Quel homme curieux que ce Jacques Peletier ! Esprit universel de la Renaissance, homme d’étude, mais toujours sur les routes entre Paris, Rome, la Savoie, Bordeaux, Poitiers, Lyon ; toujours insatisfait de ses fonctions, secrétaire des grands, professeur de mathématiques, de philosophie, médecin, principal de collège… Le « docte » Peletier sachant tout de l’astronomie, la poésie, la rhétorique, spécialiste d’Euclide ou d’Horace, traduisant Homère ou Pétrarque, glosant Galien…

Que retenir de lui aujourd’hui ? Amoureux du langage, il a voulu dire le monde moderne pour le constituer et en saisir le sens ; langage mathématique, langage scientifique et langue commune : avant Du Bellay, il a défendu le français pour en faire une langue illustre, il a renouvelé les formes poétiques (ouvrant la voie à la Pléiade) et a tenté une réforme audacieuse de l’orthographe, peu suivie, sauf par lui-même.

Du Bellay qui devait beaucoup au poète manceau espérait que la postérité rendrait justice à ses dons. En 1904, lors de la réédition de ses oeuvres poétiques, Léon Séché appela à la juste reconnaissance de Peletier. Hélas. Pauvre Peletier ! Peu de mots et beaucoup d’oubli pour un grand penseur. Retenons sa devise avec son « ortograf » : Moins e meilheur.

Michel Tirado, professeur agrégé de lettres classiques en classes préparatoires – Toulouse

Source: Commemorations Collection 2017