Page d'histoire : Jean-Baptiste Oudry Paris, 17 mars 1686 - Beauvais, 10 avril 1755

Butor et perdrix gardés par un chien blanc
huile sur toile de Jean-Baptiste Oudry - 1747
Paris, musée du Louvre
© RMN / Gérard Blot

Jean-Baptiste Oudry est né à Paris, le 17 mars 1686, non loin de l’Hôtel de ville. Son père, Jacques Oudry, était un artiste obscur, plus marchand de tableaux que peintre. Le garçon passa son enfance dans le quartier des brocanteurs que constituaient alors les abords du pont Notre-Dame et du quai de la Mégisserie. Un apprentissage de quelques années auprès de Largillierre lui ouvrit de plus ambitieuses perspectives en matière d’art. En 1719, il entra à l’Académie royale de peinture et de sculpture, où il devint professeur en 1743. Peu intéressé par l’enseignement, il se signalait en revanche dans les Salons du Louvre par le grand nombre de peintures qu’il exposait.

Oudry fut en effet un artiste particulièrement fécond, comme son ami Boucher, et l’on estime à plus de mille le nombre des tableaux qu’il a produits. Sa carrière, il est vrai, fut longue : il mourut le 10 avril 1755, d’une crise d’apoplexie. Il fut enterré à Beauvais, où il avait dirigé pendant vingt ans la manufacture de tapisseries. C’était un choix heureux car Oudry, homme laborieux et intègre, avait par ailleurs le génie de la décoration. On le voit dès les années 1720, avec l’ensemble de panneaux à arabesques du château de Voré, entré au Louvre en 2003. À partir de 1733, la commande d’une tenture sur le thème des Chasses royales, destinée à être tissée aux Gobelins, donna à Oudry l’occasion de montrer sa maîtrise dans l’art de traiter à l’échelle monumentale les représentations d’animaux et de paysages qui, depuis la fin du Moyen Âge, n’avaient plus donné lieu qu’à des tableaux de format petit ou moyen, pour une clientèle privée.

On ne s’étonnera pas que Louis XV, dont la passion pour la chasse est bien connue, ait été grand amateur des peintures d’Oudry. C’est surtout au château de Fontainebleau que l’on peut voir les immenses toiles où l’artiste a représenté les moments de cette activité tenant à la fois du sport et de la cérémonie qu’était la chasse du roi. Les chiens jouent ici un rôle de protagonistes. Oudry excellait dans la peinture de ces animaux ; ses portraits de chiens, où le nom de ces bêtes distinguées figure à côté d’elles, ont une élégance et souvent une dignité qui en font de véritables portraits de cour. La passion cynégétique étant partagée par beaucoup de princes en Europe, Oudry reçut des commandes à l’étranger. C’est ainsi qu’un ensemble exceptionnel de ses œuvres se trouve aujourd’hui en Allemagne, au musée de Schwerin.

Georges Brunel
conservateur général du patrimoine
conservateur du musée Cognacq-Jay

Source: Commemorations Collection 2005

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