Page d'histoire : Bernard de Montfaucon Château de Soulatgé (Aude), 16 janvier 1655 - Paris, 21 décembre 1741

Dom Bernard de Montfaucon, de la congrégation de Saint-Maur
gravure de Benoît Audran le jeune, XVIIIe siècle
château de Versailles et de Trianon
Genève, bibliothèque publique et universitaire, musée historique de la Réformation
© RMN/Francis Raux

Bernard de Montfaucon, fils cadet d’une famille de petite noblesse languedocienne, est né dans le château de Soulatgé. Après un court passage dans la carrière des armes, il opta pour la vie monastique. Il fit profession, le 16 mai 1676, dans le monastère de Notre-Dame de la Daurade à Toulouse, qui appartenait à la congrégation bénédictine réformée de Saint-Maur. Après dix ans passés dans des monastères du sud de la France, où il compléta sa formation intellectuelle et acquit une parfaite connaissance de la langue grecque, il fut appelé dans l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés à Paris pour y travailler à l’édition des Pères de l’Église de langue grecque. Avec l’aide de quelques confrères, il édita les œuvres de saint Athanase (1698), d’Origène (1713) et surtout de saint Jean Chrysostome parues en 13 volumes in folio de 1718 à 1738. Pour ce faire, il entretint une vaste correspondance avec de nombreux érudits français et étrangers et il accomplit, de 1698 à 1701, un voyage d’études en Italie, où il fréquenta les principales bibliothèques conservant des manuscrits grecs. De leur observation minutieuse, il tira des critères pour la datation des écritures grecques manuscrites qu’il mit en forme dans la Palaeographia graeca (1708). C’est lui le créateur du mot paléographie utilisé depuis lors pour désigner la discipline consacrée à l’étude des anciennes écritures.

Montfaucon portait un très grand intérêt aux documents figurés susceptibles de renseigner sur les siècles passés : sculptures, peintures, monnaies, objets de la vie courante, etc… Il rassembla, classa et publia des reproductions de tous ceux qui étaient connus à son époque dans deux ouvrages, L’Antiquité expliquée et représentée en figures, 15 volumes in folio (1719-1724) et Les monuments de la monarchie française, 5 volumes in folio (1729-1734), qui rencontrèrent un immense succès attesté par plusieurs rééditions et des traductions en anglais, allemand et latin.

Enfin, dans le souci de rendre service aux chercheurs, il publia les nombreux catalogues de manuscrits de bibliothèques françaises et étrangères qu’il avait réunis tout au long de son existence, dans la Bibliotheca bibliothecarum manuscriptorum nova (1739).

Ce fut son dernier grand ouvrage. Il mourut dans l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés où il fut enterré dans la grande chapelle de la Vierge. Ses restes, transférés pendant la Révolution dans le jardin du Musée des monuments français, furent rapportés, en 1819, dans une chapelle du pourtour du chœur de l’église de Saint-Germain-des-Prés. Ils voisinent avec ceux de Mabillon et de Descartes.

Pierre Gasnault
directeur honoraire de la Bibliothèque Mazarine

Source: Commemorations Collection 2005

Liens