Page d'histoire : Camille Guérin Poitiers, 22 décembre 1872 - Paris, 9 juin 1961

Portrait photographique de Camille Guérin
Paris, Académie nationale de médecine
© Académie de médecine, DR

À l’issue de sa scolarité au lycée Descartes de Châtellerault, Camille Guérin entre, à 20 ans, à l’École nationale vétérinaire d’Alfort. Au cours de ses études, il se passionne pour les travaux de laboratoire et se fait remarquer par le professeur Nocard, directeur de l’école et disciple de Pasteur. En 1896, il obtient son diplôme.

Un an plus tard, Albert Calmette, chargé par Pasteur de créer un institut à Lille, fait appel à Camille Guérin. Celui-ci y exerce les fonctions de préparateur et se consacre, à partir de 1900, à deux thèmes de recherche : la vaccine jennérienne (vaccin antivariolique) et la tuberculose.

En 1905, il est nommé, par Albert Calmette, chef de laboratoire de la vaccine jennérienne de l’institut Pasteur de Lille. À partir de 1908, il entreprend des recherches qui mèneront ultérieurement à la découverte du vaccin antituberculeux, mais elles seront temporairement interrompues par la guerre de 1914.

Alors qu’Albert Calmette est appelé à Paris afin d’assurer la sous-direction de l’Institut Pasteur, Camille Guérin devient, en 1919, chef de service à l’institut Pasteur de Lille. La collaboration entre les deux chercheurs se poursuit néanmoins. Ils étudient, depuis 1908, une souche de bacille de la tuberculose, isolée à partir d’une mammite tuberculeuse bovine. Après de nombreuses cultures successives de ce bacille sur milieux biliés glycérinés, Calmette et Guérin obtiennent, en 1921, une souche de bacilles tuberculeux qui ne détermine plus de lésions chez l’animal, même à des concentrations très élevées. Les premiers essais vont conclure à l’innocuité et au pouvoir protecteur de cette souche contre la transmission de la tuberculose bovine. Ainsi fut découvert le BCG (sigle qui, à l’origine, désignait le « Bilié Calmette Guérin » et non le « Bacille Calmette Guérin »), d’abord destiné à prévenir la tuberculose chez les bovins.

Rapidement, le problème de la vaccination par le BCG va se poser pour l’homme. Weill-Hallé, le célèbre médecin, propose à Albert Calmette de vacciner un jeune enfant très exposé au risque de tuberculose. Avec Camille Guérin, il accepte cette proposition d’une première vaccination, réalisée avec succès le 18 juin 1921. La vaccination antituberculeuse était découverte ; elle est devenue le B.C.G.

En 1928, Camille Guérin devient chef du nouveau service du B.C.G. à l’Institut Pasteur de Paris. Il est élu, en 1935, membre de l’Académie de médecine puis il recevra la grande médaille de vermeil de la ville de Paris en 1952 ; il sera nommé grand officier de la Légion d’honneur en 1958. Il est l’auteur de nombreux ouvrages et publications.

Il décèdera à l’âge de 88 ans, à l’Institut Pasteur de Paris où, depuis sa retraite, il occupait une modeste chambre.

Le nom de Camille Guérin évoquera, pour toujours, la découverte du vaccin préventif contre la tuberculose.

Jacques Frottier
membre de l’Académie nationale de médecine

Source: Commemorations Collection 2011

Liens