Page d'histoire : Pierre Varignon invente un nouvel instrument appelé manomètre 14 novembre 1705
Pierre Varignon (1654-1722) était un des géomètres français les plus célèbres en son temps. Inséré dans un réseau épistolaire international, il sut établir des relations avec Leibniz, Newton et surtout les frères Bernoulli. C’est à leur contact qu’il devint, conjointement avec le marquis de l’Hôpital, l’un des promoteurs les plus actifs de l’introduction en France du calcul différentiel et intégral, créé par Leibniz. Il est l’auteur d’Éclaircissemens sur l’Analyse des infiniment petits (1696) de L’Hôpital, ouvrage qui a largement contribué à la diffusion de la nouvelle analyse.
Premier titulaire de la chaire de mathématiques qui venait d’être créée au collège des Quatre-Nations fondé par Mazarin, Varignon semble avoir fait preuve de certaines qualités pédagogiques, car son cours, Élémens de mathématique, fut encore en 1731 l’objet d’une publication.
En 1687, l’année même de la parution des Philosophiae naturalis principia mathematica de Newton, Varignon publia un Projet d’une nouvelle mechanique, qui lui valut d’être nommé membre de l’Académie royale des sciences. Dans la suite, il y présenta plus d’une centaine de mémoires dans les domaines de la mécanique – où il s’est attaché à une réflexion approfondie sur les principes – et des mathématiques.
Le 14 novembre 1705, Varignon décrit en séance publique un nouvel instrument visant à mesurer la pression de l’air qui reste dans la « machine du vide » et l’appelle manomètre, c’est-à-dire mesure de la raréfaction. Le dispositif qu’il a mis en place (voir figure) s’apparente à un type de manomètre (dit à tube en U ou à air libre) qu’on utilise encore aujourd’hui pour mesurer la pression d’un gaz. L’invention de Varignon est cependant à replacer dans le cadre des expériences faites au XVIIe siècle à l’aide de la pompe à vide. Son objectif n’est pas de mesurer la pression d’un gaz, mais de rendre comparables des expériences faites avec cette machine en des lieux différents, comme la Royal Society à Londres et l’Académie des sciences à Paris, où la pression atmosphérique peut être différente.
Jeanne Peiffer
directeur de recherche au CNRS
centre Alexandre Koyré
Source: Commemorations Collection 2005