Page d'histoire : Création de l'École nationale supérieure des mines de Saint-Étienne 2 août 1816

Créée par l’ordonnance royale du 2 août 1816, l’École nationale supérieure des mines de Saint-Étienne peut être considérée comme la première école d’ingénieurs civils en France. À la différence de l’École des mines de Paris, sa création n’était pas liée au recrutement dans un corps d’état. Différemment aussi de l’École centrale des arts et manufactures, fondée en 1829, elle est depuis toujours une école publique et sa formation a été longtemps gratuite. Cette école a instauré un dialogue inédit entre État et industrie, dont est issue une partie non négligeable de la classe dirigeante de l’économie nationale où figurent des chefs d’entreprise du niveau d’Henri Fayol. L’État reconnaissait ainsi l’utilité de former les ingénieurs et les dirigeants du secteur privé, afin de rationaliser l’industrie minière et de développer une métallurgie moderne. En même temps, le bassin stéphanois, berceau de l’industrialisation française, devint le terrain de la formation pratique des élèves.

À ses débuts, l’École n’accueillit que huit élèves pour une scolarité de deux ans qui fut amenée à trois ans en 1879. Le nombre d’élèves crût progressi vement pour passer à une trentaine à la fin du XIXe siècle, et atteindre un effectif d’environ cent vingt dans les promotions d’aujourd’hui. À son ouverture, l’École occupait quelques locaux en centre-ville, puis elle fut transférée dans le château de Chantegrillet en 1850, pour enfin s’installer en 1927 au 158, cours Fauriel. À ce dernier site, trois annexes ont été ajoutées dans les années 1970 pour accueillir le centre de recherche en métallurgie, le futur centre de procédés industriels et le centre de calcul informatique, le premier parmi les écoles des mines. En 2003, l’École essaima à Gardanne, en Provence, où fut créé un centre de formation-recherche dédié à la micro-électronique. C’est depuis 1890 que l’École délivre le diplôme d’ingénieur civil des Mines, devenu depuis lors une sorte de trade mark de la formation stéphanoise, qui, malgré la « fin des houillères », est encore délivré aux diplômés.

Depuis 1882, la création d’un conseil de perfectionnement comprenant des représentants de l’industrie a resserré les liens entre État et industrie pour définir les programmes d’admission et d’enseignement et structurer la scolarité et la pédagogie. Cette imbrication entre État et industrie a permis d’aligner avec succès formation scientifique et besoins en technicité de l’industrie tout au long du XXe siècle et, depuis les années 1960, de transformer progressivement les Mines de Saint-Étienne en une école d’ingénieurs civils moderne et généraliste, qui a su saisir le rendez-vous de l’informatique puis s’orienter vers le développement durable, le management, l’ingénierie médicale et toutes les composantes de l’industrie du futur.

Anne-Françoise Garçon
professeur des universités
Centre d'histoire des technique
Université Paris I Panthéon-Sorbonne

Marco Bertilorenzi  
Chercheur associé à l'Institut d'histoire moderne et contemporaine - UMR 8066
Centre d'histoire des techniques
Université Paris I Panthéon-Sorbonne

Source: Commemorations Collection 2016

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