Page d'histoire : Création de la Section cinématographique de l'armée Février 1915

Soupir, opérateurs de la Section photographique
et cinématographique de l’armée, photo de Maurice Boulay.
© ECPAD/France/1917/BOULAY, Maurice

Depuis un siècle, la mission des soldats de l’image est de filmer les combats sur tous les fronts : riche de cet héritage, l’Établissement de communication et de production audiovisuelle de la Défense (ECPAD) est le dépositaire de la mémoire visuelle des forces françaises.

Au printemps 1915, un accord entre le ministère de la Guerre et les maisons cinématographiques aboutit à la création de la Section cinématographique de l’armée (SCA). Peu après, les ministères de l’Instruction publique et des Beaux-Arts, de la Guerre et des Affaires étrangères créent la Section photographique de l’armée (SPA). Dans les deux cas, l’objectif est de contrer la propagande allemande, de rendre compte des destructions et de constituer une archive. En 1917, les deux entités fusionnent en une Section photographique et cinématographique de l’armée (SPCA). Dès cette époque, les équipes d’opérateurs sur le terrain fonctionnent en binômes composés d’un photographe et d’un cadreur. En 1919, la partie photographique de la Section est mise en sommeil, la partie cinématographique est rattachée au Service géographique de l’armée, ancêtre de l’IGN.

En 1939, les opérateurs sont de nouveau incorporés au sein du service cinématographique des armées. Destinées à soutenir le moral des troupes, leurs productions sont également diffusées dans les pays alliés ou neutres pour contrer la propagande de l’Axe. Les archives de cette période intègrent d’ailleurs une partie de la production audiovisuelle des compagnies de propagande allemandes, l’ensemble ayant été saisi en 1945 par l’armée américaine et réparti entre les vainqueurs.

En 1946, le SCA devient interarmées et s’implante au fort d’Ivry. Le service développe une activité de reportage tournée pour l’essentiel vers l’Indochine : en suivant les troupes au plus près des combats, en partageant leurs souffrances, les reporters du SCA (Schoendoerffer, Péraud, Kowal…) contribuent à la naissance du mythe du reporter de guerre.

En 1961, le SCA devient l’Établissement cinématographique des armées (ECA). En 1969, ce dernier cède la place à l’Établissement cinématographique et photographique des armées (ECPA), rattaché au SIRPA (service d’informations et de relations publiques des armées), nouvellement créé par Michel Debré, ministre de la Défense. Le cinéma et la photo des armées voient alors passer dans leurs rangs de jeunes talents qui font leurs premières armes avant d’oeuvrer au cinéma ou à la télévision.

En 2001, l’ECPA devient l’Établissement de communication et de production audiovisuelle de la Défense, établissement public administratif sous tutelle de la délégation à l’information et à la communication du ministère de la Défense. Il a notamment comme mission d’être le dépositaire exclusif de tous les documents photographiques et audiovisuels produits par le ministère de la Défense. Les équipes de l’ECPAD veillent aujourd’hui sur neuf millions de photographies et trente mille titres de films dont elles assurent la collecte, la conservation, la documentation, la mise à disposition et la valorisation.

Xavier Sené, chef du pôle des archives de l’ECPAD

Voir aussi :

Les productions pédagogiques du CNDP Centre national de documentation pédagogique et de la Cinémathèque centrale sur la Grande Guerre (1956-1996)

Photographier Athènes pendant la Première Guerre mondiale : un panorama de la ville sous le regard de l'Armée d'Orient

Pour aller plus loin :

Images d’armées : un siècle de photographie et de cinéma militaires (1915-2015) par Xavier Sené, Paris : CNRS Éd., 2015. 279 p. 

L’ECPAD sur le site du Ministère de la Défense

Source: Commemorations Collection 2015

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