Page d'histoire : Michel Pignolet de Montéclair Andelot (Haute-Marne), 4 décembre 1667 – Domont (Val-d’Oise), 22 septembre 1737

Michel Pignolet de Montéclair, d’origine champenoise, est non seulement un interprète de talent – il joue de la basse de violon –, mais aussi un compositeur et un théoricien. Même si sa biographie comporte encore des lacunes, elle est représentative d’un musicien d’Ancien Régime. Montéclair est né dans une famille d’artisans : son père Adrien Pignolet est tisserand. Il se forme dans la maîtrise de la cathédrale de Langres, puis se rend à Paris en 1687, période où il ajoute le toponyme Montéclair à son nom d’origine. On le trouve ensuite au service du prince de Vaudémont en Italie, un séjour qui influence son style musical. À partir de 1699, Montéclair s’illustre comme basse de violon dans l’orchestre de l’Opéra de Paris ; il y introduit la contrebasse, un instrument inconnu en France jusque-là. Il reste en poste jusqu’à l’année de sa mort. Pensionné par Louis XV, il meurt sans descendance car il ne s’est jamais marié. À Paris, Montéclair est également un professeur renommé : il compte parmi ses élèves les filles de François Couperin. Sa pédagogie, bien pensée et adaptée aux élèves, transparaît à travers ses différents traités. Ces derniers constituent des témoignages précieux sur l’interprétation de la musique française au XVIIIe siècle, notamment pour les ornements si spécifiques de son esthétique. Comme compositeur, Montéclair n’est pas très prolifique, mais il aborde bien des genres alors en vogue, comme l’opéra, la cantate, les airs et « brunettes » ainsi que la musique instrumentale. Sa contribution à la scène lyrique est remarquable : il y introduit des préoccupations orchestrales ou chorales tout à fait nouvelles, autant dans Les Fêtes de l’été (1716), un opéra-ballet, que dans Jephté (1732), rare exemple d’opéra religieux. Ses indications sont parmi les plus précises du temps : dans Les Fêtes de l’été, des cors doivent être joués en coulisses « fort doux, pour exprimer l’éloignement de la chasse » (deuxième entrée). Jean-Philippe Rameau admirait spécialement l’opéra Jephté et en fut vivement impressionné : « Il conçut […] que notre musique dramatique était susceptible d’une nouvelle force et de nouvelles beautés*. »

* Le Mercure, 1761.

Bertrand Porot
professeur de musicologie université de Reims

 

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Source: Commemorations Collection 2017

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