait des Mémoires de la Société de l'Histoire de Paris et de l'Ile-de-France). Les Quinze-Vingts depuis leur fondation jusqu'à leur transmission au Faubourg Saint-Antoine, XIIIème et XVIIème siècles
CAILLEAUX (Denis), DE BREM (Anne-Marie), [Le GRAND (Léon)], , Catalogue d'exposition, Paris 1989. Les Quinze-Vingts, Archives et Patrimoine

Localisation physique :

Pierrefitte

Identifiant de l'inventaire d'archives :

FRAN_IR_020028

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