Page d'histoire : Nicolas-Sébastien Adam dit Adam le Jeune Nancy, 23 mars 1705 - Paris, 27 mars 1778

Prométhée attaché sur le mont Caucase, un aigle lui dévore le foie, dit aussi, Prométhée enchaîné
morceau de réception à l’Académie royale de peinture
et de sculpture de Nicolas-Sébastien Adam - 1762
Paris, musée du Louvre
© RMN

Nicolas-Sébastien Adam fait partie d’une famille de sculpteurs d’origine lorraine qui comprend, entre autres, le père, Jacob-Sigisbert, les frères, Lambert-Sigisbert (1700-1759) et François-Gaspard (1710-1761), le neveu, Claude-Michel, dit Clodion. Après son apprentissage dans l’atelier paternel, Nicolas suivit son frère aîné Lambert-Sigisbert à Paris, puis à Rome où ce dernier était pensionnaire à l’Académie royale. De retour en France, il fut associé à son frère dans la grande entreprise du bassin de Neptune dans le parc de Versailles et au décor de l’hôtel de Soubise pour le compte des Rohan, exécutant pour le salon de la princesse des bas-reliefs évoquant les amours de dieux : Vénus et Mars, Diane et Endymion, Bacchus et Ariane. Son talent reconnu lui valut des commandes royales : bas-relief du martyre de sainte Victoire à la chapelle du château de Versailles ; à l’abbaye royale de Saint-Denis, un bas-relief montrant saint Maur implorant le secours du Seigneur pour la guérison d’un enfant ; pour le parc du château de Choisy, un vase en marbre évoquant l’automne.Le château de Versailles conserve la statue en marbre d’Iris qui attache ses ailes, terminée après sa mort par son neveu Clodion. Les pères de l’Oratoire à Paris lui confièrent le décor du portail de leur église.

Ses origines lorraines lui valurent la commande par le roi Stanislas du monument funéraire de son épouse Catherine Opalinska, en l’église Notre-Dame de Bonsecours aux portes de Nancy, qui est sans doute son chef-d’œuvre. Il travailla beaucoup pour les particuliers à Paris : dans la maison de M. de la Boexière, des bas-reliefs de pierre, aujourd’hui au musée Carnavalet : Apollon et Daphné, Latone et les paysans, Apollon et la Sibylle, Apollon et Coronis ; à l’hôtel de Choiseul, un groupe de pierre, Angélique et Médor, et deux statues, Apollon et Diane, aujourd’hui au musée d’Amiens. Il ne présenta qu’en 1762 son morceau de réception à l’Académie, un Prométhée, étonnant de véhémence pathétique, un des plus beaux morceaux du XVIIIe siècle. Il exposa aux Salons plusieurs projets dont il ne reste rien. De son mariage en 1757 avec la fille d’un orfèvre de Nancy, Christine Lenoir, il eut un fils peintre, Jean-Charles-Nicolas, et un autre sculpteur, Gaspard-Louis. Il mourut aveugle à Paris. Son art, souple et brillant, en fait un des meilleurs représentants de la sculpture rocaille française. Son influence sur son neveu Clodion est indéniable.

François Souchal
professeur honoraire des universités
ancien rédacteur en chef de la Gazette des Beaux-Arts

Source: Commemorations Collection 2005

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