Page d'histoire : Marc Sangnier Paris, 3 avril 1873 - Paris, 28 mai 1950

Marc Sangnier en 1919

Marc Sangnier a consacré sa vie et ses talents d'orateur et de journaliste à l'idée d'une démocratie fondée sur les forces morales et spirituelles de la foi chrétienne. Né dans une famille très pieuse de la grande bourgeoisie, il fait ses études à Paris, au collège Stanislas, tenu par les Marianistes, ouverts aux idées du catholicisme social prônées par le pape Léon XIII. Déjà, il cherche à éveiller ses camarades à leurs devoirs civiques et sociaux et collabore à la revue Le Sillon, fondée en 1894 par son ami Paul Renaudin. En 1899, le Sillon se transforme en mouvement. Au sortir de l'École polytechnique, Sangnier renonce à une carrière d'officier pour en prendre la direction.

Cherchant à réconcilier le catholicisme avec le régime républicain, le Sillon s'est fixé pour but de "travailler à développer les forces sociales du catholicisme dans la société contemporaine ". "les beaux temps du Sillon" se consacrent à l'éducation populaire ; " le plus grand Sillon " s'ouvre aussi à tous ceux qui croient aux valeurs spirituelles et humaines. Entre 1899 et 1910, à une époque où les idées dominantes de la Troisième République sont mises en cause, où s'installe un climat de religiosité et où émergent des préoccupations sociales, le Sillon va marquer son influence sur de larges franges de la population française. Mais son orientation démocratique, dans un milieu encore très choqué par l'expulsion des congrégations et la loi de séparation des Églises et de l'État (1905), son indépendance aussi vis à vis de la hiérarchie ecclésiastique, finissent par inquiéter. Le 25 août 1910, le pape Pie X condamne le mouvement dans une lettre aux évêques de France : Sangnier se soumet et dissout le Sillon.

Il se lance alors dans l'action politique, fonde un journal, La Démocratie et, en 1912, un parti, la "Ligue de la Jeune République". Pendant la guerre de 1914-1918, il est chargé par Briand d'une mission en faveur de la paix auprès du pape. Député de Paris de 1919 à 1924, il se consacre entre les deux guerres à l'action pacifiste et organise de grands congrès démocratiques internationaux. En 1929, à l'instar de Richard Schirmann en Allemagne, il introduit en France les Auberges de Jeunesse pour rapprocher les jeunes de tous les pays. À partir de 1932, il prend un certain recul avec l'action politique et fonde l'hebdomadaire L'Éveil des peuples et le Foyer de la Paix à Bierville (Seine-et-Oise), où il possédait une propriété. Après la guerre, pendant laquelle il est arrêté, en 1944, par la Gestapo, son influence perdure : élu de nouveau député de Paris, il devient, à sa fondation, le président d'honneur du Mouvement républicain populaire (M.R.P.).

Odile Gaultier-Voituriez
archiviste de la Fondation nationale des sciences politiques
membre du conseil scientifique de l'Institut

Source: Commemorations Collection 2000

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