Page d'histoire : Frère Roger, prieur de Taizé Provence (Suisse), 12 mai 1915 - Taizé (Saône-et-Loire), 16 août 2005

Celui que le monde entier a connu sous le nom de frère Roger est né en Suisse, fils d’un pasteur mais issu d’une famille catholique du côté de ses ascendants maternels. Il a commencé ses études de théologie à la faculté protestante de Lausanne, avant de s’établir à Taizé, en Bourgogne, en 1940, où il a accueilli des réfugiés, des juifs puis des Résistants. Rejoint par d’autres jeunes protestants, notamment Max Thurian, il va développer une communauté qui présente, dès le départ, une triple particularité : la restauration d’une certaine forme de monachisme dans le monde protestant, l’attention à la liturgie et la recherche de l’unité des chrétiens.

Au fil des années, la dimension religieuse de la communauté s’accentuera avec un « engagement à vie », équivalent des voeux de religion chez les catholiques et la rédaction d’une règle. S’engagent aussi des relations avec Rome : Roger Schutz et Max Thurian rencontrent Pie XII et Mgr Montini – le futur Paul VI – en 1949 et 1950.

L’annonce du concile de Vatican II amène la communauté de Taizé à organiser des rencontres entre évêques catholiques et pasteurs protestants. Roger Schutz et Max Thurian sont invités à participer au concile de Vatican II (1962-1965) comme « observateurs ».

Par la suite, tandis que la communauté accueille ses premiers frères catholiques, Taizé va devenir le lieu régulier de grands rassemblements (première rencontre internationale des jeunes en 1966, concile des jeunes en 1974). Frère Roger publie de nombreux livres qui, dans leur forme même (il s’agit de recueils de courts textes et non d’ouvrages de spéculation théologique) et dans leur titre, indiquent une approche non dogmatique de la religion : Dynamique du provisoire (1965), Unanimité dans le pluralisme (1966), Ta fête soit sans fin (1971), Étonnement d’un amour (1979).

Dans son itinéraire personnel, la recherche d’unité l’amène à ne plus exercer son ministère de pasteur protestant et à recevoir la communion catholique (à partir de 1972), tandis que l’autre cofondateur de Taizé, Max Thurian, est ordonné prêtre en 1987. Taizé est restée néanmoins une communauté oecuménique, dont les rassemblements de jeunes ont continué à accueillir catholiques, protestants et orthodoxes.

La visite de Jean-Paul II à Taizé, en octobre 1986, à l’occasion de son troisième voyage apostolique en France, a constitué comme la reconnaissance ultime de l’importance de la communauté fondée par frère Roger plus de quarante ans plus tôt. Dans les années 1970 et 1980, frère Roger a multiplié les voyages à l’étranger pour organiser des « rencontres européennes des jeunes » ou des « rencontres intercontinentales des jeunes », vastes rassemblements de prière et de dialogue.

Frère Roger a connu une fin dramatique, en août 2005, en étant assassiné dans l’église de Taizé par une déséquilibrée.

Yves Chiron
directeur du Dictionnaire de biographie française

Source: Commemorations Collection 2015

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