Page d'histoire : Jean Bruller dit Vercors Paris, 1902 - 1991

D'abord graveur et dessinateur connu dans l'entre-deux-guerres pour sa fascination pour l'absurde, il s'engage dans la Résistance, dont dérive son pseudonyme, et se tourne vers l'écriture pour exprimer sa condamnation d'un monde où la dérision ne suffit plus, où l'horreur des faits traduit l'effondrement des valeurs héritées des Lumières. Élaborer un nouvel humanisme implique alors une réflexion sur ce qui fonde l'humain en tant que tel (Plus ou moins homme, 1950 ; Les Animaux dénaturés, 1952) et une politique de la rebellion qui va de l'apologie de la dignité (Le Silence de la mer, 1942) à celle de l'engagement sans concession (Sables du temps, 1945). Parallèlement à l'exigence de lucidité, l'art seul permet de ne pas désespérer de l'humain. Au-delà des intentions de l'auteur, c'est par ses qualités intrinsèques de retenue et de densité que le Silence de la mer a connu dès sa parution et connaît encore aujourd'hui un retentissement littéraire, politique et moral qui en fait l'une des œuvres de réflexion majeures du XXe siècle. Fondateur des éditions de Minuit, nées elles aussi dans la clandestinité, Vercors laisse également une œuvre d'historien et de mémorialiste, et surtout le souvenir d'un homme qui a su vivre à la hauteur de son idéal.

Source: Commemorations Collection 2002

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