Page d'histoire : François Joseph Bélanger Paris, 12 avril 1744 – Paris, 1er mai 1818

Porte du jardin Beaumarchais sur le boulevard Saint-Antoine, aquarelle de François Joseph Bélanger, dernier quart du xviiie siècle, Paris, Bibliothèque nationale de France.

Élève de l’abbé Nollet, de David Leroy et de Contant à l’Académie, Bélanger ne connut l’Italie que par ses collaborateurs, tel le sculpteur Lhuillier, disciple de Piranèse. Mais ses voyages en Angleterre le firent travailler pour Lord Shelburne (Bowood et Londres). Il en rapporta des croquis : architecture néopalladienne, jardins pittoresques avec rivières, fabriques exotiques ou néogothiques, qui inspirèrent souvent ses constructions et ses jardins, réalisés par le jardinier écossais Blaikie, que lui présenta Lauraguais (1776).

En 1767, il entra aux Menus Plaisirs (coffret à bijoux de la dauphine) et étudia la taille des pierres précieuses qui inspira ses décors faits de stucs, camées, arabesques (peints par Dusseaux et sculptés par Bocciardi), bas-reliefs antiques de Dugourc et bronzes ou mobilier exécutés par Gouthière, Rémond, Jacob.

Sa clientèle vint de sa liaison avec Sophie Arnould : le comte de Lauraguais (casin de Brancas, écuries de Montcanis), les princes de Ligne (château de Belœil avec jardin anglais) et d’Hénin, qui le proposa au comte d’Artois comme premier architecte pour remplacer Boullée : château de Bagatelle, réalisé en soixante-quatre jours (1777), écuries à Paris, reconstruction du château Neuf de Saint- Germain, restauration de celui de Maisons...

L’élégance, la « commodité » de Bagatelle attirèrent les clients : Baudart de Saint-James, trésorier de la Marine (Neuilly), la marquise de Coislin (Brimborion), la duchesse de Mazarin, le banquier Laborde (dessin du parc de Méréville), Mlle Dervieux (rue Chantereine, avec jardin anglais), le financier Weymerange (Paris et Le Thillay), le fermier général Augeard (Buzancy)... En matière d’urbanisme, il imagina pour Artois la création d’un quartier américain à la pépinière du Roule et conçut des théâtres (rue Boucherat, au Carrousel), la réunion du Louvre aux Tuileries, la décoration du Pont-Neuf avec arc de triomphe et statue de Louis XVI.

Novateur, il usa de fermes en fer pour les voûtes et les terrasses de maisons rue Saint-Georges, créa pour les frères Périer les bâtiments des pompes à feu de Chaillot, du Gros-Caillou et de Bagatelle, proposa de relier l’Arsenal et le Jardin du roi par un pont de bois fait de « nouveaux assemblages ». Sous la Révolution, architecte du Conservatoire et de la Bibliothèque nationale, il en réalisa la protection contre l’incendie, puis édifia la coupole métallique couverte de cuivre de la Halle au blé et les abattoirs de Rochechouart (1810). Revenu aux Menus Plaisirs à la Restauration, il organisa la translation à Saint-Denis des restes de Louis XVI et de Marie-Antoinette.

Dès 1802, Krafft publia ses élégants décors (Plans, coupes, élévations des plus belles maisons et des hôtels construits à Paris et dans les environs ). Et ses élèves Lecointe et Hittorff, marqués par son style et son goût de la couleur, succédèrent, comme architectes officiels, à Percier et Fontaine, élèves de Boullée.

Martine Constans
conservateur en chef du patrimoine

Source: Commemorations Collection 2018

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