Page d'histoire : Début de la réalisation du retable d'Issenheim 1512

Détail du Concert des anges, Vierge et l’Enfant
Technique mixte (tempera et huile) sur panneaux de tilleul, entre 1512 et 1516, par Matthias Grünewald - Colmar, Musée Unterlinden
© Musée Unterlinden, Colmar

Retable d'Issenheim, Crucifixion
Détail
Colmar, Musée Unterlinden
© Musée Unterlinden, Colmar

Célébré par K.-J. Huysmans dans un texte fulgurant (Trois primitifs, 1908), le retable d’Issenheim est le chef-d’œuvre de la peinture allemande à la veille de la Réforme. Il a été réalisé à partir de 1512 pour l’hôpital des Antonins d’Issenheim et se trouve depuis la Révolution dans les collections publiques rassemblées à Colmar. Il fait la renommée du musée d’Unterlinden.

Dominé par une crucifixion dont l’expressionnisme a été souligné par tous, le polyptyque associe les thèmes de l’Incarnation et du Salut à une iconographie centrée sur saint Antoine ermite. Sa réalisation est l’œuvre conjointe du sculpteur strasbourgeois Nicolas de Haguenau et d’un peintre de la génération d’Albrecht Dürer et de Léonard de Vinci, Maître Mathis, dans lequel on a vu un génie de la même stature, mais dont la biographie demeure insaisissable.

En effet, contrairement à ses contemporains, l’artiste n’occupe pas les devants de la scène et sa mémoire s’éteint avec lui, en 1528. Le patronyme Grünewald est une invention du XVIIe siècle qui s’est substituée à son véritable nom, Nithard, à son sobriquet Gothard, et au titre de Meister. De fait, la carrière de Mathis d’Aschaffenbourg n’existe qu’en pointillés : il a été au service de l’archevêque de Mayence, dans sa résidence des bords du Main où il apparaît à la fois comme peintre et comme ingénieur jusqu’en 1526. Son premier séjour alsacien se place entre 1512 et 1516, peut-être à Strasbourg, auprès du sculpteur, ou à Issenheim, qui est alors la « tête de réseau » de l’ordre de Saint-Antoine de Viennois en Allemagne. Le maître-autel est une commande du précepteur Guido Guersi (Guy Guers, « italianisé » à la manière de l’époque, mort en 1516), un Dauphinois, qui fait appel à plusieurs artistes de renom, Martin Schongauer, Nicolas de Haguenau, Hans Holbein l’ancien, etc. Les panneaux peints par Mathis n’ont pas seulement une fonction liturgique : ils accompagnent le traitement des malades atteints du « Feu Saint-Antoine » – l’ergotisme gangréneux et les hallucinations provoqués par un parasite du seigle.

Maître Mathis revient en Alsace en 1523-1525, probablement dans l’entourage de l’évêque de Strasbourg Guillaume de Honstein, administrateur de l’archevêché de Mayence, et des barons de Morimont-Belfort. En 1516, il avait peint un autel (disparu) pour la collégiale Saint-Christophe de Belfort.

La tension et la force qui imprègnent l’œuvre de Grünewald ont été interprétées dans un sens mystique : on a voulu y voir un artiste engagé ou même un proscrit lors de l’insurrection générale de la paysannerie allemande (1525). Cet écho se retrouve dans l’opéra de Paul Hindemith (1895-1963) Mathis der Maler (Mathis le Peintre) en 1938, ou dans des peintures d’Otto Dix (1891-1969) et de Max Bechmann (1884-1950).

 

Georges Bischoff
professeur à l’Université de Strasbourg

 

Edition - Philatélie

Dans le cadre du Salon philatélique qui se tiendra du 9 au 17 juin 2012 à Paris, des timbres reproduisant les sculptures du retable seront édités. Ceux-ci seront disponibles à partir du 15 juin 2012, au musée Unterlinden à Colmar, à Issenheim et à Paris

Manifestations

Samedi 14 avril 2012, à 20h
Concert exceptionnel de la Maîtrise de Garçons de Colmar : « Le voyage du Retable »
La Maîtrise, qui compte plus de soixante chanteurs, propose de découvrir le Retable d’Issenheim à travers les siècles de son histoire. Le fil conducteur du programme est une mise en lumière de morceaux choisis du retable. Saint Antoine, Saint Paul, les bergers, les anges, la prophétie d’Isaïe seront ainsi chantés
Au programme, des oeuvres de Bouzignac, Brahms, Whitacre, Charpentier, Stanford, Palestrina ou encore Scheidt. Direction : Arlette Steyer Samedi 14 avril 2012, à 20h au musée Unterlinden
Ouverture des portes dès 19h30 afin de permettre la visite du Retable d’Issenheim, en présence de Pantxika de Paepe, conservateur en chef. Dans la limite des places disponibles
Tarifs : 23 € / Membres de la Société Schongauer et étudiants : 16 €
Lieu : Musée Unterlinden, 1 rue d’Unterlinden – 68000 Colmar
tél. : 03 89 20 15 51

 

Vendredi 11 mai 2012, à 20h30
Visites guidées nocturnes Par Pantxika de Paepe, conservateur en chef du musée Unterlinden
Tarifs : de 5 à 10 € Sur réservation au 03 89 20 15 51 (places limitées)
Lieu : Musée Unterlinden, 1 rue d’Unterlinden – 68000 Colmar

 

du 15 juin au 15 juillet 2012
Exposition : « La Passion du Christ, une iconographie enluminée »
Le musée Unterlinden ouvre ses portes à l’une des plus prestigieuses collections d’enluminures privée. La thématique iconographique de la passion du Christ est présentée à travers une sélection de douze œuvres de la collection de Jorn Gunther
Lieu : Musée Unterlinden, 1 rue d’Unterlinden – 68000 Colmar

 

Vendredi 12 octobre 2012, à 20h30
Visites guidées nocturnes Par Pantxika de Paepe, conservateur en chef du musée Unterlinden. Tarifs : de 5 à 10 € Sur réservation au 03 89 20 15 51 (places limitées)
Lieu : Musée Unterlinden, 1 rue d’Unterlinden – 68000 Colmar

Institutions culturelles

Musée d'Unterlinden
1 rue d'Unterlinden - 68000 Colmar
tél. : 03 89 20 15 50 ; fax : 03 89 41 26 22

Source: Commemorations Collection 2012

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