Biographie ou histoireLes seigneurs de Mareuil-en-Brie
Ce sont les seigneurs de Montmort qui, les premiers, possèdent Mareuil, ainsi que le fief voisin du Baizil, jusqu'au XIIe siècle. Les terres de Mareuil et du Baizil, toujours liées dans les titulatures de leurs seigneurs, entrent ensuite par mariage dans la famille de Conflans, qui détient également les seigneuries d'Etoges et de Congy.
Au fil des successions, ces fiefs sont partagés entre les différentes branches de la famille et, à la fin du XIVe siècle, Mareuil revient à Gaucher de Conflans, marié à la fille du seigneur de Baye, Marie de Châteauvillain. Mort sans postérité, Gaucher de Conflans transmet les seigneuries de Baye et de Mareuil à sa sœur Jeanne de Conflans, dont le fils, Eustache de Vaudenay, fera entrer les deux terres dans les possessions de la maison de Béthune par son mariage avec Marie de Béthune (morte en 1400).
La seigneurie de Mareuil va demeurer aux mains des Béthune plus longtemps encore que la baronnie de Baye, puisqu'après la mort d'Alpin de Béthune, en 1544, la baronnie de Baye est vendue au duc de Nevers François de Clèves, tandis que Mareuil-en-Brie passe à une autre branche de la famille. Ce n'est qu'en 1607 que la seigneurie est vendue par la veuve de Florestan de Béthune à Claude de Nargonne, lui-même allié aux Béthune par sa femme Judith (voir le dossier 21 J 17 et l'historique dressé par Ernest Orville 21 J 14). Famille de petite noblesse champenoise, implantée dans la région de Bergères-sous-Montmirail, Boissy-le-Repos et Corfélix, les Nargonne détiennent Mareuil et le Baizil pendant le XVIIe siècle. Les terres reviennent successivement à Charles, fils de Claude (mort en 1645), puis à son fils Jean-Charles (mort en 1659), qui les transmet à sa fille Françoise de Nargonne, décédée sans postérité en 1662. Mareuil revient alors à sa tante, Françoise de Nargonne, épouse de Charles de Valois, fils légitimé du roi Charles IX et de Marie Touchet. La duchesse d'Angoulême, accablée de dettes, doit vendre la seigneurie de Mareuil, en 1708, à Jacques Rémond, seigneur de La Renouillère, avant d'aller vivre au château de Montmort dont le seigneur, Pierre Rémond (par ailleurs apparenté au nouveau propriétaire de Mareuil), avait épousé sa petite nièce. Françoise de Nargonne meurt en 1713 et est enterrée dans l'église de Montmort.
Au cours des XVIIIe et XIXe siècles, le hasard veut que les propriétaires de Mareuil se succèdent environ tous les trente ans. Après Jacques Rémond (1708-1740), le seigneur de Mareuil est François de Monestay, marquis de Chazeron, dont les documents énumèrent les titres et charges : " maréchal des camps et armées du roi, lieutenant des gardes du corps de sa majesté, gouverneur des ville et château de Brest et des îles d'Ouessant ". En 1771, ses héritiers vendent la terre de Mareuil au comte de Coigny, Augustin-Gabriel Franquetot, qui l'achète au nom de sa femme, Anne-Josèphe-Michelle de Roissy. La famille Franquetot, d'origine normande, propriétaire de la terre de Coigny (Manche) depuis le XVIIe siècle, est connue pour avoir donné plusieurs illustres militaires au cours du XVIIIe siècle5. Malgré les dettes dont il était couvert, le comte de Coigny fait aménager aux abords du château, construit sous les Nargonne au XVIIe siècle, un beau parc à l'anglaise, traversé par le Surmelin, très admiré par les contemporains.
La comtesse de Coigny meurt en 1775, laissant une fille à son mari Aimée de Coigny, née en 1769, épouse du duc de Fleury. Après un séjour à Mareuil dans les années 1792-1793, elle est arrêtée et emprisonnée à la prison Saint-Lazarre, où le poète André Chenier la rencontra et la rendit célèbre sous le nom de la " jeune captive ". Divorcée du duc de Fleury en 1793, elle épouse le comte de Montrond en 1795, dont elle divorcera également dès 1802 (voir le dossier 21 J 10). La même année, ses dettes augmentant, elle est contrainte par ses créanciers de vendre la terre de Mareuil (voir le dossier 21 J 20) et meurt presque ruinée en 1820.
De 1802 à 1836, le nouveau propriétaire de Mareuil-en-Brie est un Champenois, issu d'une famille originaire d'A, Joseph-Alexandre-Jacques Durant. Haut fonctionnaire et diplomate, nommé chef de la division politique au ministère des Relations extérieures de 1796 à 1805, il sera ambassadeur à Naples jusqu'en 1814, puis dans différents pays européens et américains. Baron de l'Empire en 1809, élu député de la Marne à la Chambre des Cents Jours en 1815, pair de France en 1832, il est mis à la retraite en 1834 et meurt à A en 1855. Durant réalise d'importantes acquisitions en terres et en bois autour de Mareuil et de Montmort. En 1830, il fait démolir l'ancien château du XVIIe siècle pour reconstruire l'actuelle grande demeure, au goût du XIXe siècle. Quelques années plus tard, en 1836, il vend le domaine au banquier parisien Charles Salverte. Celui-ci viendra s'installer à Mareuil, dont il sera maire à partir de 1840 (Arch. de la Marne, 10 M 37).
En 1875, à la requête de la famille Salverte, le domaine de Mareuil est vendu par licitation et adjugé à un fondé de pouvoir de la banque Salverte, Ernest Orville. Mort en 1911, celui-ci laisse la propriété à sa fille cadette Renée, épouse du comte Paul de Vibraye (mort en 1953). Leur fils aîné Raoul, né en 1909, connaît des difficultés financières et doit finalement mettre le domaine en vente en 1973. Les archives sont alors dispersées, et seront achetées trois ans plus tard par les Archives de la Marne.