Page d'histoire : Léopold, Emmanuel Héré de Corny Nancy, 12 octobre 1705 - Lunéville, 2 février 1763

Vue de la place Royale de Nancy du côté de l’arc de triomphe extr. de Plans et élévations de la place Royale de Nancy de Léopold, Emmanuel Héré de Corny, t. III, pl. 5
service régional de l’inventaire de Lorraine
© 94 – Inventaire général / G. Coing

Fils d’un fonctionnaire du duc de Lorraine, Léopold, Emmanuel Héré est élève de l’architecte Germain Boffrand avant de travailler pour Stanislas Leszczynski, roi de Pologne et duc de Lorraine, qui, animé par une frénésie de bâtir, lui confie la réalisation de très nombreux ouvrages en Lorraine et tout particulièrement à Nancy.

À la fin des années 1730, Héré édifie les bâtiments des bosquets du château de Lunéville, exemples remarquables de la fantaisie inspirée de l’Orient où Stanislas a séjourné durant ses années d’exil. Le kiosque turc, le pavillon du trèfle chinois, le hameau avec son moulin et ses automates mus par le mouvement de l’eau ou le pavillon de la cascade ont tous impressionné durablement les hôtes de marque accueillis par Stanislas : son gendre Louis XV et sa famille, Voltaire et madame du Châtelet, Montesquieu…

Lorsqu’il construit le château de La Malgrange, aux portes de Nancy, Héré le recouvre en partie de porcelaine, accentuant ainsi le pittoresque qu’il a déjà développé dans l’aménagement du château de Commercy ou la rénovation du château de Chanteheux.

La première grande réalisation religieuse d’Emmanuel Héré est l’église de Notre-Dame de Bonsecours à Nancy, construite entre 1738 et 1741, destinée d’une part à accueillir la Vierge réalisée par Mansuy Gauvain pour René II après sa victoire sur les Bourguignons en 1477, d’autre part à recevoir les cénotaphes du duc Stanislas et de son épouse, Catherine Opalinska. Le classicisme mesuré et élégant de la façade, surmontée d’un clocher bulbeux, contraste avec la décoration intérieure de la nef, influencée par l’art d’outre-Rhin, dont la voûte est couverte des fresques du peintre Joseph Gilles dit le Provençal.

Entre 1750 et 1755, Emmanuel Héré réalise son chef-d’œuvre : la place Stanislas. Cet ensemble monumental est un des exemples les plus remarquables du XVIIIe siècle d'architecture édilitaire. Autour de la  place Royale (aujourd’hui place Stanislas), Héré dessine la place Saint-Stanislas (aujourd’hui place d’Alliance) et modifie la place de la Carrière. L’équilibre remarquable de l’architecture de la place Stanislas, animée par des sculptures d’inspiration rocaille, est scandé par les superbes ferronneries dues à Jean Lamour. Dans les deux angles, faisant face à l’hôtel de ville, se trouvent les fontaines de Neptune et Amphitrite du sculpteur Barthélémy Guibal. L’œuvre de Héré est un exemple exceptionnel de l’élégance et du raffinement d’une architecture où se croisent les influences du classicisme français et du baroque d’outre-Rhin. L’ensemble est classé au patrimoine mondial par l’U.N.E.S.C.O.

Anobli par Stanislas en 1751, Emmanuel Héré meurt ruiné en 1763 à la suite d’investissements malheureux dans une fabrique d’amidon. Il a résumé les principaux monuments de sa carrière dans les Plans et élévations de la place Royale de Nancy…, ouvrage publié à Paris en 1753, et dans le Recueil de plans, élévations et coupes des châteaux, jardins et dépendances que le roi de Pologne occupe en Lorraine (en 1756).

Blandine Chavanne
conservateur du patrimoine
directeur du musée des Beaux-Arts de Nancy

Source: Commemorations Collection 2005

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