Page d'histoire : Joachim Murat La Bastide-Fortunière (Lot), 25 mars 1767 – Pizzo (Italie), 13 octobre 1815

Joachim Murat, roi de Naples et de Sicile, en grand costume royal en 1812, esquisse de François Gérard, vers 1812, Versailles, châteaux de Versailles et de Trianon.

Alexandre Dumas dit de lui que sa vie semblait un conte des Mille et Une Nuits. Il ajoute : « comme un arc-en-ciel, il avait brillé pendant l’orage et, comme un arc-en-ciel, ses deux extrémités se perdaient dans les  nuages de sa naissance et de sa mort ». Murat personnifie tout à la fois la France guerrière, ses ambitions et ses rêves déçus. Issu d’une famille paysanne, destiné à la prêtrise, il passe de nombreuses années sur les bancs des institutions scolaires et religieuses de Cahors, puis de Toulouse. Il choisit pourtant de mettre un terme brutal à ses études de théologie en s’enrôlant dans un régiment de cavalerie. Il en est rapidement renvoyé, pour cause d’insubordination et d’opinions politiques radicales. Il met toute son énergie à retrouver un poste dans l’armée et parvient à réintégrer la cavalerie et rapidement gravir les échelons. Ce n’est cependant qu’à la faveur des événements de Vendémiaire (1795), où il apporte l’artillerie dont a besoin le général Bonaparte pour écraser une émeute royaliste, qu’il entre dans l’histoire. Fort actif en Italie, il multiplie les prouesses au cours de la campagne d’Égypte et participe au coup d’État de brumaire de manière déterminante. Ce dernier fait lui vaut la main de Caroline Bonaparte et d’entrer dans la famille. Bonaparte apprécie Murat de manière diverse et, tout en lui confiant de périlleuses missions et le commandement de la réserve de cavalerie, met parfois en doute sa fidélité et ses compétences. Murat souffre sa vie durant de ce traitement que n’effacent pas les récompenses : grand amiral de l’Empire (ironie pour un cavalier), maréchal, grand-duc de Berg. Ce n’est toutefois jamais assez : Naples, dont il devient le roi en 1808, est une déception, lui qui rêvait de Pologne ou d’Espagne.

Murat se prend d’affection pour ses sujets et, malgré la tentative infructueuse de conquête de la Sicile en 1810, imagine de détacher son royaume de l’influence de l’Empire. Les difficultés rencontrées par Napoléon à l’issue des campagnes de Russie et d’Allemagne, auxquelles il participe, le déterminent à lancer le processus de renversement des alliances. En 1814, ses armées entrent en campagne contre la France. Pourtant, le congrès de Vienne n’entend pas faire de lui un Bernadotte italien. Conscient de sa faiblesse, il pense que le retour au pouvoir de Napoléon lors des Cent-Jours lui donne l’occasion de conquérir l’ensemble de l’Italie. L’aventure s’achève par une défaite cinglante, à Tolentino le 2 mai 1815. Quelques mois plus tard, tentant de recouvrer le pouvoir d’une manière aussi fantaisiste qu’impréparée, Murat tombe à Pizzo sous les balles d’un peloton d’exécution napolitain.

Vincent Haegele
archiviste paléographe

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Source: Commemorations Collection 2017

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