Page d'histoire : Institution du prix de Rome 1663

La Mort de Caton d’Utique - Huile sur toile de J.B. Corneille, 1687
© Musée des Beaux-Arts de Dijon. Photo François Jay.
Jean-Baptiste Corneille fût lauréat du prix de Rome de peinture en 1663 et 1664
 

A sa création, le 11 février 1666, l’Académie de France à Rome accueille pour quatre ans douze peintres et sculpteurs, nommés par la Surintendance des Bâtiments. Ils sont les lauréats du pre-mier ou du deuxième prix de l’Académie royale de Peinture et Sculpture, plus tard connus sous le nom de “ Prix de Rome ”. Les premiers concours en avaient été organisés dès avant la nomination d’un directeur, les 7 avril et 14 juillet 1663 ainsi que le 10 septembre 1664. Au-delà des changements de tutelle et de modalités de sélection, de l’élargissement des disciplines admises et des transformations des conditions du séjour romain, la pratique et le nom de “ Prix de Rome ” vont perdurer pendant plus de trois siècles.

Ils ne sont pas forcément le seul mode de sélection des pensionnaires de l’Académie de France à Rome, installée à partir de 1725 au Palais Mancini et qui accueille des architectes depuis 1720. Hubert Robert ou Jacques-Germain Soufflot s’agrègent aux pensionnaires sans avoir été primés, contrairement à quelques uns des meilleurs artistes français de leur époque, parmi lesquels Jean-Honoré Fragonard ou Jean-Antoine Houdon.

Du fait des événements révolutionnaires à Paris et à Rome, le concours s’interrompt en 1793. Il est rétabli en 1797 mais les primés ne quittent pas Paris pendant plusieurs années. L’Académie de France à Rome rouvre en 1803 à la Villa Médicis où Napoléon Bonaparte en a transporté le siège. Les statuts sont modifiés : l’organisation du concours est confiée à l’Académie des Beaux-Arts, 4e classe de l’Institut de France, et élargie à de nouvelles disciplines : la gravure de médaille et la composition musicale dès 1803, le paysage historique en 1817. Familièrement on appelle désormais “ Prix de Rome ” le concours aussi bien que l’artiste primé. Pour la composition musicale, la seconde épreuve est l’écriture d’une cantate, parfois bien éloignée des genres dans lesquels se sont illustrés ensuite quelques uns des prix de Rome de musique les plus connus, comme Hector Berlioz, Georges Bizet ou, plus tard, Claude Debussy.

En 1863, un décret impérial retire à l’Institut ses prérogatives sur l’organisation et le jugement du concours, désormais confié à des commissions nommées par le gouvernement. En 1913, Lili Boulanger est la pre- mière femme prix de Rome de composition musicale. Elle est lauréate à un moment où le prix de Rome a perdu sa place dans le système général des arts, pour ne plus récompenser que des artistes désignés comme “ officiels ” par opposition à ceux “ d’avant-garde ”, qui le dédaignent par principe.

En 1968, André Malraux supprime définitivement les prix de Rome et le lien entre l’Institut de France et l’Académie de France à Rome. Il ouvre la Villa à des pensionnaires représentant l’ensemble des disciplines artistiques. Le concours aux épreuves communes est remplacé par un mode de sélection individuelle sur projet. Il n’existe plus désormais de prix de Rome en France : seules certaines Académies nationales à Rome, comme l’American Academy, en attribuent encore – en français dans le texte.

 

Éric de Chassey
directeur de l’Académie de France à Rome villa Médicis

 

* Cf. Célébrations nationales 2003 et Commémorations nationales 2013

Source: Commemorations Collection 2013

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