Page d'histoire : Anatole de Baudot Sarrebourg (Moselle), 14 octobre 1834 – Paris, 28 février 1915

Après une formation à l’École centrale où il entre en 1853, un an avant Gustave Eiffel et en même temps que le baron Jenney, le futur constructeur de gratte-ciel à Chicago, Anatole de Baudot commence en 1855 une nouvelle scolarité à l’École des beaux-arts dans l’atelier de Labrouste. Il n’y reste pas plus d’un an car l’atelier ferme ses portes. Il choisit alors d’entrer dans l’agence de Viollet-le-Duc pour qui il participe au chantier de Notre-Dame de Paris. Dès 1863, il publie dans la Gazette de l’architecture et du bâtiment et, à partir de 1872, dans l’Encyclopédie d’architecture, deux revues qui diffusent la pensée de son maître. Il se spécialise dans la construction d’églises (1), édifie celle de Rambouillet en 1865 et, en 1870, celle de La Roche-Milley dans la Nièvre et surtout il publie en 1867 Églises de bourgs et de villages, ouvrage destiné à répondre à la demande de l’administration des cultes en matière de plans types d’églises. Baudot est chargé des édices diocésains de Viviers, de Mende et, en 1875, de la succession de Viollet-le-Duc à la cathédrale de Clermont-Ferrand. En 1882, les Cultes étant rattachés à l’Instruction publique, il construit le lycée Lakanal à Sceaux.

Ayant recueilli l’essentiel de l’héritage de Viollet-le-Duc (2) et publié en 1884 La Sculpture française au Moyen Âge et à la Renaissance, il est nommé inspecteur général des édices diocésains, professeur à la chaire d’architecture française du Moyen Âge et de la Renaissance au musée de Sculpture comparée et directeur de l’Encyclopédie d’architecture. Mais bientôt il se distingue de son maître par l’intérêt qu’il porte au ciment armé, selon un brevet de Paul Cottencin ainsi qu’à la brique armée. À partir de 1894, il projette de construire avec l’aide de ces deux types de matériaux l’église Saint-Jean-Baptiste de Montmartre. Cet édice, achevé en 1904, est perçu immédiatement comme un chef-d’oeuvre de modernité, une transition exceptionnelle entre l’historicisme médiévaliste et l’Art nouveau. En 1905, Baudot publie L’Architecture et le bâtiment armé.

Jusqu’à sa mort en 1915 (3), il perfectionne un projet en ciment armé de palais des expositions artistiques, dans le même temps qu’il publie Les Cathédrales de France. Il laisse avec Pierre Paquet et Henri Chaine les disciples qui vont transmettre après lui son enseignement.

Jean-Michel Leniaud, directeur de l’École nationale des chartes

1. Jean-Michel Leniaud, Les Cathédrales au XIXe siècle : étude du service des édices diocésains, Paris, Économica, 1993, 984
p.
2. Jean-Michel Leniaud, Viollet-le-Duc ou les délires du système, Paris, Mengès, 1994, 225 p.
3. « Anatole de Baudot 1834-1915 », Rassegna, n° 68, 1996-IV, p. 4-73

Source: Commemorations Collection 2015

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