Page d'histoire : Lancement du satellite A-1 par la première fusée Diamant A 26 novembre 1965

Le premier lanceur français Diamant A-1 est assemblé sur le pas de tir.
Le lancement a eu lieu avec succès le 26 novembre 1965.
© Astrium/ECPA/1965

« Quoi, il faut que vous fassiez tout cela ? Mais vous n’y arriverez pas ! » Lorsqu’en novembre 1963, Jacques Blamont présente à Jean Coulomb les tâches à accomplir avant le lancement de la première fusée Diamant, prévu deux ans plus tard, la surprise du président du Centre national d’études spatiales (CNES) n’est pas feinte. Le défi est pourtant relevé : le 26 novembre 1965, Diamant A est lancée depuis la base d’Hammaguir, au nord du Sahara algérien, avec, à son bord, le satellite A-1, baptisé Astérix. Difficile de décrire, voire d’imaginer, la somme colossale d’efforts accomplis pour parvenir au compte à rebours final !

Il faudrait en effet résumer au moins vingt années de recherches, entamées en France juste après la Seconde Guerre mondiale (parfois même avant et pendant le conflit), pour doter notre pays de sa propre capacité de lancement, aussi bien dans le domaine de la propulsion à poudre que de la propulsion liquide. Des recherches le plus souvent menées au départ à des fins militaires.

Il faudrait de même décrire l’enthousiasme et la ténacité des scientifiques qui avaient compris quel apport les techniques spatiales, en particulier les satellites, pouvaient leur procurer pour connaître cet espace qui commençait au-delà de l’atmosphère terrestre, mais aussi pour observer notre planète : n’était-ce pas dans le cadre de l’année géophysique internationale que les Soviétiques avaient lancé leur premier spoutnik, le 4 octobre 1957 ?

Il faudrait encore mesurer l’engagement intellectuel et humain des ingénieurs qui ne disposaient alors que de très modestes moyens de calcul et de mesure : en ce temps de préhistoire spatiale où l’empirisme et le tâtonnement semblaient dominer, la communauté spatiale française acquit une expertise et une compétence inestimables.

Or « tout cela » fut mené jusqu’à son terme : le 26 novembre 1965, la France, en lançant avec l’une de ses propres fusées l’un de ses propres satellites, devenait la troisième puissance spatiale de l’histoire, après l’Union soviétique et les États-Unis.

La suite de l’histoire a donné raison à ces pionniers du siècle dernier. Bien des réalités ont changé : la base d’Hammaguir a été fermée et le centre spatial guyanais ouvert ; la France a abandonné sa série des fusées dites des « Pierres précieuses » pour permettre la naissance de la lignée européenne des fusées Ariane ; les coopérations entre nations n’ont pas cessé de croître ; les techniques spatiales ont envahi la plupart des champs d’activités humaines grâce à leurs capacités de recueil et de transmission de multiples informations.

La date du 26 novembre 1965 reste pourtant mémorable : ce jour-là, la France a écrit une belle page de son destin étoilé !

 

Jean-Yves Le Gall
président du Centre national d’études spatiales 

Source: Commemorations Collection 2015

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