Page d'histoire : Ouverture de l'Ecole vétérinaire d'Alfort Octobre 1766

La Consultation quotidienne,
gravure de V. Mercier dans Le Monde illustré du 10 novembre 1866.
© Musée Fragonard – École nationale vétérinaire d’Alfort

A la différence de son aînée lyonnaise de quatre ans, l’École nationale vétérinaire d’Alfort, installée au château d’Alfort, n’a jamais quitté le site de son ouverture : il faut en effet considérer son séjour rue Philippe-de-Girard à Paris, pendant l’hiver 1765-1766, comme une préfiguration, dirait-on aujourd’hui, de son installation définitive.

Poussé par le ministre Bertin qui souhaite créer des écoles vétérinaires à travers la France, en particulier à Paris, Bourgelat, après avoir redouté que ce projet ne se réalise aux dépens de celle de Lyon, se met en quête d’un local en banlieue afi n d’éviter la concurrence de la corporation des maréchaux parisiens. Ses vues se portent sur le château d’Alfort, situé à Maisons, à l’angle des routes de Troyes et de Sens. Le domaine est la propriété du baron Jean-Louis L’Hérault de Bormes, alors en diffi cultés fi nancières. Après diverses péripéties, un contrat de vente est signé le 27 décembre 1765 au profit d’un certain Charles Renaud, commis dans les haras, qui renonce immédiatement à son acquisition au profit du roi. La transaction est approuvée le 11 juin par un arrêt du Conseil d’État.

Le transfert de Paris à Alfort débute en août 1766. Tout est prêt au mois d’octobre pour l’inscription, le 12 de ce mois, du premier élève, Jean Soulier, de Provins, suivi en décembre par Prévot et Perret, de Nantes. L’école est placée sous la direction d’Honoré Fragonard, Philibert Chabert étant à la tête des hôpitaux. L’année suivante l’enseignement de la botanique est confié à Louis Bredin, celui de la maréchalerie à J. Girard et celui de la pharmacie à J. Danguin, Péan aîné étant adjoint au directeur. S’ouvre alors une longue suite d’enseignants dont le nombre et la qualification varient avec l’évolution de la médecine vétérinaire et de son enseignement. Parmi eux, on relève les noms célèbres du chimiste Fourcroy, de Daubenton, titulaire d’une chaire d’économie rurale avant la Révolution, puis, aux siècles suivants, de Bouley et Nocard, « fervents pastoriens », enfin de Guérin et Ramon, découvreurs respectivement du BCG et de l’anatoxine diphtérique.

Des bâtiments du château d’Alfort, il ne subsiste rien. Le dernier a été démoli dans les années 1950 : c’était une ferme, dite haras, en fort mauvais état. En revanche, au coeur du parc qui a gardé sa forme triangulaire originale, se trouve le musée de l’École où sont conservés les célèbres Écorchés d’Honoré Fragonard, le premier directeur, anatomiste et cousin du peintre. Parallèlement fonctionne le CHUVA (Centre hospitalier universitaire vétérinaire d’Alfort), consacré aux animaux de compagnie et doté des innovations techniques les plus modernes.

On peut donc, à l’occasion de ce 250e anniversaire, souhaiter longue vie à un établissement situé à la pointe de la recherche, capable aussi de se tourner vers son passé.

 

Yvonne Poulle-Drieux
archiviste paléographe

voir Commémorations nationales 2012

Source: Commemorations Collection 2016

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